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[[File:Portrait of Joan Miro, Barcelona 1935 June 13.jpg|thumb|right|Joan Miró i Ferrà (1935)]]
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{{Infobox Artiste/Projet V2
| nom = Joan Miró
| image = Portrait of Joan Miro, Barcelona 1935 June 13.jpg
| taille image =
| légende = Joan Miró photographié par [[Carl van Vechten]] le {{Date|13|juin|1935}}, à [[Barcelone]].
| nom de naissance = Joan Miró i Ferrà
| nom alias =
| activité = [[Peinture]], [[sculpture]], [[céramique]], [[Peinture murale]]
| date de naissance = {{date|20|avril|1893}}
| lieu de naissance = [[Barcelone]], {{Catalogne}}, {{Espagne}}
| date de décès = {{date|25|décembre|1983}} (89 ans)
| lieu de décès = [[Palma de Majorque]], [[Baléares]], [[Espagne]]
| mouvement = [[Surréalisme]], influences du [[dadaïsme]], [[cubisme]] et [[fauvisme]]
| formation =
| maîtres = [[Modest Urgell]], Josep Pascó
| élèves = [[Arshile Gorky]]
| mécènes =
| distinctions =
Prix de l’imprimé à la [[Biennale de Venise]] ([[1954]])<ref name=JMPeintre>{{lien web|url=http://www.moreeuw.com/histoire-art/biographie-joan-miro.htm|titre=Joan Miró, peintre}}</ref>{{,}}<ref name=parkwestgallery>{{lien web|url=http://bio.parkwestgallery.com/artists/Joan-Miro|titre=Joan Miró|édition=park gallery}}</ref><br/> Prix de la [[Fondation Guggenheim]] ([[1959]])<ref name=JMPeintre/> <br/> [[Chevalier de la légion d'Honneur]] ([[1962]]) <br/> Prix [[Carnegie]] de peinture ([[1966]])<ref name=parkwestgallery/> <br/> ''[[Docteur honoris causa]]'' à l'[[Université d'Harvard]] ([[1968]])<ref name=SculpModerne>{{lien web|url=http://www.sculpturemoderne.com/fr/page/maker-miro/joan_mir%C3%B3.html|titre=Sculpture moderne, Joan Miró}}</ref> <br/> Médaille d'or de la [[generalitat de Catalogne]] ([[1978]]) <br/> ''[[Docteur honoris causa]]'' à l'[[Université de Barcelone]] ([[1979]])<ref name=SculpModerne/> <br/> Médaille d'or du Ministère de la Culture espagnol ([[1980]])
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[[Berkas:Portrait of Joan Miro, Barcelona 1935 June 13.jpg|thumb|right]]
'''Joan Miró''' ('''Joan Miró i Ferrà''' dalam [[bahasa Katalan]], dilahirkan pada tanggal [[20 April]], [[1893]], [[Barcelona]] dan wafat pada tanggal [[25 Desember]], [[1983]], [[Palma de Majorque]], [[Spanyol]]) adalah seorang pelukis, pematung dan pembuat keramik.
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[[peintre]], [[sculpteur]], [[graveur]] et [[céramiste]]. De nationalité espagnole, Joan Miró se définit comme ''catalan international''<ref group="Margit Rowell">{{opcit}} {{p.}} 73</ref>. C'est l'un des principaux représentants du mouvement [[surréalisme|surréaliste]].
Son œuvre reflète son attrait pour le [[subconscient]], pour « l'esprit enfantin », et pour son pays. À ses débuts, il montre de fortes influences [[fauvisme|fauvistes]], [[cubisme|cubistes]] et [[expressionnisme|expressionnistes]], avant d'évoluer vers une peinture plane avec un certain côté [[naïf]]. Le tableau intitulé ''[[La Ferme (peinture)|La Ferme]]'', peint en 1920, est l'une des toiles les plus connues de cette époque.
À partir de son départ pour [[Paris]], son œuvre devient plus [[onirisme|onirique]], ce qui correspond aux grandes lignes du mouvement surréaliste auquel il adhère<ref name="gec">{{ouvrage|langue=ca|titre=La Gran Enciclopèdia en català|volume=13|année=2004|lieu=Barcelona|édition=Edicions 62|isbn=84-297-5441-5}}</ref>. Dans de nombreux entretiens et écrits des années 1930, Miró manifeste son désir d'abandonner les méthodes conventionnelles de la peinture, pour — selon ses propres mots — {{citation|les tuer, les assassiner ou les violer}}, favorisant ainsi une forme d'expression contemporaine. Il ne veut se plier à aucunes exigences, ni à celles de l'[[esthétique]] et de ces méthodes, ni à celles du [[surréalisme]]<ref name="hgs">{{Ouvrage|nom=Hugnet|prénom=Georges|titre=Joan Miró ou l'enfance de l'art|édition=Cahiers d'Art|numéro=7-8, 6e année|lieu=Paris|passage=335-340}}</ref>.
En son honneur a été fondée à Barcelone la « [[Fondation Miró]] », en 1975. C'est un centre culturel et artistique dévolu à la présentation des nouvelles tendances de l'art contemporain. Elle est initialement alimentée par un important fond offert par le maître. D'autres lieux possèdent d'importantes collections d'œuvres de Miró, comme la Fondation Pilar et Joan Miró de [[Palma de Majorque]], le [[Musée national d'art moderne]] de [[Paris]], le [[Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut|musée d'art moderne de Lille]] et le ''[[Museum of Modern Art]]'' de [[New York]].
== Biographie ==
=== Enfance et études (1893-1918) ===
[[Fichier:JoanMiro-DeuxPersonnagesFantastiques.jpg|thumb|upright|left|Personnages fantastiques (1978) exposés à [[La Défense]] (Paris).]]
Joan Miró, ou Joan Miró Ferrà<ref name="Bénézit">{{Ouvrage|auteur=Dictionnaire E. [[Bénézit]]|titre=Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays|édition=Gründ|langue=français|mois=janvier|année=1999|tome=9|isbn=2700030192|volume=9|passage=669-673}}</ref> est né le 20 avril 1893<ref>{{ca}}{{en}}{{es}} {{lien web|url=http://www.fundaciomiro-bcn.org/joanmirobiografia.php|titre=Bibliographie complète en ligne|édition=[[Fondation Miró]]|lieu=Barcelone}}</ref> dans un passage proche de la [[plaça Reial]] de [[Barcelone]]. Son père, Miquel Miró i Adzeries, fils d'un [[forgeron]] de [[Cornudella de Montsant|Cornudella]], est orfèvre et possède une bijouterie-horlogerie<ref name="Bénézit"/>. Il fait la rencontre de Dolorès Ferrà i Oromí, la fille d'un ébéniste de [[Majorque]] avec laquelle il se marie<ref group="note">La date du mariage de ses parents demeure inconnue.</ref>. Le couple s'établit dans la rue du crédit à [[Barcelone]], où naissent par la suite leurs deux enfants, Joan et Dolorès<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}10-12</ref>. Joan commence à dessiner dès l'âge de huit ans<ref name="Bénézit"/>.
