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[[Berkas:Irgoun logo2.jpg|thumbjmpl|Un logo de l’''Irgoun'' : un fusil brandi devant une carte des territoires revendiqués par l’organisation : les actuels [[Israël]], territoires palestiniens, ainsi que la [[Jordanie]].]]
 
'''''Irgun''''' ({{lang-he|ארגון}}, « organisation »), nama lengkapnya adalah '''''Irgoun Zvaï ('''ou''' Tzvaï) Leoumi''''' ({{lang-he|ארגון צבאי לאומי}}, « Organisation militaire nationale »), yang kemudian lebih sering disingkat sebagai I.Z.L., yang secara akronim leksikallu menjadi ''Etzel'' ({{lang-he|אצ״ל}}), adalah sebuah organisasi militer [[zionisme]] di [[Palestina]], yang didirikan sejak tahun [[1931]] dan terpisah dari ''[[Haganah]]'', dan sejak tahun [[1943]] dipimpin oleh [[Menahem Begin]].
 
[[Kategori:Israel]]
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Idéologiquement, elle s’affirme comme proche du parti de la droite nationaliste, le [[sionisme révisionniste|parti révisionniste]], surtout à partir de [[1937]], et a pour objectif la construction d’un [[État juif]] sur les deux rives du fleuve [[Jourdain]] (en y incluant l’actuelle [[Jordanie]]).
 
Après la proclamation de l’État d’[[Israël]] en [[1948]], la plupart des éléments de l’IZL furent intégrés dans [[Forces de défense d'Israël|l’armée régulière]].
 
Les anciens membres de l’''Irgoun'' ont majoritairement créé fin 1948 le parti ''[[Herout]]'' (« Liberté »), qui est la matrice de l’actuel ''[[Likoud]]'', parti de la droite israélienne.
 
== La création de la ''Haganah'' (1920) ==
{{article détaillé|Émeutes de Jérusalem de 1920|Haganah}}
[[Fichier:1920 demontration Palestine.jpg|left|thumb|Manifestation antisioniste à la Porte de Damas, à [[Jérusalem]], le {{date|8|mars|1920}}.]]
 
La ''[[Haganah]]'' est un groupe d’autodéfense juive crée en 1920 à Jérusalem par des militants [[sionisme|sionistes]], suite aux émeutes anti-juives et anti-sionistes menées par les nationalistes arabes.
 
[[Vladimir Jabotinsky]], sioniste de droite et futur inspirateur de l’''Irgoun'', y a joué un certain rôle en organisant des groupes d’auto-défense à Jérusalem<ref>Neil Caplan, {{lang|en|''Palestine Jewry and the Arab Question''}}, 1917-1925, Routledge, 1978, pages 57-67.</ref>{{,}}<ref>[[Yaakov Goldstein]], {{lang|en|''From Fighter To Soldiers. How the Israeli Defense Forces Began''}}, {{lang|en|Sussex Academic Press}}, 1998, {{ISBN|9781902210018}} {{p.}}125 consultable sur [http://books.google.fr/books?id=9FjbCXPixYIC&pg=PA129&dq=1920+riots+Jerusalem&lr=&sig=larsKPXOLX1tSX_VEkWOvOV7hUU#PPA125,M1 google.books].</ref>, mais ce sont les partis de gauche, en particulier le ''[[Hapoel Hatzaïr]]'' et le ''[[Achdut Ha’avoda]]'', qui prennent la jeune organisation en main. En {{date||décembre|1920}}, elle est placée sous contrôle de la ''[[Histadrout]]'', le syndicat de la gauche sioniste<ref>[[Daniel Levine]], Chap.2 - {{lang|en|''The Rise of the Self-Defense Movement (1917-1929)''}}, 1991, {{p.}}27-29.</ref>. L’organisation s’étend rapidement à l’ensemble du ''[[Yichouv]]'' (communauté juive en [[Palestine mandataire]]), surtout après les nouvelles émeutes de 1921.
 
Assez vite, des militants de toutes origines, mais surtout de gauche, intègrent l’organisation. La ''Haganah'' et la ''Histadrout'' sont ainsi des organisations « unitaires », qui regroupent les différents partis de gauche (en particulier le ''[[Hapoel Hatzaïr]]'' et le ''[[Achdut Ha’avoda]]'').
 
Les Britanniques n’officialisent pas l’organisation, mais la tolèrent plus ou moins.
 
La ''Haganah'' organise des gardes et des patrouilles autour des implantations juives, mais de 1921 à 1929, la situation sécuritaire est assez calme, et la ''Haganah'' peu active.
 
== La scission de la ''Haganah'' (1931) ==
[[Fichier:House destruction, Hebron 1929.jpg|thumb|Destructions après les émeutes d’[[Hébron]].]]
{{article détaillé|Massacre d'Hébron (1929)}}
 
Entre 1929 et 1931, se produit une série d’émeutes nationalistes arabes anti-juives, qui font des dizaines de morts. Ces émeutes ont deux conséquences : la volonté de faire de la ''Haganah'' l’organisation commune du ''[[Yichouv]]'', mais aussi sa scission.
 
=== L'unité ===
Les émeutes font d’abord ressortir le besoin pour le ''[[Yichouv]]'' d’avoir une organisation de défense commune, qui ne soit pas seulement l'émanation des partis de gauche. La ''[[Haganah]]'' ne peut donc plus être seulement l’émanation de la ''[[Histadrout]]''.
 
Après deux années de négociations entre partis, la direction de la ''[[Haganah]]'' passe en 1931 de la ''[[Histadrout]]'' à l’''[[Agence juive]]'' (exécutif sioniste en Palestine). L’[[Agence juive]] est en effet une organisation officiellement non-partisane, regroupant gauche et droite. Mais comme elle est dominée par la gauche, la droite a exigé un droit de regard. Un comité paritaire est donc créé. C’est l’organe de supervision politique de la ''Haganah'', constitué à parts égales de six membres politiques : trois représentant la « gauche » (dont [[Eliayhou Golomb]] et [[Dov Hoz]]) et trois représentant la « droite » (dont [[Saadya Shoshani]] et [[Yissaschar Sidkov]]).
 
Mais ce changement et ce paritarisme sont plus symboliques que pratiques : les mêmes hommes, plutôt à gauche, restent aux commandes. <br />
La direction de la gauche socialiste, qui tenait la ''Histadrout'', a en effet fusionné au sein du ''[[Mapaï]]'', en 1930. Le ''Mapaï'' a alors pris la direction de l’Agence juive et de l’[[Organisation sioniste mondiale]], en alliance avec les centristes libéraux ([[sionistes généraux]]). [[David Ben Gourion]] a dirigé la ''Histadrout'' de 1921 à 1935 (et donc la ''[[Haganah]]'' jusqu’en 1931). C’est lui qui prend la direction de l’Agence juive de 1935 à 1948 (et donc de nouveau de la ''Haganah'').
 
=== La scission ===
[[Fichier:Tehomi.jpg|thumb|[[Avraham Tehomi]], créateur et dirigeant de l’''Irgoun'', de 1931 à 1937.]]
 
Les émeutes arabes de 1929 provoquent des divergences au sein de la ''[[Haganah]]''. Yosef Hecht, chef de la ''Haganah'', est limogé par [[David Ben Gourion]], responsable de la ''[[Histadrout]]'', l’autorité de tutelle de la ''Haganah'', et ce malgré le soutien de ses officiers, parmi lesquels [[Avraham Tehomi]]<ref name="schatner-p-151-153">''Marius Schatner, ''Histoire de la droite israélienne'', 1991, éditions complexe, page 151 à 153.</ref>, à l’époque commandant adjoint du district de [[Jérusalem]].
 
Après les émeutes, toujours en 1929, Tehomi est nommé commandant de la zone de Jérusalem, mais la tension augmente entre bon nombre d’officiers dirigeants et les politiques de la ''[[Histadrout]]''<ref name="schatner-p-151-153" />. Beaucoup considèrent en effet qu’ils sont « bridés » par les consignes politiques restrictives.
 
La ''Haganah'' avait en effet développé, largement à la demande de la ''[[Histadrout]]'', une doctrine d’utilisation de la force armée, baptisée la ''Havlagah'' (« retenue »)<ref name="havlagah">Sur la présentation qu’en fait un ancien responsable de l’''Irgoun'', Yehouda Lapidot, voir [http://www.etzel.org.il/english/index.html {{en}}{{lang|en|''Restrain and Retaliation''}} (« retenue et représailles »).]</ref> :
* pour la défense, lors d’une attaque arabe ;
* pour des représailles, mais ciblées sur d’anciens attaquants identifiés.
 
Bien souvent, les attaquants ne pouvaient être identifiés, et un courant est apparu au sein de l’organisation, prônant des représailles contre les populations « soutenant » les attaquants, c’est-à-dire potentiellement contre tout civil arabe palestinien. « Contrairement à l’esprit pacifiste qui - ostensiblement - prévalait au sein de la communauté juive en Palestine et influençait le climat de la ''Haganah'' à l’époque, ce groupe était imprégné d’un fort esprit "militariste"<ref>''Toldot Hahaganah'', (Histoire de la ''Haganah''), volume 2, {{p.}}426.</ref> ».
 
En plus des divergences tactiques, l'élément responsable de la scission fut la suspension de [[Avraham Tehomi|Tehomi]] après des attaques de celui-ci en {{date||octobre|1930}} contre les « [[Jésuite]]s socialistes anglais, qui manifestent la plus vive sympathie pour les "malheurs" des Arabes, mais ferment les yeux devant les saloperies dont ils se rendent coupables aux Indes, en Égypte et en d’autres pays ». Ces mots sont interprétés comme une attaque en règle contre le socialisme en général et le mouvement ouvrier juif en particulier<ref>Marius Schatner, ''Histoire de la droite israélienne'', Éditions Complexe, 1991, {{p.}}153.</ref>, lequel dirige à l’époque la ''[[Haganah]]'' à travers la ''[[Histadrout]]''.
 
« [[Avraham Tehomi|Tehomi]] fut suspendu. En {{date||avril|1931}} [l’année du passage de la ''Haganah'' sous le contrôle de l’[[Agence juive]]], après de longues tractations, Tehomi et dix-neuf officiers qui s’étaient solidarisés avec lui, remirent leur démission. Autour de ce noyau, Tehomi fonda quelques semaines plus tard<ref name="schatner-p-151-153" /> » une nouvelle organisation.
 
Celle-ci prit le nom de ''Haganah Beth'' ({{nobr|''Haganah'' « B »}}), avant de se renommer « ''Haganah Le'umit'' » (« ''Haganah'' nationale »). Rapidement, un autre nom commença à être utilisé : ''Irgoun Zvaï Leoumi'' (« Organisation militaire nationale »), parfois ''Irgoun Beth'' (« organisation B »). ''Irgoun Zvaï Leoumi'' est exclusivement utilisé à partir de 1936-1937.
 
En pratique, le refus de la ''Havlagah'' n’a guère de conséquences, les attaques arabes s’étant arrêtées avant la scission. Mais la ''Haganah'' n’est désormais plus seule en lice dans le camp sioniste.
 
La « ''Haganah'' nationale » n’est pas tout à fait une organisation de droite, mais les sympathisants du [[Parti révisionniste]] (le parti de la droite sioniste) y sont nombreux. [[Vladimir Jabotinsky]], leur chef, entre d’ailleurs au « Comité de tutelle » (un comité de supervision politique) de la nouvelle organisation en [[1933]], au côté du ''[[Mizrahi]]'' (sionistes religieux), des [[sionistes généraux]] (centristes) et du petit « Parti de l’État juif ». À cette date, Jabotinsky est encore très réticent, et a beaucoup hésité à soutenir la « ''Haganah'' nationale », préférant voir les Britanniques soutenir l’intégration de forces juives au sein de l’armée britannique pour en faire un rempart contre les Arabes.
 
La ''Haganah'', dirigée et dominée par la gauche, n’est cependant pas une organisation recrutant seulement à gauche car des militants de droite et surtout du centre ([[sionistes généraux]]) y sont restés.
 
La nouvelle organisation est au départ peu importante, très concentrée à Jérusalem, l’ancienne zone contrôlée par Tehomi. « Les personnalités dominantes du groupe ont été David Raziel, [[Avraham Stern]], Hillel Kook et Hayim Shalom Halevi. Au fil des ans, les rangs de l’''Irgoun'' se sont accrus avec l’arrivée de nouvelles jeunes recrues, en particulier du mouvement de jeunesse ''[[Betar]]'', mais aussi du [[Maccabi]], une organisation sportive non partisane. De nouvelles branches ont été mises en place dans tout le pays ([[Tel-Aviv]], [[Haïfa]] et [[Safed]]), et l’''Irgoun'' est devenu un mouvement national<ref>Yehuda Lapidot, ancien responsable de l’''Irgoun'', [http://www.etzel.org.il/english/index.html {{en}}{{lang|en|''The establishment of the Irgun''}}].</ref> ».
 
== La Grande Révolte arabe (1935-1939) ==
{{article détaillé|Grande Révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire}}
[[Fichier:Havlagah bus during 1936-1939 Arab revolt-British Mandate of Palestine.jpg|thumb|left|Bus juif protégé avec des grilles contre les jets de pierres ou de grenades.]]
[[Fichier:Ordecharleswingate.jpg|thumb|[[Orde Charles Wingate]].]]
[[Fichier:Ghaffir.jpeg|thumb|Deux ''Ghaffir'' (Police auxiliaire juive), membres du ''Notrim''.]]
 
La ''Haganah'' nationale, ou ''Irgoun'' a une faible activité de 1931 à 1935, du fait de l’absence de conflit ouvert avec la population et les militants nationalistes arabes palestiniens. En 1933, elle est estimée à « {{nombre|300|hommes}}, pour la plupart des jeunes sans expérience militaire, souvent obligés de s’entraîner avec des armes en bois<ref>''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}153.</ref> ». Par ailleurs, « la ''Histadrout'' a boycotté les membres de l’''Irgoun'', qui étaient [souvent] employés dans la construction ou l’établissement de routes, et les a empêché de trouver un emploi<ref name="establishment">[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/History/irgun1.html Yehuda Lapidot, ancien dirigeant de l’''Irgoun'', dans {{lang|en|''The Establishment of the Irgun''}}, sur le site ''jewish virtual library.org''.]</ref> ».
 
Mais de la fin 1935 à 1939, les Arabes palestiniens se révoltent contre la puissance mandataire britannique et l’implantation sioniste (la population juive est passée de {{nombre|80000}} en 1918 à {{nombre|175000}} en 1931 et {{nombre|400000}} en 1936). Plusieurs centaines de Juifs sont tués au cours de la période.
 
Ce soulèvement a trois conséquences majeures pour les organisations armées :
 
'''le renforcement militaire de la ''Haganah''''' : celle-ci se montre assez efficace pour bloquer les attaques arabes, sécuriser les points isolés, et lancer des raids de représailles contre les militants nationalistes arabes. Elle attire de nouveaux adhérents et compte bientôt des dizaines de milliers de membres (dont seulement une minorité sont des combattants ''stricto sensu''). Elle coopère également de façon quasi ouverte avec les Britanniques qui s’appuient largement sur elle et sur ses réseaux de renseignements dans la répression du nationalisme arabe palestinien. Les Britanniques arment et entraînent également plusieurs unités composées de Juifs comme le ''[[Notrim]]'' (« les gardes »), une police auxiliaire juive qui comprend environ {{nombre|3000|hommes}}, ou les {{lang|en|''Special Night Squads''}} (« escadrons de nuits spéciaux ») dirigés par le major britannique [[Orde Charles Wingate]], un sympathisant sioniste ;
 
'''la scission de la ''Haganah'' nationale''' : devant la montée en puissance de la ''[[Haganah]]'', même « limitée » par la ''Havlagah'', une partie de la ''Haganah'' nationale décide de rallier la ''Haganah'' pour offrir un front commun aux attaques arabes. À partir de 1936, [[Avraham Tehomi]] engage des négociations en ce sens. Il est convoqué à [[Paris]] par [[Vladimir Jabotinsky]], qui exige de lui un ralliement officiel au révisionnisme (ce que l’''Irgoun'' n’avait jamais fait) et à son autorité politique. Tehomi déclare accepter, mais passe finalement à la ''Haganah'' en {{date||avril|1937}} avec 40 % de ses troupes ({{nombre|1300|hommes}}). Le « Comité de tutelle » politique éclate. Les partis autres que le Parti révisionniste le quittent. La ''Haganah'' est renforcée, tant politiquement qu’en nombre de combattants ;
 
'''la radicalisation de l’''Irgoun''''' : après la scission de 1937, la ''Haganah'' nationale n’utilise plus que le nom d’''Irgoun Zvaï Leumi'' (IZL). Ayant rompu avec les [[sionistes généraux]] et les sionistes religieux, l’organisation devient alors clairement l’aile militaire du mouvement révisionniste, mais avec une puissance bien moindre que celle de la ''Haganah''.
Malgré ce rattachement idéologique clair, l’influence de Jabotinsky au sein de l’organisation est plus théorique que réelle (il n’a plus le droit de pénétrer en Palestine depuis 1929).
 
=== Objectifs politiques ===
{{Article détaillé|Sionisme révisionniste}}
[[Fichier:Irgoun logo.jpg|thumb|left|Un logo de l'''Irgoun'' avec le territoire revendiqué - détail d'une plaque commémorative.]]
La ''Haganah beth'' créée en 1931 était essentiellement une organisation militante, avec des objectifs opérationnels immédiats, mais sans idéologie ni buts politiques très structurés. Après le départ de Téhomi et de ses partisans, l’''Irgoun'' s’aligne très rapidement et définitivement sur les objectifs politiques du [[sionisme révisionniste]] : construction d’un État juif en ''[[Eretz Israel]]'' (la « terre d’Israël »), libéralisme politique et économique, et enfin immigration juive maximale.
 
[[Fichier:Sanremo1920.png|thumb|La Palestine mandataire officieuse, de 1920 ([[Conférence de San Remo (1920)|conférence San Remo]]) à 1922.]]
[[Fichier:Palestine et Transjordanie (1922 - 1948).PNG|thumb|La [[Palestine mandataire]] après ratification du [[Palestine mandataire|Mandat britannique]] par la Société des Nations, avec à l'ouest du Jourdain la [[Palestine]], ouverte à l'immigration juive et à l'est la [[Transjordanie]].]]
En matière de construction de l’État juif, les différences d’avec la gauche sont faibles, et se résument essentiellement à l’affirmation ouverte ou non de l’objectif final. L’[[Organisation sioniste mondiale]], dominée par la gauche en alliance avec les [[Sionisme général|centristes]], a préféré ménager les Britanniques, et rester à ce titre officiellement centrée sur l’objectif d’un « Foyer national juif » ne tranchant pas la question de l’indépendance ou de l’autonomie sous mandat britannique. L’indépendance ne sera revendiquée officiellement qu’en 1942, à la conférence de Biltmore. La droite révisionniste et l’''Irgoun'', au contraire, préfère insister immédiatement sur l’indépendance, et donc réclamer à terme (mais pas forcément immédiatement, selon l’approche prudente de Jabotinsky) l’indépendance. Au final, au-delà des différences de présentation, l’objectif est le même que celui des autres organisations sionistes. Après la conférence de Biltmore de {{date||mai|1942}}, ces différences disparaissent, les uns comme les autres réclamant une indépendance à brève échéance.
 
Concernant la question territoriale, les principes sont également assez similaires, mais les divergences pratiques sont plus importantes. La gauche comme la droite réclament un État juif sur l’ensemble d’''[[Eretz Israël]]''. Cependant, dans la tradition juive, les frontières de la « terre d’Israël » ne sont pas clairement définies, en particulier à l’est. En 1920, les Britanniques créent une entité administrative nommée « Palestine », qui englobe la future [[Palestine mandataire]] ainsi que l’actuelle [[Jordanie]]. Ce territoire est alors accepté par la gauche et la droite comme incarnant la « terre d’Israël ». Dès 1922, les Britanniques en détachent l’émirat de [[Transjordanie]] (actuelle Jordanie), soulevant les protestations de la droite et de la gauche sioniste. Cette dernière se résout cependant au partage, quand la droite sioniste continue à le refuser. Elle revendiquera encore officiellement la [[Jordanie]] bien après la création de l’État d’Israël. Un des logos de l’''Irgoun'' représente donc une carte de la Palestine de 1920 ([[Transjordanie]] incluse) barrée d’un poing brandissant un fusil. Un des logos du ''[[Betar]]'', le mouvement des jeunes révisionnistes reprend également la carte de la Palestine de 1920. La gauche, de son côté, admet dès les [[années 1920]] la création de la Transjordanie, voire un nouveau partage de la Palestine de 1922, hypothèse évoquée dès 1937 par la [[commission Peel]]. L’accord théorique entre droite et gauche sur les frontières d’''Eretz Israel'' se double donc d’une nette divergence sur les compromis acceptables en la matière.
 
Les différences sont également faibles en matière de projet politique. L’''Irgoun'' se veut fidèle à l’idéologie libérale de Jabotinsky : en faveur de la démocratie et du libéralisme économique. Sur le premier plan, il n’y a pas de différence notable avec la gauche, bien que les deux parties s’accusent régulièrement d’être anti-démocratiques : la « dictature » de David Ben-Gourion est ainsi dénoncée, et celui-ci accuse les révisionnistes de sympathies fascistes, qualifiant même [[Vladimir Jabotinsky]] de « Vladimir Hitler<ref>EUGÉNIE BARON, « [http://fr.jpost.com/servlet/Satellite?pagename=JFrench/JPArticle/ShowFull&cid=1222017414147 Zeev Jabotinsky, le déchaîneur de passions] », 28 septembre 2008, édition française du {{lang|en|[[Jerusalem Post]]}}.</ref> ». Au-delà de ces violentes accusations, qui expriment de fortes tensions entre organisations, il n’existe pas de domination d’un courant fondamentalement hostile au pluralisme politique dans l’un ou l’autre camp. La gauche socialiste est globalement assez hostile au modèle soviétique, et Jabotinsky, qui a des relations assez cordiales avec des régimes dictatoriaux voire antisémites, comme les régimes polonais<ref name="plan_evacuation" /> ou italien<ref name="histoire_p_132-134">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, pages 132-134.</ref> (dans la seconde moitié des années trente), a toujours pris soin de rejeter les tentations fascistes qui existent au sein du mouvement révisionniste<ref name="histoire_p_132-134" />. Cette aile fascisante s’est d’abord incarnée dans le groupe des ''Birionim'' du début des années 1930, et après la disparition de ceux-ci en 1933, elle a continué a exister à travers certains militants, comme [[Avraham Stern]], cadre de l’''Irgoun'' de la seconde moitié des années trente, et sympathisant des régimes autoritaires européens.
 
Au plan économique, les révisionnistes et l’''Irgoun'' sont des libéraux, très hostiles au socialisme prôné par la gauche, même si celle-ci, avec le temps, est plus devenue un soutien à une économie mixte mélangeant secteur coopératif, secteur d’État et secteur privé qu’un soutien à une véritable économie collectiviste.
 
[[Fichier:Parita22839.jpg|thumb|Le Parita, un bateau d’immigrants illégaux affrété par le ''[[Betar]]'' en 1939.<ref>Sur le Parita, voir [[Dalia Ofer]], {{lang|en|''Escaping the Holocaust''}}, {{lang|en|Oxford University Press}}, 1{{er}} mars 1991, page 80.</ref>]]
Le point de vue et les pratiques de la gauche et de la droite sont assez proches en matière d’immigration. Devant l’insuffisance des permis d’immigrant accordés par la puissance mandataire par rapport aux demandes de [[Juifs]] désireux de quitter l’[[Europe]], les organisations sionistes de toutes obédiences organisent à partir des [[années 1930]] et jusqu’à la création d’Israël en 1948 l’immigration juive clandestine. Bien que l’''Irgoun'' ait des moyens sensiblement plus restreints que ceux de la ''[[Haganah]]'' et de sa branche dédiée, le ''Mossad Le'aliyah Bet'' (« institution pour l’immigration B »), l’organisation tente, seule ou avec des organisations politiquement proches (''[[Betar]]'', parti révisionniste), d’aider à l’entrée en Palestine d’immigrants clandestins. C’est en particulier le rôle d’Eliyahu Lankin, en charge de l’immigration illégale à la fin des années 1930, à la fois pour le ''Betar'' ou pour l’IZL, une unité de commandement qui montre l’interpénétration des organisations révisionnistes en la matière<ref name="lankin" />.
 
Au final, les principes politiques de l’''Irgoun'' sont fidèles à l’idéologie nationaliste et libérale de Jabotinsky. Les différences d’avec la gauche portent en partie sur les principes (essentiellement la défense de l’économie libérale), mais surtout sur les méthodes : contre les compromis territoriaux qu’envisage, souvent à regret, la gauche, et pour une utilisation plus décidée de la violence armée, y compris contre les civils arabes. Ces différences sont compliquées par de vigoureuses oppositions de personnes et de conflits entre organisations.
 
=== Le plan d’évacuation (1936-1937) ===
[[Fichier:AvrahamStern2.jpg|thumb|left|Avraham Stern, envoyé spécial de l’''Irgoun'' auprès des autorités polonaises.]]
[[Fichier:Eliyahu Lankin.jpg|thumb|Eliyahu Lankin, officier de l’IZL, participant au stage de 1939 organisé par l’armée polonaise<ref name="lankin">[http://www.knesset.gov.il/mk/eng/mk_eng.asp?mk_individual_id_t=490 Voir sa biographie sur le site internet de la ''Knesset'' israélienne, où il est élu après l’indépendance.]</ref>.]]
En 1936, le gouvernement polonais lance une campagne anti-juive de grande envergure. Le parti au pouvoir (OZON) interdit l’adhésion des [[Juifs]] en 1937. Le gouvernement pousse à l’émigration juive, et indique même officiellement en 1938 qu’il souhaite « une réduction substantielle du nombre des [[Juifs]] en [[Pologne]]<ref>Programme politique de l’OZON, mai 1938, rapporté dans ''Histoire de la droite israélienne'', 1991, page 140.</ref> », par des départs en masse vers la [[Palestine]] ou l’[[Afrique]]. Il prend contact avec le gouvernement français pour explorer, sans succès, l’hypothèse d’un accueil des Juifs polonais à [[Madagascar]]<ref>Sur les politiques du gouvernement polonais, voir ''Juifs En Pologne - La Question Juive Pendant L’entre-Deux-Guerres'', de Pawel Korzec, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1980.</ref>.
 
Jabotinsky décide alors d’engager le [[Sionisme révisionniste|Parti révisionniste]] dans la direction d’un soutien au gouvernement polonais. Il essaye de convaincre celui-ci que c’est vers la [[Palestine]] que les Juifs doivent être dirigés<ref name="plan_evacuation">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, pages 141-147.</ref>. Le gouvernement le reçoit, et les deux parties s’affichent volontiers ensemble. L’objectif de Jabotinsky est de trouver un allié pour faire pression sur la [[Grande-Bretagne]], dans le but d’augmenter le nombre des visas d’immigration que la [[Palestine mandataire|puissance mandataire]] limite nettement depuis le début des années 1930 afin de calmer l’opposition arabe.
 