Miró respecte le vœu de son père et commence par étudier le commerce à partir de 1907 pour avoir une bonne formation et réussir à être « quelqu'un dans la vie ». Cependant, il abandonne ces études pour s'inscrire, la même année, à l'École des Beaux-arts de La Lonja<ref name="Bénézit"/>. Joan y suit des cours du soir<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}10-12</ref>, notamment ceux de [[Modest Urgell]] et de Josep Pascó. Les dessins de 1907 conservés à la [[Fondation Miró]] sont empreints de l'influence du premier. D'autres dessins du maître exécutés peu avant sa mort portent la mention « en souvenir de Modest Urgell » et résument la profonde affection de Miró envers son professeur. Il reste également des dessins de l'époque où Miró reçoit les cours de Josep Pascó, professeur d'[[arts décoratifs]] de l'époque [[modernisme|moderniste]]. On y trouve par exemple les dessins d'un [[paon]] et d'un [[serpent]]. Miró apprend de ce professeur la simplicité de l'expression et les tendances artistiques à la mode<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}10-12</ref>{{,}}<ref group="Mink">{{opcit}} {{p.}}10</ref>.
À dix-sept ans, Miró travaille durant deux ans comme commis dans un magasin de denrées coloniales, jusqu'à ce qu'en 1911 il contracte le [[typhus]]<ref name=biblioEn>{{en}}{{lien web|url=http://www.roderickconwaymorris.com/Articles/23.html|titre=Miró: Driven by abstraction but tied to the Catalan soil}}</ref> et soit obligé de se retirer dans une ferme de famille, à [[Mont-roig del Camp]], dans les environs de Tarragone. Il y prend conscience de son attachement à la terre catalane<ref name="Bénézit"/>.
Il rentre ensuite, en 1911, à l'École d'Art tenue par l'architecte baroque Francisco Galli, à Barcelone, avec la ferme résolution d'être peintre. Malgré des réticences, son père appuie sa vocation. Il y demeure trois ans durant puis fréquente l'Académie libre du Cercle Saint-Luc, y dessinant d'après modèles nus jusqu'en 1918<ref name="Bénézit"/>. En 1912, il intègre donc l'académie d'art dirigée par Francesc d'Assís Galí i Fabra, et y découvre les dernières tendances artistiques européennes. Il assiste à ses cours jusqu'à la fermeture du centre en 1915. En parallèle, Miró suit les enseignements du Cercle artistique de Saint-Luc où il apprend le dessin d'après nature. Il y rencontre [[Josep Francesc Ràfols]], [[Sebastià Gasch]], [[Enric Cristòfor Ricart]] et [[Josep Llorens i Artigas]] avec qui il constitue le groupe artistique intitulé « [[Groupe Courbet]] »<ref group="Mink">{{opcit}} {{p.}}92</ref>, qui se fait connaître le {{date|28|février|1918}} en apparaissant dans un encart du journal « [[la publicité]] »<ref name="gec"/>.
Miró découvre la peinture moderne à la galerie Dalmau de Barcelone, qui expose depuis 1912 des peintures impressionnistes, fauvistes et cubistes<ref name="Bénézit"/>. En 1915, il décide de s'installer dans un atelier, qu'il partage avec son ami Ricart. Il fait la rencontre de [[Picabia]] deux ans plus tard<ref name="Bénézit"/>.
=== Premières expositions puis notoriété (1918-1923) ===
[[Fichier:Grande Maternite.JPG|thumb|upright|''Grande maternité'', bronze ([[San Francisco]]).]]
==== Premières œuvres ====
Les galeries Dalmau de Barcelone accueillent la première exposition individuelle de Joan Miró du 16 février au 3 mars 1918. Le peintre catalan est exposé parmi d'autres artistes d'influences diverses<ref name="Bénézit"/>. L'exposition regroupe soixante-quatorze œuvres, paysages, natures mortes et portraits. Ses premières peintures dénotent une influence claire de la tendance [[Postimpressionnisme|postimpressionniste]] française, du [[fauvisme]] et du [[cubisme]]. Les toiles de 1917 ''Ciurana, le village'' et ''Ciurana, l'église'' montrent une proximité avec les couleurs de [[Van Gogh]] et les paysages de [[Cézanne]], le tout renforcé par une palette sombre.
L'une des toiles de cette époque qui attire le plus l'attention est ''[[Nord-Sud (Miró)|Nord-Sud]]'', du nom d'une revue française de 1917 dans laquelle [[Pierre Reverdy]] écrit à propos du cubisme. Dans cette œuvre, Miró mêle des traits de [[Cézanne]] avec des symboles peints à la façon des cubistes [[Juan Gris]] et [[Pablo Picasso]]. La toile ''Portrait de V. Nubiola'' annonce la fusion du cubisme avec d'agressives couleurs fauves<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}48-54</ref>. Durant ce même printemps 1917, Miró expose au Cercle artistique de Saint-Luc avec les membres du « Groupe Courbet »<ref group="Carmen">{{opcit}} {{p.}} 484</ref>.
Miró continue pendant des années à passer ses étés à Mont-roig, comme il en avait l'habitude. Il abandonne là-bas les couleurs et les formes dures utilisées jusqu'alors pour les remplacer par d'autres plus subtiles. Il explique cette démarche dans une lettre du {{date|16|juillet|1918}} à son ami Ricart :
{{citation bloc|Pas de simplifications ni d’abstractions. En ce moment je ne m’intéresse qu’à la calligraphie d’un arbre ou d’un toit, feuille par feuille, branche par branche, herbe par herbe, tuile par tuile. Ceci ne veut pas dire que ces paysages deviendront cubistes ou rageusement synthétiques. Après, on verra. Ce que je me propose de faire est de travailler longtemps sur les toiles et de les achever autant que possible. À la fin de la saison et après avoir tant travaillé, peu importe si j'ai peu de toiles. L'hiver prochain, messieurs les critiques continueront à dire que je persiste dans ma désorientation.|Joan Miró<ref>{{ouvrage|lire en ligne=http://www.tesisenxarxa.net/TDX/TDX_UIB/TESIS/AVAILABLE/TDX-0322105-134942//tspr1de2.pdf|titre=Thèse de doctorat|sous-titre=Une lecture philosophique à partir de ''La Ferme''|auteur=Saturnino Pesquero Ramón|année=1999|édition=Université des îles Baléares|passage=119|langue=es}}</ref>{{, }}<ref> {{ouvrage|langue=es|titre=Miró - Declaraciones|année=1993|langue=es|page=138}}</ref>}}
Dans les paysages peints à cette époque Miró use d'un vocabulaire nouveau fait d'[[iconographie]] et de symboles méticuleusement sélectionnés et organisés. Par exemple, dans les ''Vignes et oliviers de Mont-roig'', les racines qui sont dessinées sous la terre et qui sont complètement individualisées représentent une connexion physique avec la terre<ref>{{ouvrage|langue=es|nom1=Lubar|prénom1=Robert S.|titre=La Mediterrània de Miró : concepción d'una identitat cultural|langue=ca|édition=Fundació Joan Miró - Leonardo Arte|année=1993|passage=45-47}}</ref>.