Mais au-delà du politique, la collaboration des révisionnistes avec la [[Pologne]] a également un volet militaire. Suite aux entretiens d’{{date||octobre|1937}} entre Jabotinsky et le chef des armées, le maréchal Rydz-Smigly et le ministre des affaires étrangères, le colonel Beck, un soutien concret est apporté à l’''Irgoun''. [[Avraham Stern]] est en charge du dossier du côté de l’IZL, en tant qu’envoyé spécial<ref name="Hdi180">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}180.</ref>. De l’argent est versé en 1939. Cinq milles fusils sont livrés la même année<ref>Seule une petite partie des fusils parvient en Palestine, du fait de l’invasion de la Pologne par l’Allemagne.</ref>. Au printemps 1939, l’armée polonaise donne à {{nombre|25|officiers}} de l’''Irgoun'' « un stage d’entraînement militaire et de sabotage »<ref name="Hdi180">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}180.</ref>.
 
Si le rapprochement avec le régime polonais a eu certains avantages pour l’''Irgoun'' (armes et entraînement), le coût politique est plus rude pour l’IZL et les révisionnistes, beaucoup de Juifs n’acceptant pas les bons rapports avec un régime qui ne cache pas son antisémitisme ([[boycott]] de magasins juifs, quota de Juifs dans les universités, voire violences physiques - {{nombre|79|morts}} entre 1935 et 1937<ref name="atlas">[[Martin Gilbert]], {{lang|en|''The Routledge Atlas of the Holocaust''}}, {{p.}}21. page disponible sur [http://print.google.ca/print?id=PnE6TXjt4hkC&pg=PA21&lpg=PA21&dq=przytyk&prev=http://books.google.ca/books%3Fq%3Dprzytyk&sig=jEQAOuMFlU-bpQ7HrOwt5L32ceA&pli=1&auth=DQAAAHMAAADoGHL8UPzl4BxqOnp0nqPBt7QdKqWbFVdbX1MB9JNkRwn8CDivtdqczFu_puyfeEypgRuETto4qwwZ5BQQfBMMkneN6PoEK1RDqV3a9MxAA2AaxszU7fKfbs3L7LNdRxcaxS_7tOnUnZoCAbWWgWvYDDXgdQWZjYy2IIXMLQjMxA Google book].</ref>).
 
=== L’''Irgoun'' et la question de la violence ===
[[Fichier:David raziel.jpg|thumb|[[David Ratziel]], chef de l’organisation de 1938 à 1941.]]
[[Fichier:Zeev Jabotinsky.jpg|thumb|Zeev [[Vladimir Jabotinsky]].]]
[[Fichier:Shlomo ben yosef.jpg|thumb|Shlomo Ben Yosef, pendu en 1938.]]
 
L’''Irgoun'' a commencé une campagne contre les civils arabes avant même le départ de Tehomi. Ainsi le {{Date|16|avril|1936}}, en réponse à l’assassinat de deux Juifs la veille, l’''Irgoun'' tue deux ouvriers agricoles dans une orangeraie<ref name="Hdi159">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}159.</ref>.
 
La généralisation des attaques contre les civils date cependant de 1937, après le départ vers la ''Haganah'' de Tehomi et de ses partisans. En [[1936]], Jabotinsky joue d’ailleurs encore un rôle modérateur, adjurant « ses partisans de faire preuve de retenue, aussi longtemps qu’il existera une chance de reconstituer une [[Légion juive]] avec le soutien de la [[Grande-Bretagne]]<ref name="Hdi162">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}162.</ref> ».
 
Mais après la scission, la modération est remise en cause. Jabotinsky écrit à la direction de l’IZL {{citation|si les troubles reprennent et s’accompagnent d’attaques contre des Juifs, ne vous retenez pas<ref>Directives à l’organisation, [[Johannesbourg]], 30 avril 1937, publié ''in extenso'' par Ben Yerouham, ''Sefer Betar'', [[Tel-Aviv]], 1975, {{p.}}647.</ref>}}. À Alexandrie, en {{date||juillet|1937}}, il indique cependant à ses troupes qu’il préfère éviter le terrorisme aveugle : « je ne vois nul héroïsme à tirer sur un ''fellah'' venu vendre ses légumes à [[Tel-Aviv]], ni le bénéfice politique que nous pourrions en tirer<ref name="Hdi169">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}169.</ref> ».
 
La question de l’usage de la violence contre les civils arabes pour répondre à la montée des attaques contre les civils juifs agite l’organisation tout [[1937]]. Robert Bitker (un ex-officier des armées blanches de la guerre civile russe) devient le nouveau responsable de l’''Irgoun'' d’après {{date||avril|1937}}, à laquelle sont restés fidèles {{nombre|1700|combattants}}. Peu apprécié de ses hommes, il est remplacé à l’automne 1937 par Moshe Rosenberg. Hostile au terrorisme, celui-ci est rapidement remplacé par [[David Ratziel]] en 1938. C’est ce dernier, pas encore responsable national, mais seulement commandant de la zone de Jérusalem, qui organise les premières représailles à grande échelle de l’IZL, lors du « dimanche noir<ref name="havlagah" /> », le {{Date|14|novembre|1937}}, où huit passants (six hommes et deux femmes) sont abattus<ref name="Hdi162">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}162.</ref>.
 
Preuve de l’influence lointaine de Jabotinsky, pourtant chef politique officieux de l’organisation, l’''Irgoun'' s’est lancé dans la violence contre les civils palestiniens sans son autorisation. Ces attaques valent à l’''Irgoun'' la réprobation des instances officielles du ''[[Yichouv]]'' et de la ''[[Haganah]]'', ainsi que la qualification d’organisation terroriste par les Britanniques. « Des dizaines de cadres du [[Sionisme révisionniste|parti révisionniste]] et du ''[[Betar]]'' sont placés en détention administrative. Des tribunaux militaires sont instaurés, la possession illégale d’armes devient passible de la peine de mort. […] L’Irgoun doit interrompre ses attaques fin 1937<ref name="Hdi171-172">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}171-172.</ref> ». La décision de Moshe Rosenberg est mal prise par beaucoup de membres de l’IZL<ref name="havlagah" />, et explique pour une bonne part son remplacement par [[David Ratziel]] en 1938.
 
Le {{Date|29|juin|1938}}, un militant de l’''Irgoun'', Shlomo Ben Yosef, arrêté après un attentat en [[1937]] est pendu par les Britanniques (il avait « tiré sur un autobus arabe lors de son passage. Aucun des passagers n’avait été blessé<ref>{{en}} [[Yehouda Lapidot]], [http://www.daat.ac.il/daat/english/history/lapidot/shaar.htm {{lang|en|''BESIEGED - Jerusalem 1948 - memories of an Irgun fighter''}}], partie une, chapitre {{lang|en|''INITIAL ENCOUNTER WITH THE IRGUN ''}}.</ref> »). La réaction de l’''Irgoun'' est violente. Il est décidé de ne pas viser les Britanniques, pour ne pas pousser trop loin l’épreuve de force<ref>''Histoire de la droite israélienne'', p. 172.</ref>. Alors que la Grande Révolte arabe se calmait, il est décidé de cibler la population palestinienne : {{citation|il faut créer une situation où la vie d’un Arabe ne vaudra pas plus que celle d’un rat. Comme ça, tout le monde comprendra que les Arabes sont de la merde, que nous sommes, nous et non eux, les véritables maîtres du pays<ref>Déclaration d’un responsable du parti révisionniste mentionnée dans ''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}173.</ref>}}. Jabotinsky approuve la nouvelle orientation, non sans déchirement<ref name="havlagah" />. Le bilan des représailles à la mort de Ben Yosef est sanglant<ref name="Hdi173">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}173.</ref> :
 
* cinq Arabes abattus le {{Date|4|juillet|1938}} dans plusieurs attentats ;
* le 6 juillet, deux bombes placées dans des bidons de lait explosent en plein marché arabe de [[Haïfa]]. La foule attaque les Juifs, la police tire : vingt-et-un Arabes et six Juifs sont tués dans l’attentat et l’émeute ;
* une bombe placée dans la rue tue deux Arabes à [[Jérusalem]] le [[6 juillet]] ;
* une bombe placée dans la rue tue trois Arabes à Jérusalem le [[8 juillet]] ;
* une bombe placée dans le souk de la vielle ville de Jérusalem tue dix Arabes le [[15 juillet]] ;
* une bombe placée dans le marché arabe de [[Haïfa]] le {{date|25|juillet|1938}} fait quarante-cinq morts (bilan britannique ; l’''Irgoun'' pense que les Britanniques ont réduit le bilan pour calmer la foule arabe. Une enquête interne à l’''Irgoun'' donne {{nombre|70|morts}}) ;
* le dernier gros attentat de la campagne de 1938 est commis le [[26 août]] : un tonneau de dynamite explose dans le souk de [[Jaffa]] et fait vingt-quatre morts.
 
En terme sécuritaire, la campagne d’attentats de 1938 a relancé la violence arabe, et le nombre de Juifs tués pendant cette période augmente spectaculairement : cinquante par mois entre juillet et octobre, contre sept par mois au cours des neuf mois précédents (où la Grande Révolte arabe se calmait).
 
Au début de [[1939]], après des informations sur une révision de la politique palestinienne du [[Royaume-Uni]] dans un sens pro-arabe (confirmée ensuite par le ''Livre Blanc''), l’''Irgoun'' relance ses actions. Ainsi sont tués au hasard vingt-sept Arabes dans les rues de [[Haïfa]], [[Tel-Aviv]] et [[Jérusalem]], le {{Date|27|février|1939}}, ce qui entraîne les félicitations de Jabotinsky : {{citation|votre réponse aux manifestations de victoire des ennemis de l’État juif a produit un effet énorme et positif<ref>Lettre de Jabotinsky à David Ratziel, chef de l’''Irgoun'', archives Jabotinsky</ref>}}.
 
Le bilan politique de ces actions semble au final plutôt négatif. L’utilisation de la violence contre les civils arabes est largement condamnée par le ''Yichouv'', et isole la droite nationaliste, l’''Irgoun'' et Jabotinsky.
 
=== Liste des attentats attribués à l’''Irgoun'' sur cette période ===
Pendant le soulèvement de 1936-1939, les attentats de l’''Irgoun'' ont fait environ {{nombre|250|victimes}} civiles arabes. La liste ci-dessous est tirée de l’ouvrage d’Arie Perliger et Leonard Weinberg<ref>Arie Perliger et Leonard Weinberg, {{lang|en|''Totalitarian Movements & Political Religions''}}, {{Vol.}}4, {{Numéro}}3 (2003) {{p.}}91-118.</ref>. On note quelques différences de détails avec les attentats rapportés par Marius Schattner.
 
* {{Date|20|avril|1936}} : {{nombre|2|travailleurs}} arabes d’une plantation de bananes sont tués.
* {{date||Mars|1937}} : {{nombre|2|Arabes}} tués sur la plage de Bat-Yam.
* {{Date|14|novembre|1937}} : {{nombre|6|Arabes}} sont tués dans plusieurs fusillades à [[Jérusalem]].
* {{Date|12|avril|1938}} : {{nombre|2|Arabes}} et {{nombre|2|policiers}} britanniques sont tués par une bombe posée dans un train à [[Haïfa]].
* {{Date|17|avril|1938}} : Un Arabe est tué par une bombe qui explose dans un café à [[Haïfa]].
* {{date|17|mai|1938}} : Un policier arabe est tué dans un attentat contre un bus de la route Jérusalem-Hébron.
* {{date|24|mai|1938}} : {{nombre|3|Arabes}} sont tués par balle à [[Haïfa]].
* {{Date|23|juin|1938}} : {{nombre|2|Arabes}} sont tués près de [[Tel-Aviv]].
* {{Date|26|juin|1938}} : {{nombre|7|Arabes}} sont tués par une bombe à [[Jaffa]].
* {{Date|27|juin|1938}} : Un Arabe est tué dans l’enceinte d’un hôpital à [[Haïfa]].
* {{Date|5|juillet|1938}} : {{nombre|7|Arabes}} sont tués dans plusieurs fusillades à [[Tel-Aviv]].
* Le même jour : {{nombre|3|Arabes}} sont tués par une bombe déclenchée dans un bus à [[Jérusalem]].
* Le même jour : Un Arabe est tué dans un autre attentat à [[Jérusalem]].
* {{Date|6|juillet|1938}} : {{nombre|18|Arabes}} et {{nombre|5|Juifs}} sont tués par deux bombes simultanées au marché arabe de Melon à [[Haïfa]].
* {{Date|8|juillet|1938}} : {{nombre|4|Arabes}} sont tués par une bombe à [[Jérusalem]].
* {{Date|16|juillet|1938}} : 10 Arabes sont tués par une bombe dans un marché de [[Jérusalem]].
* {{Date|25|juillet|1938}} : entre 39 et {{nombre|70|Arabes}} selon les sources sont tués par une bombe placée dans un marché à [[Haifa]].{{refsou}}
* {{Date|26|août|1938}} : {{nombre|24|Arabes}} sont tués par une bombe dans un marché de [[Jaffa]].
* {{Date|27|février|1939}} : {{nombre|33|Arabes}} sont tués dans plusieurs attentats, dont 24 par une bombe dans le marché de Suk Quarter de Haïfa et 4 dans un marché de légumes arabe de Jérusalem.
* {{date|29|mai|1939}} : {{nombre|5|Arabes}} sont tués par l’explosion d’une mine dans le cinéma rex de [[Jérusalem]].
* Le même jour, {{nombre|5|Arabes}} sont tués durant un raid sur le village de Biyar 'Adas.
* {{Date|2|juin|1939}} : {{nombre|5|Arabes}} sont tués par une bombe Porte Jaffa à [[Jérusalem]].
* {{Date|12|juin|1939}} : Une bombe explose dans une poste de [[Jérusalem]], tuant un artificier britannique lorsqu’il essaie de désamorcer la bombe.
* {{Date|16|juin|1939}} : {{nombre|6|Arabes}} sont tués dans plusieurs attentats à [[Jérusalem]].
* {{Date|19|juin|1939}} : {{nombre|20|Arabes}} sont tués par de explosifs placés sur un âne au marché d’[[Haïfa]].
* {{Date|29|juin|1939}} : {{nombre|13|Arabes}} sont tués dans plusieurs fusillades qui durent près d’une heure.
* {{Date|30|juin|1939}} : Un Arabe est tué sur un marché de [[Jérusalem]].
* Le même jour, {{nombre|2|Arabes}} sont tués par balle à Lifta.
* {{Date|3|juillet|1939}} : Un Arabe est tué par une bombe placée dans un marché d’[[Haïfa]].
* {{Date|4|juillet|1939}} : {{nombre|2|Arabes}} sont tués dans deux attentats à [[Jérusalem]].
* {{Date|20|juillet|1939}} : Un Arabe est tué dans une attaque de train à [[Jaffa]].
* Le même jour, {{nombre|6|Arabes}} sont tués dans plusieurs attentats à [[Tel-Aviv]].
* Le même jour, {{nombre|3|Arabes}} sont tués à [[Rehovot]].
* {{Date|27|août|1939}} : {{nombre|2|officiers}} britanniques sont tués par une mine à [[Jérusalem]].
 
Seules les opérations ayant entraîné des décès sont listées ici. L’''Irgoun'' mena au moins {{nombre|60|opérations}} distinctes durant cette période<ref>Arie Perliger et Leonard Weinberg, {{lang|en|''Totalitarian Movements & Political Religions''}}, {{Vol.}}4, {{Numéro}}3 (2003) {{p.}}101.</ref>.
 
=== Le Livre blanc de 1939 ===
{{article détaillé|Livre blanc (Palestine)}}
 
En {{date||mai|1939}}, les Britanniques publient un troisième [[Livre blanc (Palestine)|Livre blanc sur la Palestine]], réponse politique à la « [[Grande Révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire|Grande Révolte arabe en Palestine]] ».
 
Ils mettent quasiment fin à l’immigration juive : « on ne peut nier que la peur d’une immigration juive indéfinie est largement répandue dans les rangs de la population arabe et que cette peur a rendu possibles ces troubles ». Dès lors, « l’immigration sera maintenue au cours des cinq prochaines années pour autant que la capacité économique d’absorption du pays le permettra, à un taux qui portera la population juive à environ le tiers de la population totale […] Au terme de la période de cinq ans, aucune immigration juive ne sera plus autorisée, à moins que les Arabes de Palestine ne soient disposés à y consentir »<ref>Troisième Livre Blanc sur la Palestine</ref>.
 
Ils envisagent (de façon vague) un État unitaire en [[Palestine]] pour 1949, État forcément à majorité arabe : « Le gouvernement de Sa Majesté [a le] désir […] de voir s’établir finalement un État de Palestine indépendant ». « Si, au terme de dix années, il est avéré que l’indépendance doive être ajournée, le gouvernement britannique consultera les habitants de Palestine, le Conseil de la SDN »<ref>Troisième Livre Blanc sur la Palestine.</ref>.
 
Enfin, dit le Livre blanc, « Le gouvernement de Sa Majesté déclare aujourd’hui sans équivoque qu’il n’est nullement dans ses intentions de transformer la Palestine en un État juif ».
 
C’est potentiellement la fin des espoirs sionistes.
 
Jusqu’alors, le [[sionisme révisionniste|mouvement révisionniste]] avait critiqué le mandat britannique, pas assez favorable aux Juifs. Mais il restait un allié du Royaume-Uni. Le [[Livre blanc (Palestine)#Troisième livre blanc, 17 mai 1939|Livre blanc du 17 mai]] change totalement la situation. Cette nouvelle situation politique est doublée d’une nouvelle direction de l’organisation, [[David Ratziel]], son commandant, venant d’être arrêté.
 
« Après l’arrestation de Ratziel, Hanoch Kalai, son adjoint, a été nommé commandant en chef. [[Avraham Stern]], qui était alors en [[Pologne]], est revenu en Palestine et est nommé à la tête du département de l’information. Les autres membres du quartier général conservent leurs postes. Lors de la première réunion du quartier général dirigé par Kalai, il a été décidé de lancer un deuxième front contre l’administration britannique, en représailles à la publication du Livre blanc. Conformément aux procédures de l’''Irgoun'', le commandant en prison n’a pas été consulté, et Ratziel n’a pas pris part au processus de décision<ref name="split">Yehouda Lapidot, ancien dirigeant de l’''Irgoun'', {{lang|en|''BESIEGED - Jerusalem 1948 - memories of an Irgun fighter''}}, chapitre [http://www.etzel.org.il/english/index.html {{en}}{{lang|en|''The split within the Irgun''}}.]</ref> ». De fait, « sous l’impulsion de [[Avraham Stern|Stern]] qui a pris […] une influence prépondérante sur l’organisation », des centraux téléphoniques sont attaqués, des bombes explosent à la poste de [[Jérusalem]] et à la radio nationale. « Trois policiers britanniques et deux juifs, accusés de servir d’auxiliaires, sont assassinés<ref name="Hdi183">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}183.</ref> ».
 
== Le cessez-le-feu de l’''Irgoun'' (1939-1944) ==
En {{date||septembre|1939}} éclate la [[Seconde Guerre mondiale]], entre l’Allemagne nazie d’un côté et l’alliance franco-britannique de l’autre.
 
« Le 31 août 1939, l’état-major de l’''Irgoun'' est convoqué pour une session spéciale à [[Tel-Aviv]]. Au cours de la réunion, le CID (les renseignements britanniques), des enquêteurs et des policiers font irruption dans la pièce. L’ensemble de l’état-major a été arrêté (Hanoch Kalai, [[Avraham Stern]], Aharon Heichman), ainsi que Haim Lubinsky et Yashka Eliav, qui n’en sont pas membres. Les détenus ont été d’abord emmenés au commissariat de police de [[Jaffa]] et plus tard à la prison de [[Jérusalem]]. Ils ont été coupés du monde extérieur et n’ont pas su que le lendemain de leur arrestation, les Allemands avaient envahi la Pologne et que la guerre avait éclaté<ref name="split" /> ».
 
Jabotinsky, dont l’influence sur l’''Irgoun'' est devenue très théorique, pousse à arrêter les opérations armées, au nom de la priorité à la lutte contre le [[nazisme]]. Ratziel le soutient, « Stern et la majorité du commandement s’y opposent<ref name="Hdi190">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}190.</ref> ». Le 11 septembre, à la demande de Ratziel, Benyamin Zeroni, qui a pris la direction temporaire de l’organisation, publie un document par lequel il déclare que « dans le but d’investir un effort maximum pour aider la [[Grande-Bretagne]] et ses alliés, l’''Irgoun Zvai Le'umi'' a décidé de suspendre toutes les activités offensives en Palestine<ref name="split" /> ». Un accord formel est finalement signé par Ratziel fin 1939. L’organisation conclut même un accord avec les Britanniques pour participer à des actions offensives, en particulier dans le domaine du sabotage, et son chef [[David Ratziel]] est tué au combat en [[Irak]], en {{date||mai|1941}}.
Pour honorer cet accord, « le 18 juin 1940, après beaucoup d’hésitations, [les Britanniques relâchent] Stern et les quatre autres commandants de l’''Irgoun''. Ils vont le regretter<ref name="Hdi190">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}190.</ref> ».
 
Jabotinsky a approuvé l’accord. Il meurt d’une crise cardiaque aux États-Unis le {{date|4|août|1940}}. Avec lui disparaît le chef charismatique de la droite nationaliste sioniste.
 
=== La scission du « groupe Stern » (1940) ===
{{article détaillé|Lehi}}
[[Fichier:Avraham Stern.jpg|thumb|Avraham Stern, créateur de l’''Irgoun Tsvai Leumi beIsraël''.]]
[[Fichier:Lahe.jpg|thumb|Le logo du ''Lehi''.]]
L’opposition à la trêve avait été majoritaire au sein du commandement de l’''Irgoun''. [[Avraham Stern]] (''Yair'') conteste ce choix de Jabotinsky et Ratziel. Il considère que la menace de disparition du « foyer national juif » prévue par les Britanniques par le ''Livre Blanc'' de 1939 (un État palestinien à minorité juive devait être créé en 1949) est plus grave que le danger nazi.
 
Avraham Stern et le reste de l’état-major sont libérés par les Britanniques le {{date|18|juin|1940}}, rejoignant David Ratziel libéré en {{date||octobre|1939}}. L’affrontement des factions est rapidement tendu, et porte sur deux thématiques : l’opposition à la trêve, et la rupture d’avec le parti révisionniste dont est partisan Stern, qui trouve ce dernier beaucoup trop modéré. « Immédiatement après leur libération, l’état-major a tenu une réunion orageuse à [[Tel-Aviv]]. Le principal affrontement a eu lieu entre [[Avraham Stern]] (Yair) et David Ratziel […]. Stern et ses camarades ont fait valoir que l’''Irgoun'' devait sortir de sa dépendance à l’égard du [[sionisme révisionniste|parti révisionniste]], et décider par elle-même de son avenir politique. À leur avis, les dirigeants du mouvement révisionniste […] [qui soutiennent la trêve] entravent la lutte contre les Britanniques en raison de leur préoccupation pour la survie de leur parti. […] Stern a fait valoir que la lutte contre les Britanniques devrait se poursuivre, même si la Grande-Bretagne était en guerre avec l’Allemagne. À son avis, aussi longtemps que les Britanniques dirigeraient la Palestine, ils seraient les principaux ennemis et devraient être chassés du pays. Pour Ratziel, au contraire, les Allemands étaient les ennemis jurés du peuple juif [… et] les Britanniques [des] alliés dans la guerre contre l’Allemagne. […] Le 17 juillet 1940, [[Avraham Stern]] fit sécession. […] La scission a eu un effet dévastateur sur l’''Irgoun'' et a été accompagnée par des récriminations mutuelles. Beaucoup d’officiers et de membres se retirèrent<ref name="split" /> ».
 
L’organisation que Stern crée avec ses partisans s’appelle d’abord « ''Irgoun Tsvai Leumi beIsraël'' », plus tard renommée « ''Lohamei Herut Israël'' » (« Combattants pour la liberté d’Israël ») ou ''[[Lehi]]''. Les Britanniques l’appellent le « {{lang|en|''Stern gang''}} » traduit en français par « groupe Stern ». L’organisation tente de prendre contact avec les Allemands, au nom de la différence entre l’« adversaire » (l’Allemagne), préférable à « l’ennemi » (les Britanniques qui empêchent l’État juif)<ref>Selon la présentation que fait [[Nathan Yalin Mor]] de ses discussions avec Stern dans son livre, ''Israël, Israël, Histoire du Groupe Stern, 1940-1948'', {{p.}}91-92. Cité dans ''Palestine 47, un partage avorté''.</ref>.
 
La scission d’avec l’''Irgoun'' prend en pratique plusieurs mois, certains militants hésitant entre l’''Irgoun'' (et sa politique de cessez-le-feu) et les partisans de Stern. Le parcours de [[Yitzhak Shamir]] est ainsi révélateur. En contact avec le groupe Stern dès le début, il « n’arrive pas à prendre son parti. Pendant des mois, il oscillera entre les deux camps rivaux, sans s’engager ni dans l’un ni dans l’autre. Ce n’est qu’au printemps 1941 que Shamir rejoint le groupe Stern, après l’échec des […] premières tentatives de contact avec l’Axe<ref>Shamir avait connaissance de ces tentatives, et ne semble pas s’y être opposé. Après la guerre, il déclarera cependant qu’il n’y avait pas été favorable. En toute hypothèse, il n’était encore à l’époque qu’un cadre intermédiaire de la nouvelle organisation, sans poids décisionnel marqué.</ref> ». Hostile aux Britanniques, ne reculant pas devant la violence (il dirigeait la 8{{e}} compagnie de l’''Irgoun'' de [[Tel-Aviv]], et était donc très impliqué dans les attentats anti-arabes), mais pragmatique et peu intéressé par les grands débats idéologiques, il aurait été longtemps rebuté par l’exaltation de Stern. Marius Schattner note que « l’extrémisme de ''Yaïr''<ref>Yaïr était le pseudonyme de Avraham Stern dans la clandestinité. De façon révélatrice, ce pseudonyme venait du commandant de la place forte de [[Massada]], au {{s-|I|er}} de notre ère, qui préféra organiser son suicide et celui des défenseurs, plutôt que de se rendre aux [[Empire romain|Romains]].</ref> le rebute ».
 