==== Paris puis « La Ferme » (1921-1922) ====
{{loupe|La Ferme (peinture)}}
Miró entreprend en 1919 son premier voyage à Paris. Ce n'est alors qu'un simple voyage<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}77</ref> mais le peintre se fixe durablement dans la capitale française au début des années 1920<ref group="note">En 1920 selon le ''[[Bénézit]]'', en mars 1921 selon Jacques Dupin</ref>. Après avoir logé quelques temps à l'hôtel Namur, [[rue Delambre]], puis dans un meublé de la [[rue Berthollet]], le sculpteur [[Pablo Gargallo]]<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}84</ref> l'aide à trouver un atelier au 45 rue Blomet<ref>{{harvsp|id=JPMourey|texte=Jean-Pierre Mourey|p=243}}</ref>, où il peut déposer ses tableaux<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}84</ref>. En 1922, [[Jean Dubuffet]] lui laisse son appartement [[rue Gay-Lussac]]<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}454</ref>. Au 45 [[rue Blomet]], Miró rencontre des peintres et des écrivains qui deviennent ses amis : [[André Masson]], [[Max Jacob]], [[Antonin Artaud]]. L'atelier devient un creuset effervescent où s'élaborent un nouveau langage et une nouvelle sensibilité. Miró y retrouve [[Michel Leiris]] et [[Armand Salacrou]]. L'atelier est situé à quelques centaines de mètres de la rue du Château où habitent [[Yves Tanguy]], [[Marcel Duhamel]] et [[Jacques Prévert]]. Les deux groupes se rencontrent souvent et nouent des amitiés chaleureuses. La plupart d'entre eux rejoindront le surréalisme<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}84</ref>. {{Citation| La rue Blomet, c'est un lieu, un moment décisif pour moi. J'y ai découvert tout ce que je suis, tout ce que je deviendrai. C'était le trait d'union entre le [[Montmartre]] des surréalistes, et les « attardés » de la rive gauche<ref>{{harvsp|Miró|Dupin|p=100}}</ref>.}}
Miró ne retourne en Espagne que durant les périodes estivales. Il rencontre des membres du mouvement « [[Dada]] » et retrouve Picasso qu'il avait connu à Barcelone. Il se lie d'amitié avec les poètes [[Pierre Reverdy]], [[Max Jacob]] et [[Tristan Tzara]]. En 1921 a lieu sa première exposition parisienne à la galerie La Licorne, préfacée par Maurice Raynal. Avec cette exposition s'achève sa période dite « réaliste »<ref name="Bénézit"/>.
De 1921 à 1922, Miró travaille sur ''[[La Ferme (peinture)|La Ferme]]'' qui est l'œuvre principale de cette époque dite « détailliste ». Commencée à [[Mont-roig del Camp|Mont-roig]], achevée à Paris, ce tableau contient en germe toutes les possibilités que le peintre reprend par la suite en les infléchissant vers le fantastique. C'est une œuvre de base, une œuvre clé, synthèse de toute une période<ref>{{harvsp|Miró|Dupin|p=88}}</ref>. La relation mythique maintenue par le maître avec la terre est résumée par cette toile qui représente la ferme de sa famille de Mont-roig. Il sépare le [[graphisme]] au caractère ingénu et réaliste des objets, les animaux domestiques, les plantes avec lesquelles l'être humain travaille, et les objets quotidiens de l'homme. Tout est étudié dans le moindre détail dans ce qu'on appelle la « calligraphie miróniène » et qui est le point de départ du [[surréalisme]] de Miró dans les années suivantes<ref group="Rebull">{{opcit}} {{p.}} 6-9</ref>. Les dernières œuvres de sa période « réaliste » sont terminée dès 1923 : ''La Fermière'', ''Fleurs et papillon'', ''La Lampe à Carbure'', ''l'Épi de blé'', ''Grill et lampe à carbure''<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}89</ref>
Une fois ''La Ferme'' achevée, l'auteur décide de la vendre pour des motifs économiques. [[Léonce Rosenberg]], qui s'occupe des toiles de [[Pablo Picasso]], accepte de la prendre en dépôt. Après quelques temps, et devant l'insistance de Miró, le galeriste propose au peintre de partager l'œuvre en toiles plus petites pour faciliter sa commercialisation. Miró furieux récupère la peinture à son atelier avant de la confier à Jacques Viot de la galerie Pierre. Celui-ci la vend à l'écrivain américain [[Ernest Hemingway]] pour {{unité|5000|francs}}<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}29-32</ref>.
=== Le Surréalisme (1923-1930) ===
[[Fichier:Miro's sculpture, MADRID.jpg|thumb|left|''Oiseau lunaire'' [[Madrid]] (1968).]]
==== Rencontres à Paris ====
À Paris, en 1924, l'artiste rencontre des poètes surréalistes, dont [[Louis Aragon]], [[André Breton]], [[Paul Éluard]], [[Philippe Soupault]], animateurs de la revue ''Littérature'', et créateurs, en 1924, du [[surréalisme]]<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}95</ref>. Miró est cordialement introduit dans le groupe<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}35</ref>. Breton définit le surréalisme par rapport à la peinture comme {{Citation|une vacance totale, une crise absolue du modèle. Le modèle ancien, pris dans le monde extérieur n'est plus et ne peut plus être. Celui qui va lui succéder, pris dans le monde intérieur, n'est pas encore découvert<ref group="Breton">{{opcit}} {{p.}}85</ref>.
À cette époque Miró vit une crise personnelle. La réalité extérieure ne l'inspire plus. Il doit maintenant lutter contre le réalisme, la tradition, la convention, l'académisme et le cubisme et se frayer un chemin personnel au delà de Duchamp et de Picabia pour inventer un langage nouveau<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}95</ref>. La présence d'amis sûrs et engagés dans la même aventure que lui hâte la rupture décisive qu'il est en train de provoquer<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}95</ref>. Miró signe à leurs côtés le [[manifeste du surréalisme]]. [[André Breton]] affirme ainsi que Miró est {{citation|le plus surréaliste d'entre nous}}<ref name=Maeg>{{lien web|url=http://www.maeght.com/galeries/artiste_detail.asp?id=31|titre=Biographie de Joan Miró}}</ref>.