La nouvelle organisation attire au départ nombre de militants, car l’hostilité à la nouvelle politique britannique était grande au sein de l’''Irgoun''. Elle se livre à des attentats contre les Britanniques ou des Juifs « collaborateurs », mais sans grand succès. « Le groupe ne compte plus qu’une centaine de membre à la fin de l’été 1941, contre plusieurs centaines en 1940. Presque tous les cadres, les uns après les autres, ont abandonné un chef qui a fait les preuves d’une incapacité flagrante dans le domaine de l’action directe, et dont la stratégie d’alliance avec [[Axe Rome-Berlin|l’Axe]] a failli sur toute la ligne<ref name="Hdi198">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}198.</ref> ». L’organisation est alors « en pleine déliquescence ». Le Stern est finalement quasiment démantelé fin 1941-début 1942 et entre en sommeil. Les responsables sont morts (Stern) ou en prison (Shamir).
 
=== La prise de fonction de Menahem Begin (1943) ===
{{article détaillé|Menahem Begin}}
[[Fichier:Begin001.jpg|thumb|[[Menahem Begin]] en 1940, lors de son arrestation par le [[NKVD]], {{nombre|3|ans}} avant son émigration vers la Palestine.]]
 
C’est [[Yaakov Meridor]] qui remplace Ratziel après la mort de celui-ci en {{date||mai|1941}}.
 
Mais les temps sont difficiles pour l’''Irgoun''. L’organisation n’est pas un parti politique, et n’existe que pour la lutte armée. Le cessez-le-feu lui enlève sa raison d’être. De plus, la scission avec le Stern l’a affaibli : « À l’été 1943, le moral est tellement bas qu’il est question de dissoudre l’organisation<ref name="Hdi206">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}206</ref> ».
 
C’est à cette date que l’ancien dirigeant du ''[[Betar]]'' de Pologne, [[Menahem Begin]], qui vient de quitter l’armée polonaise fidèle au gouvernement de Londres, reprend la direction de l’''Irgoun''. « À mi-chemin entre Jabotinsky et Stern, il entend poursuivre les objectifs traditionnels du mouvement révisionniste par une violence contrôlée. Ce n’est pas tant l’Angleterre qu’il combat que le ''livre blanc''<ref name="Hdi206">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}206.</ref> ».
 
« En décembre 1943, Begin a été choisi en tant que commandant de l’''Irgoun Zvai Le'umi'' en ''Eretz Israël''. Il a créé un nouvel état-major, qui comprenait Aryeh Ben Eliezer, Eliyahu Lankin et Shlomo Levi-Lev Ami (Levi était le seul qui avait été membre du commandement précédent). Lors de sa première réunion, l’état-major a adopté deux résolutions importantes : la première était que la lutte armée contre le gouvernement mandataire britannique devait être lancée sans délai, et la seconde que l’''Irgoun'' devait se détacher du parti révisionniste et déterminer sa propre voie<ref>Yehouda Lapidot, ancien dirigeant de l’''Irgoun'', {{lang|en|''BESIEGED - Jerusalem 1948 - memories of an Irgun fighter''}}, chapitre [http://www.etzel.org.il/english/index.html {{en}}{{lang|en|''The revolt is proclaimed''}}.]</ref> ». Trois ans et demi après, c’était le programme de Stern qu’adoptait l’''Irgoun'', mais dans des circonstances différentes, la victoire alliée sur l’[[Allemagne]] devenant très probable. Ce rapprochement ne permet d’ailleurs pas de mettre fin à la scission de 1940, chaque organisation restant jalouse de son autonomie.
 
== Reprise de la lutte armée contre les Britanniques (1944) ==
 
En {{date||février|1944}}, l’''Irgoun'' considère que la guerre est maintenant gagnée par les Alliés, et que le problème prioritaire redevient le projet britannique contre le « Foyer national juif ». Le refus des Britanniques de laisser entrer en Palestine les Juifs qui fuient l’Europe est particulièrement critiqué : « dans la nuit du 1{{er}} au 2 février 1944, des affiches sont placardées dans les localités juives de Palestine. [Elles proclament :] "il ne peut y avoir de trêve entre le peuple hébreu […] et l’administration britannique en Palestine, qui livre nos frères à [[Adolf Hitler|Hitler]]. Guerre au pouvoir britannique. Guerre jusqu’au bout !"<ref name="Hdi204">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}204.</ref> ».
 
C’est la première fois que les révisionnistes s’attaquent sérieusement aux Britanniques (à part quelques attentats à la mi 1939). La tentation existe depuis le début des années 1930 (voir [[Sionisme révisionniste#La tentation fasciste et les Birionim (1928-1933)|Sionisme révisionniste : les ''Birionim'']]), quand les Britanniques ont commencé à prendre leurs distances avec les projets sionistes et à freiner l’immigration juive. Mais Jabotinsky puis la guerre avaient empêché le passage à l’acte.
 
Le [[12 février|12]] puis le {{Date|27|février|1944}}, des locaux de l’administration sont visés, mais sans faire de mort. Le 23 mars, cinq policiers et un membre de l’''Irgoun'' sont tués lors d’attaques contre les centres du CID ({{lang|en|''Central Intelligence Department''}}). Malgré une insatisfaction croissante de la population juive de Palestine contre la politique anglaise, les attentats sont condamnés par les instances officielles du [[sionisme]] (l’[[agence juive]], la ''[[Histadrout]]''), mais aussi par l’opinion publique juive.
 
=== La saison (1944-1945) ===
[[Fichier:Haganah detainment camp.jpg|thumb|Un lieu d’internement secret de la ''Haganah'', pendant « la saison ».]]
[[Fichier:Detainees in Gilgil.jpg|thumb|left|Détenus de l’IZL au camp de Gil Gil ([[Kenya]]), vers [[1945]].]]
Dès {{date||avril|1944}}, [[David Ben Gourion]] menace de réprimer l’''Irgoun'' avec la ''Haganah''. Devant la montée des actions de l’IZL, il lance finalement le {{Date|26|novembre|1944}} « la saison de la chasse aux terroristes », restée dans l’histoire sous le nom de « la saison ». Ce jour-là, il fait adopter par la ''[[Histadrout]]'' un programme en quatre points qui prévoit la collaboration avec les Britanniques dans la traque des « terroristes ».
 
L’[[Agence juive]] fournit aux britanniques {{nombre|700|noms}} de suspects. « Des dizaines seront enlevés par les équipes spéciales de la ''[[Haganah]]'', et soumis à des interrogatoires sévères, accompagnés parfois de sévices. L’''Irgoun'' et le ''[[Lehi]]'' devront interrompre leurs opérations jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est alors que Begin fait un choix capital « […] en interdisant à ses hommes de se livrer à des représailles<ref name="Hdi222">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}222.</ref> ».
 
La « saison » est un succès pour la ''Haganah''. Beaucoup de chefs et de militants de l’''Irgoun'' sont en prison (ces prisonniers sont assez souvent envoyés en [[Afrique]], comme en [[Érythrée]] ou au [[Kenya]]), même si Begin a réussi à passer entre les mailles du filet. Mais l’attitude britannique reste inflexible vis à vis des réfugiés juifs que les armées alliées libèrent de l’occupation nazie. Toute entrée en Palestine leur reste interdite, et la colère grandit dans le ''[[Yichouv]]''. La collaboration avec les Britanniques devient donc de plus en plus impopulaire, « y compris parmi ceux chargés de son exécution<ref name="Hdi224">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}224.</ref> ». La « saison » est ajournée au début de l’été 1945. L’''Irgoun'' peut souffler et se réorganiser<ref>{{en}} [[Yehouda Lapidot]], [http://www.daat.ac.il/daat/english/history/lapidot/shaar.htm {{lang|en|''BESIEGED - Jerusalem 1948 - memories of an Irgun fighter''}}], partie une, chapitre {{lang|en|''RECOVERING FROM THE SEASON''}}.</ref>.
 
=== Le Mouvement de la révolte hébraïque (1945-1946) ===
[[Fichier:KD 1946.JPG|thumb|L’attentat contre l’Hôtel King David, le 22 juillet 1946.]]
[[Fichier:Bevingrad2.jpg|thumb|« Bevingrad », la zone fortifiée britannique de Jérusalem, protégée contre les attentats.]]
« Le 1{{er}} octobre 1945, Ben Gourion adresse de Paris un télégramme ultra-secret au commandement de la ''Haganah'' en Palestine, lui enjoignant d’engager la lutte contre le pouvoir mandataire. La ''[[Haganah]]'' se voit confier une double mission : assurer ''manu militari'' le débarquement des immigrants clandestins en Palestine, perpétrer des actes de sabotage calculés pour produire le maximum d’effet en causant un minimum de perte<ref name="Hdi224">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}224.</ref> ».
 
D’{{date||octobre|1945}} à {{date||juillet|1946}}, la ''[[Haganah]]'', le ''[[Lehi]]'' et l’''Irgoun'' créent un « Mouvement de la révolte hébraïque », dirigé par un « comité X » contrôlé par la ''Haganah''.
 
L’entrée de la ''[[Haganah]]'' et de ses milliers de combattants (en particulier les {{nombre|2000|combattants}} d’élite du ''[[Palmach]]'') donne une nouvelle ampleur à la lutte. Les sabotages se multiplient. Le {{1er novembre}}, la ''Haganah'' fait ainsi sauter la ligne de chemin de fer en {{nombre|153|points}} différents.
 
Londres réagit en portant les effectifs de l’armée à {{nombre|80000|hommes}} en {{date||décembre|1945}} (ils sont {{formatnum:100000}} en 1947, soit un soldat pour six civils juifs, enfants compris).
 
Le {{Date|27|décembre|1945}}, dix policiers et militaires sont tués dans une série de raid du ''Lehi'' et de l’''Irgoun''. Le {{Date|25|avril|1946}}, le ''Lehi'' tue sept parachutistes britanniques (attentat condamné par la ''Haganah'').
 
Le [[12 juin]], le gouvernement refuse l’entrée de {{nombre|100000|réfugiés}} juifs (une recommandation de la commission anglo-américaine)<ref>[[Elie Barnavi]], ''Une histoire moderne d’Israël'', Champs Flammarion, 1988, {{ISBN|2080812467}}, {{p.}}27.</ref>.
 
Dans les jours qui suivent, les groupes armés multiplient les attentats. Le {{Date|22|juillet|1946}}, l’''Irgoun'' fait sauter l’[[hôtel King David]] qui abrite le secrétariat du Gouvernement britannique de Palestine. On dénombre {{nombre|91|victimes}} ({{nombre|28|Britanniques}}, {{nombre|17|Juifs}} et {{nombre|41|Arabes}}), la plupart civiles. L’attaque a été planifiée par le comité X, mais la ''[[Haganah]]'' demande finalement à annuler l’opération face à la possibilité de victimes civiles. L’''Irgoun'' maintient l’opération. L’attaque est menée par Yosef Avni, un membre du ''[[Betar]]'', qui participera au [[massacre de Deir Yassin]] du {{Date|9|avril|1948}}, et Yisrael Levi. Un message téléphonique avertit le consulat français et le journal {{lang|en|''[[Jerusalem Post]]''}} {{nombre|25|minutes}} avant l’explosion. Un autre message d’avertissement est donné à l’hôtel peu de temps avant l’explosion, ce que nieront longtemps les autorités britanniques. L’''Irgoun'' revendique immédiatement l’attentat, en affirmant ne pas avoir eu l’intention de provoquer des morts. Menahem Begin relate cet épisode dans un livre autobiographique paru en 1978<ref>{{en}} [http://www.etzel.org.il/english/ac10.htm L’attaque de l’hôtel King David, sur le site de l’Irgoun] ; {{en}} [http://britains-smallwars.com/Palestine/Kingdavid.htm Point de vue britannique de l’attaque de l’hôtel King David] ; {{en}}[[:en:King David Hotel bombing|L’attaque de l’hôtel King David sur wikipédia anglophone]] ; {{en}} Menahem Begin, {{lang|en|''The Revolt''}}, {{lang|en|Dell Books}}, New York NY, 1978</ref>.
 
Les modérés de l’[[Agence juive]] et de l’[[Organisation sioniste mondiale]], en particulier [[Haïm Weizmann]], faisaient pression depuis quelques semaines pour arrêter les actions armées. Les Britanniques avaient arrêté de nombreux responsables de la ''Histadrout'', de l’[[Agence juive]] (dont [[Moshe Sharett]], le chef de son département politique) et de la ''Haganah''. L’attentat du King David et ses dizaines de morts sonnent le glas du « Mouvement de la révolte hébraïque ». Les modérés l’emportent. La ''Haganah'' condamne l’attentat et quitte le MRH. Le ''Lehi'' et l’''Irgoun'' sont de nouveau isolés face aux Britanniques<ref>{{en}} [[Yehouda Lapidot]], [http://www.daat.ac.il/daat/english/history/lapidot/shaar.htm {{lang|en|''BESIEGED - Jerusalem 1948 - memories of an Irgun fighter''}}], partie une, chapitre {{lang|en|''The Attack on the King David Hotel''}}.</ref>.
 
Même le [[Parti révisionniste]], qui partage pourtant la même idéologie nationaliste que l’''Irgoun'', prend parfois ses distances avec certaines actions de l’organisation.
 
=== Vers le partage de la Palestine (août 1946 – novembre 1947) ===
[[Fichier:UN Partition Plan For Palestine 1947.png|thumb|Projet de partage de la Palestine, refusé par l’''Irgoun''.]]
{{article détaillé|Plan de partage de la Palestine}}
 
Le ''Lehi'' et l’''Irgoun'' n’ont pas beaucoup d’hommes : « {{formatnum:4000}} au plus pour l’IZL, dont un millier opérationnels, dix fois moins pour le ''Lehi'', mais débarrassés des contraintes que leur imposait l’alliance avec la ''Haganah'' [qui ne voulait pas ou peu de morts], les dissidents n’en frapperont que plus fort<ref name="Hdi230">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}230.</ref> ».
 
Après une pause faisant suite à l’attentat contre l’hôtel King David (juillet – septembre 1946), les deux organisations « relancent la guérilla urbaine en octobre 1946. Une centaine de membres des forces de sécurité britanniques sont tués ou blessés en six semaines […]. le 31 octobre […] l’Irgoun fait sauter une bombe à l’ambassade britannique à Rome<ref name="Hdi230">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}230.</ref> ».
 
[[Fichier:Karoz3.jpg|thumb|left|Menaces de l’''Irgoun'' après la condamnation au fouet d’un de ses membres.]]
Les actions se multiplient. En « décembre 1946, un major britannique et trois sergents sont fouettés après […] que cette peine d’un autre âge eut été infligée par ordre d’un tribunal militaire, à un jeune membre de l’IZL. De crainte qu’un tel affront ne se répète, les autorités renoncent aux châtiments corporels<ref name="schatner-p-232-233">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, pages 232-233.</ref> ».
 
Le samedi {{date|1|mars|1947}}, « l’IZL lance seize opérations en un jour ». Douze militaires sont tués au club des officiers de Jérusalem<ref name="schatner-p-232-233" />.
 
[[Fichier:Exploded prison.jpg|thumb|left|Le mur de la prison d’Acre après l’attaque de l’IZL.]]
Le {{date|4|mai|1947}}, {{nombre|34|combattants}} de l’IZL, sous le commandement de Dov Salomon et de Yehuda Apiryon, attaquent la prison d’[[Acre (Israël)|Acre]], principal centre d’internement britannique des militants armés. Trois assaillants sont tués et cinq sont faits prisonniers après la retraite (dont trois seront finalement exécutés le {{date|29|juillet|1947}}), mais {{nombre|28|prisonniers}} du ''Lehi'' et de l’''Irgoun'' s’évadent, ainsi que {{nombre|182|prisonniers}} arabes. L’ampleur de l’attaque et son organisation sont une surprise pour les forces britanniques<ref>Professeur Yehuda Lapidot, ancien dirigeant de l’''Irgoun'', [http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/History/Acre.html {{en}}{{lang|en|''The Acre Prison Break''}}], sur le site {{lang|en|''Jewish virtual library''}}.</ref>.
 
La répression contre les organisations armées est sévère, mais « le [[maréchal Montgomery]], chef d’état-major impérial, n’obtiendra jamais carte blanche pour désarmer le ''[[Yichouv]]'' et employer les mêmes méthodes punitives qui avaient servi pour écraser la révolte arabe en [[1936]]<ref name="Hdi231">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}231.</ref> ».
 
« Les opérations contre les troupes d’occupation, de plus en plus audacieuses, rendent le pays ingouvernable (…). Désemparé, [[Ernest Bevin|Bevin]], [Ministre des Affaires étrangères britannique] décide en février 1947 de porter l’affaire devant l’[[Organisation des Nations unies|ONU]], non sans espérer un échec des Nations Unies qui permettrait le retour en force de la Grande-Bretagne<ref>[[Elie Barnavi]], ''Une histoire moderne d'Israël'', Champs [[Flammarion]], 1988, {{ISBN|2080812467}}, {{p.}}188.</ref> ».
 
[[Fichier:Wiess.jpg|thumb|Yaacov Weiss, de l’''Irgoun'', pendu le {{date|29|juillet|1947}}.]]
[[Fichier:Hanged sergeants.jpg|thumb|Deux sergents britanniques, Clifford Martin et Marvin Paice, capturés par l’''Irgoun'' puis pendus, 1947.]]
Une commission de l’ONU est formée, l’UNSCOM, qui propose un [[plan de partage de la Palestine]], finalement adopté par l’Assemblée Générale des Nations unies fin {{date||novembre|1947}}. Par ce plan, un État juif est prévu pour être créé en {{date||mai|1948}}, sur 55 % de l’ancienne Palestine mandataire.
 
L’[[Agence juive]] et l’[[Organisation sioniste mondiale]] acceptent le plan mais l’''Irgoun'' le refuse. L’IZL n’a cependant pas les moyens de s’y opposer, et cesse officiellement ses opérations en {{date||août|1947}}, quand le plan est adopté par l’UNSCOM et qu’elle le soumet à l’Assemblée Générale des Nations unies.
 
La dernière phase des opérations de l’IZL (août 1946 – août 1947) a coûté la vie à {{nombre|141|Britanniques}} (338 en tout entre 1944 et mai 1948)<ref name="Hdi232">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}232.</ref>. Ces chiffres sont des chiffres complets, qui incluent les victimes de la ''Haganah'' (assez peu) et du ''Lehi''. Mais l’''Irgoun'' est responsable de la majorité des morts.
 
Une des dernières actions de l’''Irgoun'' a un grand retentissement en Angleterre où des émeutes antisémites visant des magasins et des synagogues éclatent. Le {{Date|29|juillet|1947}}, trois hommes de l’''Irgoun'' ayant participé à l’opération contre la prison d’Acre sont pendus. « Le lendemain, deux sergents britanniques pris en otages [depuis le 12 juillet] sont pendus dans un bois d’eucalyptus, près de [[Netanya]]. Une mine placée sous les pendus explosera quand un capitaine britannique viendra détacher les corps [il est gravement blessé]. Dans les heures qui suivent, cinq Juifs sont tués par des policiers britanniques ivres de rage qui mitraillent des passants à l’aveuglette ». {{lang|en|''Time to go''}} (il est temps de partir) écrit le {{lang|en|''Manchester Guardian''}}<ref name="Hdi233-234">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, pages 233-234.</ref>.
 
Du côté de l’''Irgoun'', ce sont les derniers militants exécutés. Il y en a eu huit en tout : Shlomo ben Yosef le {{date|29|juin|1938}}, les sept autres<ref>Dov Gruner, Mordechai Alkachai, Yehiel Drezner, Eliezer Kashani (16 avril 1947) ; Yaacov Weiss, Avshalom Haviv, Meir Nakar (29 juillet 1947).</ref> exécutés pendant les derniers affrontements, les 16 avril et {{date|29|juillet|1947}}. À ces exécutions doivent s’ajouter les hommes morts au combats et le suicide en prison de Meir Feinstein (le {{date|21|avril|1947}}) après sa condamnation à mort.
 
== Guerre civile en Palestine (décembre 1947 – mai 1948) ==
{{article détaillé|Événements dans les centres urbains de la Palestine mandataire en 1948|Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire}}
=== Attentats contre les Arabes ===
[[Fichier:Quartier commercial juif attaqué - 2 décembre 1947.jpg|thumb|left|Une attaque contre un centre commercial juif, le 2 décembre 1947.]]
Au lendemain du vote de partage, le {{Date|30|novembre|1947}}, des attentats et des émeutes anti-juives éclatent en Palestine et au Proche-Orient. Des dizaines de civils juifs sont tués. « Les Palestiniens […] n’acceptent pas de perdre la moitié de leur patrie pour que l’Occident s’acquitte de sa dette morale envers les Juifs<ref name="Hdi236">''Histoire de la droite israélienne'', {{p.}}236.</ref> ».
 
[[Fichier:Jewish zones 1947.jpg|thumb|Carte des zones juives au début de la guerre civile.]]
En représaille, l’IZL reprend ses attentats contre les Arabes, attentats qui avaient cessés en 1939. Le {{Date|27|décembre|1947}}, des membres de l’''Irgoun'' jettent deux bombes dans une foule d’ouvriers arabes devant la raffinerie de [[Haïfa]]. Six sont tués. Trente-neuf travailleurs juifs sont alors tués par les ouvriers arabes en représailles<ref>[[Efraïm Karsh]], {{lang|en|''The Arab-Israeli Conflit - The Palestine War 1948''}}, {{lang|en|Osprey Publishing}}, 2002, {{ISBN|1841763721}}, {{p.}}30.</ref>.
 
[[Fichier:Bombe Irgoun 29 dec 1947.jpg|left|thumb|Bus calciné après un attentat de l’''Irgoun'' le {{date|29|décembre|1947}}. Sept Palestiniens sont tués.]]
Le [[7 janvier]], à un arrêt de bus, Porte de Jaffa à [[Jérusalem]], quatre membres de l’''Irgoun'' lancent une bombe dans la foule arabe et tuent {{nombre|17|personnes}}. Ils s’enfuient au moyen d’une voiture blindée volée aux [[Britannique]]s mais ils ont un accident et doivent continuer à pied. Trois sont tués par les Britanniques et le dernier, blessé, est fait prisonnier<ref>Dominique Lapierre et Larry Collins, ''Ô Jérusalem'', 1971, {{p.}}200-204.</ref>.
 
Tandis que la ''Haganah'' travaille à la constitution d’une armée solide, capable de vaincre les irréguliers arabes et les armées arabes régulières dont l’attaque est annoncée après le départ des Britanniques (prévu le {{date|15|mai|1948}}), l’''Irgoun'', dont la taille est plus réduite, se livre essentiellement à des attentats aveugles contre la population civile.
 
À partir d’avril, la ''Haganah'' se lance dans une série de contre-offensives de grande envergure contre les irréguliers arabes, en particulier l'[[Opération Nahshon]] dans la région de [[Jérusalem]] ou l’Opération Yiftah dans la haute vallée du Jourdain<ref>[[Benny Morris]], {{lang|en|''The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited''}}, {{lang|en|Cambridge University Press}}, 2003, page 248.</ref>, reprenant le contrôle des voies de communications qui relient les zones juives entre elles ainsi que les villes mixtes.
 
=== Massacre de Deir Yassin ===
{{article détaillé|Massacre de Deir Yassin}}
 
L’''Irgoun'' accepte de coordonner ses actions avec la ''Haganah'', mais dans une certaine mesure seulement.
 
On commence à voir apparaître des unités de plusieurs dizaines d’hommes de l’''Irgoun'' opérant ensemble contre des villages arabes.
 
C’est dans ce cadre que se produit le [[massacre de Deir Yassin]]. Le [[9 avril]], des combattants de l’''Irgoun'' et du ''Lehi'' attaquent le village, malgré l’accord de non-agression qu’il avait signé avec ses voisins juifs. Mal entraînés à ce type de combat, les assaillants ont cinq tués, {{nombre|35|blessés}} et se retirent. Ils font alors appel au ''[[Palmach]]'' dont « une section […] réduira sans problème le principal noyau de résistance. Vendredi midi, elle se retire, laissant le soins aux combattants de l’Irgoun et du [[groupe Stern]] de ratisser le village ». Une partie de la population est alors massacrée<ref name="Hdi240">Marius Schatner, ''histoire de la droite israélienne'', {{p.}}240.</ref>.
 
Le [[Haut comité arabe]] parle de {{nombre|254|victimes}} civiles. Les historiens évaluent en général le massacre plutôt entre 100 à {{nombre|120|morts}}<ref>[[Yoav Gelber]], ''Palestine 1948'', 2006, {{p.}}311-312.</ref>{{,}}<ref>[[Benny Morris]], {{lang|en|''The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited''}}, 2003, {{p.}}238.</ref>. Mais, fortement médiatisé, le massacre a eu plusieurs conséquences. D’une part, il a définitivement ancré l’image violente de l’''Irgoun''. D’autre part, « encore amplifié par la propagande arabe, [il] jettera des milliers puis des dizaines de milliers de Palestiniens sur les routes de l’exode<ref name="Hdi241">Marius Schatner, ''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}241.</ref> ».
 
[[Menahem Begin]] niera tout massacre, parlant d’une « propagande mensongère » : « ce ne fut pas ce qui s’est passé à Deir Yassin, mais bien ce qui a été inventé […] qui nous a aidé à nous ouvrir un chemin vers des victoires décisives […] Les Arabes pris de panique s’enfuirent aux cris de « ''Deir Yassin'' »<ref>[[Menahem Begin]], ''La révolte d’Israël'', {{p.}}200</ref> ». Les autorités de l’[[Agence juive]] dénoncent fermement le massacre, mais aucune poursuite judiciaire n’est entreprise.
 
=== L'échec de l'attaque sur Jaffa ===
[[Fichier:Ygal Yadin - Lt Gel 1949-1952.jpg|thumb|Yigaël Yadin, entre 1949 et 1952.]]
La ville de [[Jaffa]] a été attribuée aux Arabes par le plan de partage, mais se trouve au cœur de l’État juif.
 
Suite à la victoire de la ''Haganah'' à [[Haïfa]], [[Jaffa]] est attaquée par l’''Irgoun'' le [[27 avril]]. Les forces de l’[[Armée de libération arabe]] résistent aux assaillants.
 
Suite aux incidents de [[Haïfa]], les Britanniques, généralement passifs, ont cette fois décidé d’intervenir, et menacent les [[Juifs]] de représailles s’ils ne stoppent pas leur offensive.
 
Mais après des rumeurs de renforcement de l’[[Armée de libération arabe|Armée de libération]] et d’intervention de la [[Légion arabe]], [[Yigal Yadin]] (''Haganah'') préfère lancer l’opération ''Hametz'' visant à encercler la ville.
 
Les Britanniques réagissent en bombardant les positions de l’''Irgoun''<ref>[[Yoav Gelber]], ''[[#gelber|Palestine 1948]]'', 2006, {{p.}}94.</ref> ce qui met un terme à l’offensive.
 
La ville ne tombera que le [[13 mai]] suite au départ des [[Britanniques]]. Dans la foulée, entre {{nombre|50000}} et {{nombre|60000|Arabes}} supplémentaires se seront enfuis<ref>[[#gelber|Yoav Gelber (2006)]], {{p.}}111</ref>{{,}}<ref>[[#laurens|Henry Laurens (2005)]], {{p.}}85-86</ref>.
 