Durant cette période, le maître abandonne son style détailliste. Il travaille à la synthèse des éléments magiques déjà présents dans ses travaux antérieurs. Pendant l'été 1924, il affine sa schématisation des formes, avec notamment ''[[Paysage catalan (Le Chasseur)|le Paysage catalan]]'' (également titré : ''le Chasseur'') où sa peinture devient de plus en plus géométrique. On y retrouve des formes simples : le disque, le cône, l'équerre et le triangle<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}97</ref>. Il réduit l'objet à une ligne qui peut être droite, courbe ou pointillée. Son « lyrisme spontané de la ligne vivante, avec une progressive intrusion dans le merveilleux », aboutit ainsi à l'idéogramme dans un espace irréaliste<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}98</ref> et à ces « tableaux à déchiffrer<ref>{{harvsp|Rubin|1973|p=18}}</ref> » à partir desquels Miró aborde la série {{Citation|que par commodité nous appellerons ''les fonds gris''<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}99</ref> }}, et dont ''la Pastorale'', ''la Lampe espagnole'', ''Portrait de Mademoiselle K '', ''la Famille'', et ''la [[Danseuse espagnole]]'', font partie<ref group=Dupin>{{opcit}} {{p.}}103</ref>. }}
Pour André Breton, Miró constitue une recrue de choix pour le mouvement surréaliste. {{Citation bloc|L'entrée tumultueuse de Miró en 1924 marque une date importante de l'art surréaliste. Miró (…) franchit d'un bond les derniers barrages qui pouvaient encore faire obstacle à la totale spontanéité de l'expression. À partir de là, sa production atteste d'une liberté qui n'a pas été dépassée. On peut avancer que son influence sur Picasso, qui rallie le surréalisme deux ans plus tard, a été en grande partie déterminante<ref group="Breton">{{opcit}} {{p.}}94</ref>.}}
Miró trouve dans l'[[inconscient]] et dans l'[[onirisme]] — matériaux offerts par les techniques surréalistes — l'inspiration de ses futures œuvres. Ces tendances apparaissent dans ''Le champ de Llaurat'' notamment. C'est une allusion à ''La Ferme'' dans laquelle sont ajoutés des éléments surréalistes tels qu'un œil et une oreille à côté d'un arbre. À la même époque, on note le synthétisme de la description du personnage de la toile ''Tête fumante''<ref>{{ouvrage|nom1=Green|prénom1=Christopher|titre=Joan Miró, 1923-1933 : el darrer i primer pintor|édition=Fundació Joan Miró - Leonardo Arte|année=1993|page=62}}</ref>.
Du 12 au 27 juin 1925 a lieu une exposition à la galerie Pierre où Miró présente 16 peintures et 15 dessins. Tous les représentants du groupe surréaliste signent une invitation à l'exposition. Benjamin Péret préface son exposition personnelle, à la [[Pierre Loeb (galeriste)|galerie Pierre Loeb]] de Paris<ref name="Bénézit"/>. D'autres peintres surréalistes y exposent parmi lesquels [[Paul Klee]], dont les toiles impressionnent Miró<ref name="Bénézit"/>. Fait rare à cette époque, l'inauguration a lieu à minuit, pendant qu'à l'extérieur, un orchestre invité par [[Pablo Picasso|Picasso]] joue une [[sardane]]. Des files d'attente se forment à l'entrée. Les ventes et les critiques sont très favorables à Miró<ref group="Rebull">{{opcit}} {{p.}}11-15</ref>.
En 1926, Joan Miró collabore avec [[Max Ernst]] pour la pièce ''Roméo et Juliette'' de [[Serge de Diaghilev]] par les [[Ballets russes]]<ref>{{harvsp|id=JPMourey|texte=Jean-Pierre Mourey|p=248}}.</ref>. La première a lieu le {{date|4|mai|1926}} à [[Monte-Carlo]] et est jouée le 18 mai au [[Théâtre de la Ville|théâtre Sarah Bernhardt]] de Paris. La rumeur court que la pièce altère les pensées des surréalistes et des communistes. Un mouvement se développe pour le boycott du « bourgeois » Diaghilev et des « traîtres » Ernst et Miró. La première représentation se fait sous les sifflets et sous une pluie de feuilles rouges ; [[Louis Aragon]] et [[André Breton]] signent un texte de protestation contre la pièce. Cependant, les faits s'arrêtent là, et peu après la revue ''La Révolution Surréaliste'' éditée par Breton continue à publier les œuvres des artistes<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 46-48</ref>. Dès cette année, Miró fait partie des artistes montrés en permanence à la Galerie Surréaliste<ref name="Bénézit"/>.
==== L'œuvre surréaliste « Carnaval d'Arlequin » (1925) ====
{{loupe|Le Carnaval d'Arlequin}}
[[Fichier:Hakone open air museum (10).jpg|thumb|Sculpture de Joan Miró au musée Hakone de [[Tokyo]].]]
Une des plus intéressantes peintures de cette période est sans doute le ''Carnaval d'Arlequin'' (1925). C'est une toile totalement surréaliste qui obtient un grand succès à l'exposition collective « Peinture surréaliste » de la galerie Pierre (Paris). Elle est exposée à côté d'œuvres de [[Giorgio de Chirico]], [[Paul Klee]], [[Man Ray]], [[Pablo Picasso]] et [[Max Ernst]].
Cette peinture est considérée comme étant l'apogée de la période surréaliste de Joan Miró. Réalisée de 1924 à 1925, le maître l'exécute à une époque de sa vie économiquement difficile où il souffre, entre autres, de pénurie alimentaire et à laquelle le thème de l'œuvre est lié :
{{citation bloc|J'ai essayé de traduire les hallucinations que la faim produisait. Je ne peignais pas ce que je voyais en rêve, comme diraient aujourd'hui Breton et les siens, mais ce que la faim produisait : une forme de transe ressemblant à ce que ressentent les orientaux|Joan Miró<ref>{{article|nom=Permanyer|prénom=Lluís|langue=es|titre=Revelaciones de Joan Miró sobre su obra|lieu=Madrid|périodique=Gaseta ilustrada|année=1978|page=46-47}}</ref>}}
Les personnages principaux de la composition picturale sont un [[automate]] qui joue de la guitare et un [[arlequin]] avec de grandes moustaches. On note également de nombreux détails d'imagination répartis sur toute la toile : un oiseau aux ailes bleues sorties d'un œuf, un couple de chats jouant avec une pelote de laine, un poisson volant, un insecte qui sort d'un dé, une échelle avec une grande oreille, et, sur la partie supérieure droite, on voit au travers d'une fenêtre une forme conique supposée représenter la [[tour Eiffel]].
En 1938, Miró écrit un petit texte poétique sur cette toile : « Les écheveaux de fils défaits par les chats vêtus en arlequin s'enroulent et en poignardant mes entrailles... ». La toile se trouve actuellement dans la collection Albright-Knox Art Gallery à [[Buffalo]] ([[États-Unis]])<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 36-37</ref>.
==== La série des « Intérieurs hollandais » (1928) ====
{{loupe|Intérieurs hollandais (Miró)}}
Miró réalise pour la première fois en 1927 une illustration pour le livre ''Gertrudis'', du poète [[Josep Vicenç Foix]]. Il déménage dans un studio plus grand, rue Tourlaque où il y retrouve certains de ses amis, tels [[Max Ernst]] et [[Paul Éluard]], et rencontre [[Pierre Bonnard]], [[René Magritte]] et [[Jean Arp]]. Il s'initie au jeu du « [[cadavre exquis]] » surréaliste. En 1928, Miró se rend en [[Belgique]] et en [[Hollande]] où il visite les principaux musées de ces pays. Il est impressionné par [[Vermeer]] et les peintres du {{s|XVIII}}<ref name="Bénézit"/>. L'artiste achète des cartes postales colorées de ces toiles. Lors de son retour à Paris, Miró travaille sur une série connue sous le nom d’''Intérieurs hollandais''. Il réalise de nombreux dessins et ébauches avant de peindre son ''Intérieur hollandais I'', inspirée du ''Joueur de luth'' d'[[Hendrick Martensz Sorgh]], puis ''Intérieur hollandais II'' d'après [[Jan Havicksz Steen]]. Dans cette série Miró abandonne la peinture de ses rêves surréalistes. Il utilise des espaces vides aux graphismes soignés et renoue avec la perspective et les formes analysées<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}88</ref>.