=== Actions contre les Britanniques ===
[[Fichier:Ben Yehuda 1948.jpg|thumb|L’attentat anti-juif de la rue Ben Yehouda, cause des représailles de l’''Irgoun''.]]
Pendant cette période qui va de la fin 1947 au {{date|15|mai|1948}} (départ des Britanniques), l’IZL a aussi mené des actions sporadiques contre les Britanniques.
 
Officiellement, ceux-ci se retirant, l’''Irgoun'' avait cessé ses actions. En pratique, considérant que les Britanniques penchaient plutôt du côté arabe dans la guerre civile qui se déroulait sous leurs yeux entre Arabes et Juifs de Palestine, l’''Irgoun'' mène des actions de représailles ponctuelles.
 
Ainsi, le {{Date|22|février|1948}}, l’''Irgoun'' et le ''[[Lehi]]'', lors de cinq incidents séparés, tuent dix Britanniques et en blessent gravement huit autres suite à un attentat arabe à la [[voiture piégée]] rue Ben Yehuda à Jérusalem, qui coûte la vie à plus de {{nombre|60|Juifs}} et dans lequel étaient impliqués des déserteurs britanniques au service de [[Hadj Amin al-Husseini]]<ref>Yoav Gelber, ''Palestine 1948'', {{lang|en|Sussex Academic Press}}, Brighton, 2001, {{ISBN|1845190750}}, {{p.}}24.</ref>. Il y aura, jusqu’au retrait des Britanniques, d’autres attentats de l’''Irgoun'' contre ces derniers.
 
== La disparition de l’''Irgoun'' ==
{{article détaillé|Guerre israélo-arabe de 1948-1949}}
 
Le [[14 mai]], l’indépendance d’[[Israël]] est proclamée, et l’Agence juive se transforme en gouvernement provisoire. Les troupes étrangères (égyptiennes, transjordaniennes, irakiennes, syriennes et libanaises) pénètrent en Palestine. Les combats deviennent des combats d’infanterie classiques, où les anciennes pratiques de guérilla urbaine et d’attentats n’ont plus cours. L’''Irgoun'' accélère son évolution vers des structures plus larges, mieux adaptées au combat d’infanterie. Elle y obtient certains succès, limités par le manque de combattants.
 
Ainsi à Jérusalem, où le [[21 mai]], une colonne égyptienne atteint [[Bethléem]] après avoir traversé le [[Néguev]] et être passée par [[Beersheba]]. Le [[22 mai]], elle mitraille les faubourgs sud de Jérusalem<ref>Alain Gresh et Dominique Vidal, ''Palestine 47, un partage avorté'', Éditions Complexe, 1994, {{ISBN|2870275218}}, {{p.}}177</ref>. « Des combats sanglants se déroulent […] au sud, contre les forces combinés de la Légion<ref>La Légion arabe de Transjordanie</ref> et de la 4{{e}} brigades égyptienne, pour le contrôle du kibboutz [[Ramat-Rachel]] qui commande l’accès de la nouvelle ville<ref>On appelle « nouvelle ville » les quartiers juifs de l’ouest de Jérusalem développés à partir de la fin du {{XIXe siècle}}.</ref>. Cinq fois pris et repris, le kibboutz finira par rester aux mains des hommes de l’Irgoun<ref>Elie Barnavi, ''Une histoire moderne d’Israël'', Champs Flammarion, 1988, {{ISBN|2080812467}}, {{p.}}197</ref> ».
 
Le {{date|26|mai|1948}}, les [[Forces de défense d'Israël]] (l’armée israélienne) est officiellement créée, et absorbe immédiatement la ''[[Haganah]]''.
 
=== L'intégration de l'''Irgoun'' au sein de ''Tsahal'' (1{{er}} juin 1948) ===
[[Menahem Begin]], en vertu d’un accord signé le 9 avril avec l’[[Agence juive]] « s’est engagé [pour] le 1{{er}} juin 1948 à mettre ses hommes et ses équipements à la disposition de [[tsahal|l’armée israélienne]] au sein de laquelle les membres de l’IZL (''Irgoun'') constituent leurs propres bataillons<ref name="Hdi246">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, {{p.}}246.</ref> ». Le ''[[Lehi]]'' rejoint aussi rapidement Tsahal.
 
L’''Irgoun'' et le ''Lehi'' n’alignent à cette date respectivement que {{formatnum:4000}} et {{nombre|1000|combattants}}<ref>''Palestine 47, un partage avorté'', {{p.}}146.</ref>. D’autres auteurs, comme [[Efraïm Karsh]], donnent pour l’''Irgoun'' des chiffres inférieurs, entre {{formatnum:2000}} et {{nombre|4000|hommes}}.
 
Relativement peu nombreux, les anciens membres de l’''Irgoun'' sont aussi tenus en suspicion par le nouveau gouvernement de [[David Ben Gourion]] pour leurs activités « terroristes » passées et leurs sympathies politiques de droite. La nouvelle armée israélienne est donc constituée essentiellement autour de l’ancienne ''[[Haganah]]''.
 
=== La dissolution des bataillons de l<nowiki>'</nowiki>''Irgoun'' (22 juin 1948) ===
{{article détaillé|Altalena}}
[[Fichier:Eliyahu Lankin.jpg|thumb|left|Eliyahu Lankin, officier de l’IZL, commandant de l’Altalena<ref>[http://www.knesset.gov.il/mk/eng/mk_eng.asp?mk_individual_id_t=490 Voir sa biographie sur le site internet de la ''Knesset'' israélienne, où il est élu après l’indépendance.]</ref>.]]
Les bataillons spécifiques de l’''Irgoun'' ne durent que trois semaines. En effet, le gouvernement, et surtout [[David Ben Gourion]], ne souhaitaient pas plus permettre à des unités « de droite » que « de gauche » de continuer à exister au sein de l’armée (le ''[[Palmach]]'', très à gauche, sera aussi dissout).
 
[[Fichier:Altalena off Tel-Aviv beach.jpg|thumb|L’Altalena incendié par les forces de Tsahal, le 22 juin 1948.]]
Les unités spécifiques issues de l’''Irgoun'' sont dissoutes pendant la 1{{er}} trêve israélo-arabe ([[11 juin]] - {{Date|9|juillet|1948}}), après l’incident de l’[[Altalena]], les [[21 juin|21]] et [[22 juin]]. Il s’agit d’une tentative des unités de l’''Irgoun'' au sein de [[Forces de défense d'Israël]] de se procurer des armes par elles-mêmes grâce à l’Altalena, un bateau de l’organisation. Ben Gourion prend prétexte de cette tentative pour dénoncer une tentative factieuse, et faire donner l’assaut au bateau. Lors de celui-ci, il y a dix-huit morts : seize membres de l’''Irgoun'' et deux soldats de ''[[Tsahal]].'' « Au lendemain du 22 juin, l’''Irgoun'' a virtuellement cessé d’exister comme force militaire autonome, sauf à Jérusalem. Ses bataillons ont été dissouts dans l’armée et des mandats d’arrêts ont été lancés contre plusieurs de ses chefs<ref name="Hdi249">''Histoire de la droite israélienne'' {{p.}}249.</ref> ». Les membres des unités dissoutes sont répartis dans les autres unités de ''Tsahal''.
 
=== Les derniers combats et l'opération ''Kedem'' (juillet 1948) ===
[[Fichier:Jaffa Gate Jerusalem.jpg|thumb|La Porte de Jaffa, un des axes de l'offensive ''Kedem''.]]
L’''Irgoun'' et le ''Lehi'' continuent à exister jusqu’en septembre à [[Jérusalem]], ville prévue par l’[[Organisation des Nations unies|ONU]] pour être séparée d’Israël et devenir une « zone internationale ». Les accords nationaux d’intégration de ces organisations à ''Tsahal'' ne s’y appliquent donc pas.
 
Lors de la « guerre des Dix Jours » ([[9 juillet]] – {{Date|18|juillet|1948}}), après la première trêve, l’''Irgoun'' connaît ses derniers combats, mais sans succès. Le commandement israélien lance en effet l’opération ''Kedem'', qui visait à prendre toute la ville de [[Jérusalem]], et surtout la vieille ville.
 
Prévue dans un premier temps pour être menée par l’''Irgoun'' et le ''Lehi'' le [[8 juillet]], juste après la première trêve, l’opération ''Kedem'' est reportée par [[David Shaltiel]], commandant de Jérusalem. En effet, celui-ci met en doute leurs chances de succès. Le [[9 avril]], ces groupes avaient en effet échoué à capturer le village mal défendu de Deir Yassin sans l’aide de la ''Haganah''.
 
Le plan d’attaque prévoit que les forces de l’''Irgoun'', commandée par [[Yehouda Lapidot]] (« Nimrod »), doivent entrer par la porte ''Bab al Jedid'' (la Nouvelle Porte), le ''Lehi'' passant par le mur partant de ''Bab al Jedid'' et par la porte de ''Jaffa'', enfin le bataillon ''Beit Hiron'' passant par le [[mont Sion]]<ref name="lapidot">D’après les {{en}} [http://www.etzel.org.il/english/ac19.htm#33 mémoires de Yehouda Lapidot sur l’opération Kedem], sur son site internet consacré à l’Irgoun. Consulté le 13 mai 2008. Également rapporté par {{en}} [http://books.google.fr/books?id=mCfwnAn9uBYC&pg=RA2-PA332&lpg=RA2-PA332&dq=%2Bkedem+%2Bjerusalem+%2Blapidot&source=web&ots=oYqLeqmILP&sig=W9C0s92nAz-60yORGDNCr1mOYQc&hl=fr#PRA1-PA335,M1 {{lang|en|''Terror Out of Zion: The Fight for Israeli Independence''}}], de J. Bowyer Bell, 1996, {{lang|en|''transaction Publishers''}}, pages 332-334, {{ISBN|1560008709}}. Nécessite un compte {{lang|en|google books}}.</ref>.
 
La bataille est finalement prévue pour débuter au [[Shabbat]], le vendredi [[16 juillet]] à {{nombre|20|h}}, un jour avant le second cessez-le-feu. Cependant l’organisation tourne mal et l’opération est reportée à {{nombre|23|h}} puis à minuit, pour en fin de compte commencer à {{nobr|2 h 30}} du matin. L’''Irgoun'' réussit à se frayer un chemin par la porte ''Bab al Jedid'', mais les autres escouades échouent dans leurs objectifs. À {{nobr|5 h 45}}, [[David Shaltiel]] est contraint d’ordonner la cessation des hostilités et de replier ses troupes. Une nouvelle trêve entre en vigueur le 18 juillet, et les combats cessent.
 
=== Dissolution des unités de l<nowiki>'</nowiki>''Irgoun'' de Jérusalem (septembre 1948) ===
[[Fichier:Folke-Bernadotte.jpg|thumb|[[Folke Bernadotte]]. Son assassinat par le ''Lehi'' entraîne la dissolution de l’''Irgoun''.]]
{{article détaillé|Folke Bernadotte}}
Pendant cette seconde trêve, le [[16 septembre]], [[Folke Bernadotte]], médiateur des Nations unies, propose un nouveau plan de partage de la Palestine, dans lequel la [[Transjordanie]] annexerait les zones arabes comprenant le [[Néguev]], [[Ramla]] et [[Lydda]]. Ce plan prévoit également un État juif occupant l’entière Galilée, le passage de [[Jérusalem]] sous contrôle international et le rapatriement (ou dédommagement) des réfugiés. Le plan est refusé par les Israéliens et par les Arabes.
 
Le lendemain, [[17 septembre]], Bernadotte est assassiné par le ''[[Lehi]]'' à [[Jérusalem]], lequel considère que ses positions sont trop pro-arabes<ref name="Hdi253-254">''Histoire de la droite israélienne'', 1991, pages 253-254</ref>. En {{nombre|24|heures}}, plus de {{nombre|250|membres}} du ''[[Lehi]]'' sont interpellés dans tout le pays. Suite à cet assassinat, le gouvernement fit interdire l'Irgoun et le [[Lehi]] par le ''Prevention of Terrorism Ordinance'', le 23 septembre 1948<ref>{{ouvrage
| langue = en
| prénom1 = Yvonne
| nom1 = Schmidt
| lien auteur1 =
| titre = Foundations of Civil and Political Rights in Israel and the Occupied Territories
| sous-titre =
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| lire en ligne = http://books.google.com/books?id=51gNA4Go_lUC&lpg=PA254&ots=MTU_nhKFpv&dq=%22Prevention%20of%20Terrorism%20Ordinance%22%20%20Irgun&pg=PA254
| consulté le = 18 août 2009
}}</ref>, bien qu’il sache qu’elles n’ont pas été mêlées au crime<ref>''Histoire de la droite israélienne'', 1991, page 254.</ref>. L’entreprise d’intégration du ''[[Lehi]]'' et de l’''Irgoun'' à ''[[Tsahal]]'', largement entamée dès le début juin, renforcée pendant la première trêve, est donc achevée avec la seconde.
 
== Le passage à l'action politique ==
{{article détaillé|Herout|Likoud}}
[[Menahem Begin]] accepte de se soumettre à la loi du nouveau gouvernement provisoire. Prenant acte de la dissolution de l’''Irgoun'', il crée fin 1948 le parti ''[[Herout]]'' (« liberté ») qui est dirigé par des anciens de l’''Irgoun'', et qui reprend l’essentiel de son idéologie.
 