La série des ''Portraits imaginaires'' peinte entre 1928 et 1929<ref name="Pompidou">{{lien web|url=http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ens-miro/ens-miro.html|titre=Joan Miró, la naissance du monde|consulté le=10 août 2010}}</ref> est très similaire aux ''Intérieurs hollandais''. L'artiste prend également pour point de départ des peintures déjà existantes. Ses toiles ''Portrait de madame Mills en 1750'', ''Portrait de femme en 1820'', ''[[La Fornarina]]'' sont clairement inspirées des toiles homonymes de [[George Engleheart]], [[John Constable]] et [[Raphaël (peintre)|Raphaël]] respectivement.
La quatrième toile de la série provient d'une publicité pour un [[moteur Diesel]]. Miró réalise une métamorphose de la réclame qu'il termine en figure féminine nommée ''La Reine Louise de Prusse''<ref name="Bénézit"/>. Il se sert dans ce cas de la toile non pour réinterpréter une œuvre existante, mais comme point de départ d'une analyse des formes pures qui s'achève avec les personnages miróniens. L'évolution du procédé au fil des peintures peut être développée par une analyse des ébauches conservées à la [[Fondation Miró]] et au [[Museum of Modern Art]]<ref group="Carmen">{{opcit}} {{p.}} 236-253</ref>. Peu après, en 1929, 1929 Miró présente le jeune [[Salvador Dali]] au groupe des surréalistes.
Miró épouse Pilar Juncosa à [[Palma de Majorque]] le {{date|12|octobre|1929}} et s'installe à Paris dans un local suffisamment grand pour accueillir l'appartement du couple et l'atelier du peintre. Leur fille naît en 1930. Commence alors pour lui une période de réflexion et de remise en cause. Il tente de dépasser ce qui a fait le prestige de ses toiles : la couleur vive et le dessin géométrique.
=== Rupture avec le surréalisme (1930-1937) ===
[[Fichier:Skulpturenpark-Miro BMK.jpg|thumb|upright|left|''Personnage gothique'' ([[Palma de Majorque]]).]]
==== Miró en marge ====
De 1928 à 1930, les dissensions dans le groupe des surréalistes se font chaque fois plus évidentes, non seulement du point de vue artistique, mais également du point de vue politique. Miró prend peu à peu ses distances avec le mouvement. Bien qu'il en accepte les principes esthétiques, il s'éloigne des manifestations et évènements. À ce titre, une réunion du groupe surréaliste au Bar du château le {{date|11|mars|1929}} est particulièrement notable. Alors qu'à cette date Breton est déjà adhérent au [[parti communiste]], la discussion s'ouvre autour du destin de [[Léon Trotsky]] mais évolue rapidement et oblige chacun des participants à clarifier ses positions<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}28</ref>. Certains s'opposent à une action commune fondée sur un programme de Breton. Parmi eux on compte Miró, [[Michel Leiris]], [[Georges Bataille]] et [[André Masson]]. Entre la position de [[Karl Marx]] d'un côté, qui propose de « transformer le monde » par la politique, et d'un autre côté celle de [[Rimbaud]] qui est de « changer de vie » par la poésie, Miró choisit la seconde. Il veut lutter avec la peinture<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}28</ref>.
En réponse aux critiques d'[[André Breton]] assurant qu'après ''la Fornarina'' et ''Portrait d'une dame en 1820'', le peintre est {{Citation|ce voyageur tellement pressé qu'il ne sait pas où il va<ref group="Breton">{{opcit}} {{p.}} 60</ref>.}}, Miró déclare vouloir {{citation|assassiner la peinture}}<ref name="Bénézit"/>. La formule est publiée sous la signature de [[Tériade]] qui l'a recueillie au cours d'un entretien avec Miró pour le journal ''[[L'Intransigeant]]'' du {{Date|7|avril|1930}}, dans une chronique violemment hostile au surréalisme<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 448</ref>.
[[Georges Hugnet]] explique que Miró ne peut se défendre qu'avec sa propre arme, la peinture : {{citation|Oui, Miró a voulu assassiner la peinture, il l'a assassinée avec des moyens plastiques, par un art plastique qui est l'un des plus expressifs de notre temps. Il l'a assassinée, peut-être, parce qu'il ne voulait pas s'astreindre à ses exigences, à ses esthétiques, à un programme trop étroit pour donner vie a ses aspirations}}<ref name="hgs"/>.
Après une exposition personnelle aux États-Unis, il dévoile ses premiers collages préfacés par Aragon, à la galerie Pierre de Paris<ref name="Bénézit"/>. Il s'initie aussi à la [[lithographie]].
==== La période des collages ====
Dès lors, Miró dessine et travaille intensément sur une nouvelle technique, le [[collage]]. Il ne la travaille pas comme l'ont fait les cubistes en coupant le papier délicatement et en le fixant à un support. Les formes de Miró sont sans précision, il laisse déborder les morceaux du support et les unit entre eux par des graphismes. Cette recherche n'est pas inutile et lui ouvre les portes des [[sculpture]]s sur lesquelles il travaille à partir de 1930.
Cette année-là, il expose à la galerie Pierre des sculptures-objets et réalise bientôt sa première exposition individuelle à New York, avec des peintures des années 1926-1929. Il travaille à ses premières [[lithographie]]s pour le livre ''L'Arbre des voyageurs'' de [[Tristan Tzara]]. Pendant l'été 1930 il commence une série nommée ''Constructions'', suite logique de celle des ''Collages''. Les compositions sont faites à partir de formes élémentaires, cercles et carrés de bois posés sur un support — généralement de bois —, ainsi que de collage de clefs qui renforcent les lignes du cadre<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}94</ref>. Ces pièces sont d'abord exposées à Paris.
[[Fichier:JuanMiroMosaic.jpg|thumb|upright=1.3|Mosaïque de Miró sur [[La Rambla]] ([[Barcelone]]).]]
Après avoir vu cette série, la [[chorégraphe]] [[Leonide Massine]] demande à Miró de réaliser la décoration, les vêtements et divers objets pour son ballet ''Jeux d'enfants''. Le peintre accepte et part à [[Monte-Carlo]] au début de l'année 1932, peu après la naissance de sa fille unique Dolorès le {{date|17|juillet|1931}}. Les décors sont faits à partir de volumes et de divers objets dotés de mouvement. La première a lieu le {{date|14|avril|1932}} et rencontre un grand succès. La pièce est ensuite jouée à Paris, à New York, à Londres et à Barcelone<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 56-60</ref>. Cette année 1931, il dévoile, toujours à la galerie Pierre, ses premières « Sculptures-objets »<ref name="Bénézit"/>.
En 1932, avec le groupe surréaliste, il participe au Salon des Surindépendants. Il réalise également une exposition à New York, à la galerie Pierre Matisse, avec laquelle il reste très lié<ref name="Bénézit"/>. À la fin du contrat avec son marchand d'art [[Pierre Loeb (galeriste)|Pierre Loeb]], en janvier 1932, Miró retourne avec sa famille à Barcelone, tout en continuant de faire des voyages fréquents à Paris et de fréquents séjours à Majorque et à Mont-roig del Camp. Il prend part à l'{{lang|es|''Associació d'amics de l'Art Nou''}} (« Association d'amis de l'Art Nouveau ») avec des personnes telles que Joan Prats, Joaquim Gomis et l'architecte [[Josep Lluís Sert]]. L'association a pour objectif de faire connaître les nouvelles tendances artistiques internationales et de promouvoir l'avant-gardisme catalan. Elle réalise de nombreuses expositions à Barcelone, Paris, Londres, New York et [[Berlin]], dont profite naturellement le maître. En 1933, des peintures d'après collages sont l'objet d'une importante exposition à Paris.
Miró continue ses recherches et crée les ''Dix-huit peintures selon un collage'' à partir d'images extraites de publicités de revues. Il en fait plus tard le commentaire suivant :
{{citation bloc|J'étais habitué à couper dans des journaux des formes irrégulières et à les coller sur des feuilles de papier. Jour après jour j'ai accumulé ces formes. Une fois fait, les collages me servent comme point de départ pour des peintures. Je ne copiais pas les collages. Simplement je les laissais me suggérer des formes|Joan Miró<ref>{{article|nom=Sweeney|prénom=James J.|titre=Joan Miró : Comment and Interview|périodique=Partisan Review|volume=15|numéro=2|lieu=New York|mois=février|année=1948|langue=en|page=209}}</ref>}}
[[Fichier:Palacio de Congresos y Exposiciones (Madrid) 01.jpg|thumb|left|upright=1.3|Mur de céramique ([[Madrid]]).]]
L'artiste crée de nouveaux personnages qui portent une expression dramatique dans une parfaite symbiose entre les signes et les visages. Les fonds sont généralement sombres, peints sur papier épais, comme on peut le voir sur la toile ''Homme et femme face à une montagne d'excréments'' (1935), ''Femme et chien face à la lune'' (1936). Ces toiles reflètent probablement les sentiments de l'artiste peu avant la [[guerre civile espagnole]] et la [[Seconde Guerre mondiale]]. En 1936, le peintre se trouve à Mont-roig del Camp lorsque éclate la guerre civile. Il se rend à Paris en novembre pour une exposition. Les évènements en Espagne le dissuadent de rentrer pendant toute la période 1936-1940<ref name="Bénézit"/>. Sa femme et sa fille le rejoignent ensuite dans la capitale française. Il soutient l'Espagne républicaine sans aucune réserve.
==== Bref retour au réalisme : « Nature morte au vieux soulier » (1936) ====
{{loupe|Nature morte au vieux soulier}}
Au mois de novembre 1936, Miró se rend à Paris pour une exposition qui y est programmée. Avec le drame de la guerre d'Espagne, il ressent la nécessité de peindre de nouveau « d'après nature ». Dans sa toile ''Nature morte au vieux soulier'' il y a mise en relation entre la chaussure et le reste d'un repas sur une table, le verre, la fourchette et un morceau de pain. Le traitement des couleurs participe à un effet de la plus grande agressivité avec des tons acides et violents. Sur cette toile, la peinture n'est pas plane comme sur des œuvres antérieures, mais en relief. Elle donne une profondeur aux formes des objets. Cette toile est considérée comme une pièce clef de cette période réaliste<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 69-70</ref>. Miró indique avoir réalisé cette composition en pensant aux ''Chaussures de paysan'' de [[Van Gogh]], peintre qu'il admire.
=== L'évolution de 1937 à 1958 ===
==== Le Pavillon de Paris (1937) ====
Après avoir réalisé l'affiche ''Aidez l'Espagne'' pour l'édition d'un [[timbre postal]] destiné à aider le gouvernement républicain espagnol, Miró se charge de peindre des œuvres de grandes dimensions pour le pavillon de la [[seconde république espagnole]] à l'[[Exposition spécialisée de 1937|exposition internationale de Paris de 1937]] qui est inaugurée au mois de juillet<ref name="Bénézit"/>. Le pavillon accueille également des pièces d'autres artistes : ''[[Guernica (Picasso)|Guernica]]'' de [[Pablo Picasso]], la ''Source de mercure'' de [[Julio González]], la sculpture ''Montserrat'' d'Alberto Sánchez et enfin une œuvre érotique ''Le peuple espagnol a un chemin qui conduit à une étoile''.
Miró quant à lui sculpte ''El Segador''<ref group="note">''El Segador'' signifie en espagnol « Le Faucheur » ; la toile mesure {{nobr|550 × 365 cm}}.</ref>, un paysan catalan représenté avec une [[Faux_(outil)|faux]] au poing, symbole d'un peuple en lutte clairement inspiré du chant national catalan ''[[Els segadors]]''<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 71-72</ref>{{,}}<ref name="Bénézit"/>. L’œuvre disparaît à la fin de l'exposition lorsque le pavillon est démonté. Il n'en reste que des photographies en noir et blanc<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 71-72</ref>. À cette époque, [[Balthus]] peint un portrait de Miró accompagné de sa fille Dolorès.
En 1939, il séjourne à [[Varengeville]] où il y retrouve Raymond Queneau, Braque et Calder<ref name="Bénézit"/>. Lorsque l'Allemagne nazie envahit la France, il rallie l'Espagne, et s'y installe, d'abord à Mont-roig, puis à Palma de Majorque et enfin à Barcelone de 1942 à 1944. En 1941 sa première exposition rétrospective lui est consacrée à New York, au [[Museum of Modern Art|musée d'art moderne]]<ref name="Bénézit"/>.
==== Majorque et l'évolution décisive (1942- 1946)====
[[Fichier:Cathedral palma mallorca spain 2007 08 15.jpg|thumb|upright=1.3|La [[cathédrale de Palma de Majorque]].]]
C'est à Majorque, à partir de 1942, que Miró construit son style définitif par évolutions successives<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 257</ref>. Sa nouvelle prise de contact avec l'Espagne, et particulièrement avec Majorque est sans doute décisive. Là, il renoue avec une culture dont il admire les {{lang|es|''siurells''}} (petites sculptures naïves de Majorque) et est étonné par les audaces gothiques de [[Antoni Gaudí|Gaudí]] qui a restauré la cathédrale fortifiée en 1902<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 257</ref>. Il vit avec plaisir dans une profonde solitude, allant souvent se recueillir à la cathédrale pour écouter de la musique. Il s'isole, lit beaucoup, médite<ref group="Margit Rowell">{{opcit}} {{p.}}210</ref>.
En 1943, il regagne [[Barcelone]] avec sa famille ; sa production abondante se limite alors à des travaux sur papier, à des recherches sans idées préconçues, utilisant toutes les techniques. C'est un véritable « laboratoire » dans lequel l'artiste se livre avec frénésie à des recherches autour d'un unique thème : « La Femme Oiseau Étoile » qui est le titre d'un grand nombre de ses œuvres. À cette époque, il crée des figures, des signes et des associations utilisant [[pastel]], [[crayon]], [[encre de chine]] et [[aquarelle]] pour réaliser des figures humaines ou animales dont il trouve très vite les formes simplifiées<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}262</ref>.