Le [[Sionisme révisionniste|Parti révisionniste]], peu actif depuis la mort de [[Vladimir Jabotinsky]] en 1940, est également absorbé par le ''[[Herout]]''. Mais ses dirigeants, parfois critiques des actions de l’''Irgoun'' entre 1944 et 1948, sont tenus à l’écart des postes clefs par Begin.
 
Pendant trente années, le ''[[Herout]]'', puis son successeur le ''[[Likoud]]'' restent cantonnés à l’opposition.
 
Les [[années 1950]] sont particulièrement tendues, l’opposition entre le ''Herout'' de Begin et le ''Mapaï'' de Ben Gourion atteignant des sommets. Cette opposition frontale culmine lors du débat sur les réparations allemandes et lors de l’affaire Kastner, des anciens membres des organisations armées (''Irgoun'' et ''Lehi'') revenant même aux méthodes violentes de leurs anciennes organisations.
 
=== Les réparations allemandes ===
[[Fichier:Bundesarchiv B 145 Bild-F005630-0005, Konrad Adenauer.jpg|thumb|Konrad Adenauer en 1952.]]
Le ''Herout'' dénonce en des termes extrêmement violents l’accord sur les réparations passé avec l’Allemagne fédérale en 1952, qu’il considère trahir la mémoire des victimes du [[Shoah|génocide]]. [[Menahem Begin]] organise des manifestations violentes, et est d’ailleurs exclu pour cela pendant quinze mois de la [[Knesset]] (entre 1952 et 1953). Certains militants radicaux du ''Herout'' tentent même de commettre des attentats contre des « dons » allemands.
 
Le {{date|27|mars|1952}}, un démineur allemand est tué par un colis adressé par la poste au chancelier allemand [[Konrad Adenauer]]. Quelques semaines plus tard, cinq Israéliens sont arrêtés en France, dont Eliezer Sudit, un ancien membre de l’''Irgoun''. En 2006, celui-ci a affirmé qu’il avait eu « une "rencontre secrète" avec Begin, et avait suggéré "une opération qui secouerait le monde et prouverait que tous les Israéliens n’étaient pas prêt à accepter de l’argent en expiation du sang versé" »<ref>Rapporté par le journal [[Haaretz]] du 14 juin 2006.</ref>. « L’intention n’était pas de frapper Adenauer, mais d’alerter les média internationaux<ref>[[Haaretz]] du 15 juin 2006.</ref> ». L’implication de Begin dans l’attentat ne peut cependant être confirmée par une autre source, et est mise en doute par ses anciens proches.
 
En {{date||septembre|1953}}, Petahia Shamir, chef du ''[[Betar]]'' israélien (l’organisation de jeunesse de la droite sioniste) est arrêté pour avoir voulu faire sauter le ''Ramon'', un cargo donné par l’Allemagne.
 
Vers la même époque, Dov Shilansky, ancien de l’''Irgoun'', futur député et ministre du ''[[Likoud]]'', futur candidat du ''Likoud'' à l’élection présidentielle de 1993 (il perd par {{nombre|53|voix}} contre 66<ref>[http://www.knesset.gov.il/president/eng/previous_vote_frame_eng.htm {{en}}{{lang|en|''Previous Presidential Elections''}}] site de la ''[[Knesset]]''.</ref>), est arrêté pour avoir voulu déposer une bombe au ministère des affaires étrangères israélien.
 
L’implication de Begin n’est pas prouvée. Mais la gauche dénonce un retour aux méthodes « terroristes » de l’''Irgoun'', et le risque d’une guerre civile entre Juifs.
 
=== L’affaire Israël Kastner ===
[[Israël Kastner]] est un membre assez important du ''[[Mapaï]]''. Pendant la [[Seconde Guerre mondiale]], il a mené des négociations avec le [[Troisième Reich]], tentant d’échanger des Juifs européens contre la fourniture de camions. Ces négociations ont été des échecs, mais un petit groupe de Juifs a pu être évacué. Kastner a dû choisir ceux qu’il évacuait, et donc aussi ceux qu’il n’évacuait pas. C’est sur cette base que Kastner est traîné en justice en 1953 par un proche du ''Herout''. D’abord condamné, il est finalement blanchi le {{date|15|janvier|1958}} par la justice.
 
Mais le ''Herout'' a mené une campagne très violente contre le ''[[Mapaï]]'', accusé d’avoir trahi les Juifs d’[[Europe]]. Kastner est assassiné le {{date|3|mars|1957}} (avant son acquittement) par trois anciens sympathisants du ''[[Lehi]]''. Compte tenu de sa campagne, le ''Herout'' est tenu pour au moins moralement responsable par une partie de l’opinion publique.
 
=== L'accession au pouvoir ===
[[Fichier:Menachem Begin 2.jpg|thumb|Menahem Begin en 1978, après son accession au pouvoir comme premier ministre.]]
[[Fichier:Etzel (irgun) memorial in ramat gan.jpg|thumb|Mémorial de l’IZL, à [[Ramat Gan]].]]
 
le ''[[Herout]]'' des années 1950 apparaît à beaucoup d’Israéliens comme un parti radical, ne parvenant pas à rompre avec la culture politique héritée de l’''Irgoun''. Les résultats électoraux restent donc modestes<ref>[http://www.knesset.gov.il/faction/eng/FactionListAll_eng.asp?view=1 Voir le site de la Knesset israélienne.]</ref>.
 
{| class="wikitable" border="1"
! Années|| 1949 || 1951 || 1955 || 1959 || 1961
|-
! pourcentage|| 11,5% || 6,6% || 12,5% || 13,5% || 13,8%
|-
! Sièges|| 14 || 8 || 15 || 17 || 17
|}
 
Dans les années 1960, le discours devient plus policé, surtout après le départ du pouvoir de Ben Gourion en 1963, dont son biographe, Michel Bar-Zohar a pu écrire qu’il « sait haïr, avec ténacité, avec passion, jusqu’au bout. Sa haine contre les Etzel (''Irgoun'') et son chef, [[Menahem Begin|Begin]], est tenace<ref>Michel Bar-Zohar, ''Ben Gourion, le prophète armé'', Librairie A. Fayard, Paris, 1966.</ref> ».
 
En 1965, le ''Herout'' s’allie avec le parti Libéral israélien, héritier des [[sionistes généraux]]. Le vieux mouvement centriste, allié historique des socialistes, s’est détaché d’eux en 1955. Ensemble, le ''Herout'' et le parti Libéral forment la coalition électorale ''[[Gahal]]''. La présence des libéraux donne une image plus modérée à la droite israélienne.
 
La nouvelle alliance obtient de bons résultats électoraux, et s’affirme comme la première force d’opposition.
 
En 1967, c’est la [[guerre des Six Jours]]. Peu avant celle-ci, le Premier ministre socialiste, [[Levi Eshkol]], qui n’a pas la même hostilité pour [[Menahem Begin]] que [[David Ben Gourion]], invite le ''Herout'' à participer à la coalition gouvernementale. Le ''Herout'' accepte, et reste au gouvernement jusqu’en 1970, obtenant ainsi une respectabilité nouvelle. Il quitte le gouvernement par hostilité au plan de paix américain, dit [[plan Rogers]], que le gouvernement israélien n’avait pas rejeté.
 
En 1977, le ''Likoud'' remporte les élections, et [[Menahem Begin]] devient premier ministre. Conformément à l’idéologie nationaliste traditionnelle du [[sionisme révisionniste|mouvement révisionniste]] depuis sa création en [[1925]], les héritiers de l’''Irgoun'' lancent un programme d’[[Colonie israélienne|implantations juives]] de grande envergure dans les territoires palestiniens occupés après la [[guerre des Six Jours]], afin de faire coïncider les frontières de l’État d’Israël et celle d’''[[Eretz Israel]]''. La Jordanie, dont la légitimité en tant qu’État arabe implanté sur la partie orientale d’''Eretz Israel'' a été longtemps contestée n’est cependant à ce stade plus remise en cause, impliquant une révision de fait de la définition territoriale d’''[[Eretz Israel]]'' défendue par l’''Irgoun''.
 
== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Elie Barnavi]] |titre=Une histoire moderne d’Israël |éditeur= Champs / Flammarion |année=1988 |isbn=2080812467}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Menahem Begin]] |titre=La Révolte d’Israël |éditeur= Éditions Albatros |année=1978}}
* {{Ouvrage|id= |langue=anglais |auteur=[[Ahron Bregman]] |titre={{lang|en|Israel’s Wars: A History Since 1947}} |éditeur=Routledge |lieu={{lang|en|London}} |isbn=0415287162 |année=2002}}
* {{Ouvrage|id=gelber |langue=anglais |auteur=[[Yoav Gelber]] |titre=Palestine 1948 |éditeur= {{lang|en|Sussex Academic Press}} |lieu=Brighton |année=2006 |isbn=1845190750}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Fred Goldstein]] |titre=L’Irgoun (préface de Menahem Begin) |éditeur= France-Empire |année=1980}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Alain Gresh]] |titre= et [[Dominique Vidal]] |lire en ligne=http://www.editionscomplexe.com/pages/catalog_detail.php?categoryid=9&bookid=157 Palestine 47, un partage avorté |éditeur= Éditions Complexe |année=1994 |isbn=2870275218}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=Haber |titre=Menahem Begin |éditeur= Stock |année=1978}}
* {{Ouvrage|id= langue=anglais |auteur=[[Efraïm Karsh]] |titre={{lang|en|The Arab-Israeli Conflit - The Palestine War 1948}} |éditeur= {{lang|en|Osprey Publishing}} |année=2002 |isbn=1841763721}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Dominique Lapierre]] et [[Larry Collins]] |titre=Ô Jérusalem |éditeur= Robert Laffont |année=1971 |isbn=2266106988}}
* {{Ouvrage|id=laurens |auteur=[[Henry Laurens]] |titre=Paix et guerre au Moyen-Orient |éditeur= Armand Colin |lieu=Paris |année=2005 |isbn=2200269773}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Victor Malka]] |titre=Menahem Begin, la Bible et le fusil |éditeur= Éditions Media |année=1977}}
* {{Ouvrage|id= |langue=anglais |auteur=[[Benny Morris]]|titre={{lang|en|The Birth Of The Palestinian Refugee Problem Revisited}} |éditeur= {{lang|en|Cambridge University Press}} |lieu=UK |année=2003 |isbn=0521009677}}
* {{Ouvrage|id= |langue=anglais |auteur=[[Benny Morris]] |titre={{lang|en|Righteous Victims, A History of the Zionist-Arab Conflict, 1881-2001}} |éditeur= {{lang|en|Vintage}} |année=2001 |isbn=0679744754}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Thierry Nolin]] |titre=La Haganah - L’armée secrète d’Israël |éditeur= Balland |année=1971 |isbn=2253002038}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Ilan Pappé]] |titre=La guerre de 1948 en palestine |éditeur= La fabrique éditions |année=2000 |isbn=226404036X}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Yitzhak Rabin]] |titre=Mémoires |éditeur= Buchet/Chastel |année=1980}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Pierre Razoux]] |titre=Tsahal, nouvelle histoire de l’armée israélienne |éditeur=Perrin |année=2006 |isbn=226202328X}}
* {{Ouvrage|id= |auteur=[[Marius Schattner]] |titre=Histoire de la droite israélienne |éditeur= Éditions Complexe |année=1991 |isbn=2870273843}} - Lisible sur [http://books.google.fr/books?id=sBbXt8vUxtUC&printsec=frontcover&dq=Histoire+de+la+Droite+isra%C3%A9lienne#PPP1,M1 Google Books.]
 
=== Articles connexes ===
{{Commonscat|Irgun (group)|Irgoun}}
* [[Menahem Begin]]
* [[Avraham Tehomi]]
* [[David Ratziel]]
* [[Émeutes de Jérusalem de 1920]]
* [[Sionisme révisionniste]]
* [[Histoire du sionisme]]
* [[Grande Révolte arabe de 1936-1939 en Palestine mandataire]]
* [[Événements dans les centres urbains de la Palestine mandataire en 1948]]
* [[Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire]]
* [[Violence politique sioniste]]
* ''[[Lehi]]''
* ''[[Haganah]]''
 
=== Liens externes ===
* {{en}} [[Yehouda Lapidot]], [http://www.daat.ac.il/daat/english/history/lapidot/shaar.htm {{lang|en|''BESIEGED - Jerusalem 1948 - memories of an Irgun fighter''}}] (''ASSIÉGÉ - Jérusalem 1948 - mémoires d’un combattant de l’Irgoun''), livre publié en ligne sur Internet.
 
=== Notes et références ===
{{références|colonnes=2}}
{{Portail|conflit israélo-arabe|Israël|violence politique}}
-->
 
{{geo-stub}}
 
[[Kategori:Israel]]
 
[[ar:إرجون (منظمة عسكرية)]]
[[bg:Иргун]]
[[ca:Irgun]]
[[cs:Irgun]]
[[da:Irgun]]
[[de:Irgun Tzwa’i Le’umi]]
[[en:Irgun]]
[[es:Irgún]]
[[et:Irgun Tsva'i Le'umi]]
[[eu:Irgun]]
[[fa:سازمان نظامی ملی در سرزمین اسرائیل]]
[[fi:Irgun]]
[[fr:Irgoun]]
[[gl:Irgun]]
[[he:ארגון צבאי לאומי]]
[[it:Irgun Zvai Leumi]]
[[ja:エツェル]]
[[nl:Etsel]]
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[[no:Irgun]]
[[pl:Irgun Cwai Leumi]]
[[pt:Irgun]]
[[ru:Иргун]]
[[sv:Irgun]]
[[tr:Irgun]]
[[uk:Ірґун цваї леумі]]
[[yi:אצ"ל]]
[[zh:Irgun]]