Fin 1943, le galeriste Joan Prats lui passe commande d'une série de cinquante lithographies réunies sous le titre ''[[Barcelona (Miró)|Barcelona]]''. {{Citation|La lithographie en noir et blanc lui apporte l'exutoire dont il avait besoin pour exprimer des émotions violentes (...). La série ''Barcelona'' révèle une rage analogue à celle provoquée par la détérioration de la situation internationale}} explique Penrose<ref >{{harvsp|Penrose|p=107}}</ref>. Cette libération l'incite à reprendre la peinture sur toile, après une interruption de quatre ans<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}264</ref>. Les toiles sont déroutantes par leur simplicité, leur spontanéité et leur désinvolture. Dans ce même esprit, Miró peint sur des morceaux de toiles irréguliers {{Citation|comme si l'absence de chevalet le délivrait d'une contrainte}}<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}264</ref>. Il invente ainsi une langue nouvelle qui débouche en 1945 sur la série des grandes toiles parmi les plus connues et les plus souvent reproduites, presque toutes sur fond clair (''Femme dans la nuit'', ''Au lever du soleil'') à l'exception de deux fonds noirs : ''Femme écoutant la musique'' et ''Danseuse écoutant jouer de l'orgue dans une cathédrale gothique'' (1945). L'artiste est alors à la recherche d'un {{Citation|mouvement immobile}} :
{{Citation bloc|Ces formes sont à la fois immobiles et mobiles (...) ce que je cherche, c'est le mouvement immobile, quelque chose qui soit l'équivalence de l'éloquence du silence|Joan Miró<ref>{{harvsp|Sweeney|p=210}}</ref>.}}
Le souci de représentation et de signification logique est étranger à Miró. C'est ainsi qu'il explique ''La Course de taureaux'' : la corrida n'y est qu'un prétexte à la peinture, et le tableau est plus illustratif que véritablement révélateur. Le taureau, très librement interprété, occupe toute la toile, ce que Michel Leiris lui reprochera amicalement<ref>{{harvsp|Leiris|1947|p=41}}</ref>. C'est en 1946 que [[Jean Cassou]], conservateur du [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Musée National d'Art moderne de Paris]], lui achète cette toile au moment où aucun musée français ne possède encore d'œuvre majeure de l'artiste<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}275</ref>.
====La gravure, la céramique et la sculpture ====
{{loupe|Murs de céramique (Miró)}}
À partir de 1945<ref>{{harvsp|Erben|p=145}}</ref>, un an après la mort de sa mère, Miró développe trois nouvelles approches de son art : la [[gravure]], la [[céramique]] et le [[modelage]] et la sculpture. Il commence cette année là une collaboration avec son ami d'adolescence [[Josep Llorens i Artigas]]<ref name="Bénézit"/> pour la production de céramiques. Il mène des recherches sur la composition des pâtes, des terres, des émaux et des couleurs. Les formes des céramiques populaires sont pour lui une source d'inspiration. Il y a peu de différence entre ces premières céramiques et les peintures et lithographies de la même époque.
En 1946, il travaille sur des sculptures destinées à être coulées dans du bronze. Certaines doivent être peintes de couleurs vives. Dans ce domaine, Miró est intéressé par la recherche des volumes et des espaces. Il cherche également à incorporer des objets du quotidien, ou simplement des objets trouvés : pierres, racines, couverts, tricornes, clefs. Il fond sur ces compositions de la cire perdue de telle manière que le sens des objets identifiables se perde par l'association avec les autres éléments.
En 1947, l'artiste se rend durant huit mois à New York où il travaille un certain temps à l’''atelier 17'', dirigé par Hayter. Durant ces quelques mois à New York, travaille les techniques de [[gravure]]s et de [[lithographie]]s. Il s'initie également à la [[chalcographie]] et produit les planches pour ''Le Désespéranto'', l'un des trois volumes de l'ouvrage ''L'antitête'' de Tristan Tzara. L'année suivante, il collabore à un nouveau livre du même auteur, ''Parler seul'', et réalise 72 lithographies de couleur<ref group="Malet"> {{opcit}} {{p.}} 100-105</ref>.
À partir de ces travaux, Miró participe avec certains de ses amis poètes à plusieurs publications. C'est notamment le cas pour les ouvrages de Breton ''Anthologie de l'humour noir'' (1950) et ''La clé des champs'' (1953) ; pour [[René Char]] ''Fête des arbres et du chasseur'' et ''À la santé du serpent'' ; pour [[Michel Leiris]] a ''Bagatelles végétales'' (1956) ; et pour [[Paul Éluard]], ''À toute épreuve'' qui contient quatre-vingt gravures sur bois de [[buis]]. La réalisation de ces gravures dure de 1947 à 1958<ref group="Malet"> {{opcit}} {{p.}} 100-105</ref>.
==== La série « Constellations » (1958) ====
{{loupe|Constellations (Miró)}}
Peu avant le début de la [[Seconde Guerre mondiale]], l'ambiance parisienne est tendue. Miró fait un séjour à [[Varengeville-sur-Mer]] sur la côte [[Normandie|normande]], dans une villa offerte par son ami l'architecte [[Paul Nelson]]. Le village proche de la nature lui rappelle les paysages de Majorque et de Mont-roig. Il décide de s'y installer et y achète une maison.
De 1939 à 1941<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}255</ref>, Miró demeure à Varengeville-sur-Mer. Le ciel du village l'inspire, et il commence à peindre une série de 23 petites toiles dont le titre générique est ''Constellations''. Elles sont réalisées sur un support de papier de {{nobr|38 × 46 cm}} que l'artiste imbibe d'essence et frotte jusqu'à obtenir une texture rugueuse. Il ajoute alors la couleur en conservant une certaine transparence pour obtenir l'aspect final désiré. Sur cette couleur de fond, Miró dessine avec des couleurs très pures pour créer le contraste<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}76-78</ref>. L'iconographie des ''Constellations'' veut représenter l'ordre cosmique : les étoiles font référence au monde céleste, les personnages symbolisent la terre et les oiseaux sont l'union des deux. Ces peintures intègrent parfaitement les motifs et le fond<ref group="Rebull">{{opcit}} {{p.}}30</ref>.
Le couple rentre à [[Barcelone]] en 1942, peu avant le décès de la mère du peintre en 1944<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}}76-79</ref>. À cette date, le couple s'installe à Majorque, lieu où, selon Miró, il était « seulement le mari de Pilar ». En 1947 il se rend aux États-Unis pour la première fois. Il y exécute une première peinture murale, qui sera suivi d'autres tout au long de sa carrière. La même année la galerie Maeght organise à Paris les expositions importantes de ses œuvres et, en 1954, il reçoit le Prix de la Gravure à la [[Biennale de Venise]], aux côtés de Max Ernst et de Jean Arp<ref name="Bénézit"/>.
Plus tard, en 1958, Miró publie un livre également nommé ''Constellations''. Cette édition tirée à peu d'exemplaires contient la reproduction de deux poèmes : ''Vingt-deux eaux'' de Miró et de ''Vingt-deux proses parallèles'' d'[[André Breton]]<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}38-42</ref>.
À partir de 1960, l'artiste entre dans une nouvelle étape de sa vie artistique qui reflète son aisance dans le graphisme. Il dessine avec une spontanéité proche du style enfantin. Les traits épais sont faits avec de la couleur noire, et ses toiles sont pleines de peintures et d'[[esquisse]]s qui rappellent toujours les mêmes thèmes : la terre, le ciel, les oiseaux et la femme. Il utilise en général des [[couleur primaire|couleurs primaires]]<ref group="Rebull">{{opcit}} {{p.}} 39-56</ref>. La même année, la [[Musée Solomon R. Guggenheim|Fondation Guggenheim]] de New York lui décerne son Grand Prix<ref name="Bénézit"/>.
==== La série des monochromes (1955-1959) ====
Si de 1955 à 1959 Miró se consacre entièrement à la [[céramique]], en 1960, il recommence à peindre. La série sur fond blanc et le [[triptyque]] ''Bleu I'', puis ''Bleu II'' et ''Bleu III'' datent de 1961. Ces toiles presque entièrement bleu monochrome rappellent par certains aspects les peintures d'[[Yves Klein]]<ref name="g26">{{de}}{{lien web|url=http://www.g26.ch/art_miro.html|titre=Biographie de Joan Miró|consulté le=10 août 2010}}</ref>. Après avoir réalisé un fond bleu, Miró contrôle l'espace de couleur avec des signes minimalistes : lignes, points et coups de pinceau de couleurs appliqués avec la prudence {{citation|du geste d'un archer japonais}} pour reprendre les mots de l'artiste<ref name="Krens2">{{ouvrage|prénom1=Thomas|nom1=Krens (Vorwort)|titre=Rendezvous. Chef d'œuvres du Centre Georges Pompidou et du Guggenheim Museums|page=672}}</ref>.
Ces tableaux ressemblent à ceux de 1925, lorsqu'il peint la série de monochromes ''Danseuses I et II''. Il résume son attitude par la phrase suivante :
{{citation bloc|Il est important pour moi d'arriver à un maximum d'intensité avec un minimum de moyens. D'où l'importance grandissante du vide dans mes tableaux|Joan Miró<ref name="Alvares">{{lien web|url=http://severine.alvares.free.fr/etudesmiro.htm|titre=la mirobolant|consulté le=10 août 2010}}</ref>}}
[[Fichier:Miro-Wand in Ludwigshafen 06.jpg|thumb|upright=3|center|Mur de céramiques au Wilhelm-Hack-Museum de [[Ludwigshafen]] (1971)]]
Durant son séjour à New York, il réalise un mur de peinture de {{nobr|3 × 10 mètres}} destiné au restaurant de l'hôtel Cincinnati Terrace Hilton, puis illustre le livre ''L'antitête'' de [[Tristan Tzara]]. Plus tard, de retour à Barcelone, il reçoit l'aide du fils de Josep Llorens, [[Joan Llorenç]]. Miró passe ses étés dans le mas-atelier de la famille Llorens à [[Gallifa]]. Les deux compagnons font tous types d'essais de cuisson et de fabrication d'émaux. Le résultat est une collection de {{unité|232|œuvres}} qui sont exposées en juin 1956 à la galerie Maeght de Paris puis à la galerie Pierre Matisse de New York.
Miró déménage durant l'année 1956 à Mallorca où il dispose d'un grand atelier conçu par son ami [[Josep Lluís Sert]]. C'est à cette époque qu'il reçoit la commande de deux murs de céramiques pour le siège de l'[[UNESCO]] à Paris. Ceux-ci mesurent respectivement {{nobr|3 × 15 mètres}} et {{nobr|3 × 7,5 mètres}} et sont inaugurés en 1958. Bien que Miró ait déjà travaillé avec de grands formats, il ne l'avait jamais fait en utilisant des céramiques. Au côté du céramiste Josep Llorens, il développe au maximum les techniques de cuisson pour réaliser un fond dont les couleurs et textures ressemblent à ses peintures de la même époque<ref group="Rebull">{{opcit}} {{p.}} 65</ref>. La composition doit avoir pour thème le [[soleil]] et la [[lune]]. Selon les paroles de Miró :
{{citation bloc|(...) l'idée d'un grand disque rouge intense s'impose pour le mur le plus grand. Sa réplique sur le mur plus petit serait un quart de croissant bleu, imposé par l'espace plus petit, plus intime, pour lequel il est prévu. Ces deux formes que je voulais très colorées, il fallait les renforcer par un travail en relief. Certains éléments de la construction, comme maintenant la forme des fenêtres, m'ont inspiré des compositions en écailles et les formes des personnages. J'ai cherché une expression brutale sur le grand mur, une suggestion poétique sur le petit|Joan Miró<ref group="Malet">{{opcit}} {{p.}} 107-112</ref>}}
=== Majorque et le grand atelier (1956-1966) ===
==== La jeune peinture américaine ====
[[Fichier:Stiftungsgebaeude-Miro_BMK.jpg|thumb|upright|left|Le toit de la fondation Pilar et Joan Miró à Palma de Majorque]]
Pendant cinq ans l'artiste se consacre essentiellement à la céramique, à la gravure, et à la lithographie. À l'exception d'une dizaine de petites peintures sur carton, Miró ne produit aucun tableau. Son travail est perturbé par son déménagement et son installation à Palma de Majorque<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 303</ref>. C'est un changement qu'il appelle de ses vœux et qui est réalisé avec l'aide de l'architecte [[Josep Lluís Sert]] qui conçoit pour lui un vaste atelier. Celui-ci est construit au pied de la résidence de Miró. À la fois satisfait et désorienté par l'ampleur du bâtiment, le peintre s'affaire à animer et à peupler ce grand espace vide<ref group="Margit Rowell">{{opcit}} {{p.}}161-162</ref>. Il se sent obligé d'orienter sa peinture dans une nouvelle direction. Il lui faut retrouver le {{Citation|sursaut de la fureur iconoclaste de sa jeunesse<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 303</ref>}}.
Son deuxième séjour aux États-Unis est déterminant. La jeune peinture américaine lui ouvre la voie et le libère en lui montrant jusqu'où on pouvait aller<ref group="Margit Rowell">{{opcit}} {{p.}}58</ref>. L'abondante production de la fin des années 1950 et des années 1960 montre les affinités de Miró avec la nouvelle génération bien qu'il en soit avant tout un inspirateur : {{Citation| Miró a toujours été un initiateur, et ce plus que tout autre. Bon nombre des peintres de la nouvelle génération ont volontiers reconnu leurs dettes envers lui, notamment [[Robert Motherwell]] et [[Jackson Pollock]]<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 303</ref>}}.
À l'inverse, le maître catalan n'a pas trouvé indigne d'aller à leur rencontre et même d'emprunter certaines de leurs techniques comme le ''[[dripping]]'' ou les [[Projection (peinture)|projections]]<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 305</ref>. De cette période sont issues les huiles sur toiles ''Femme et oiseau'' (1959, en continuité de la série [[Femme, oiseau, étoile]]), ''Femme et oiseau'' (1960, peintures VIII à X sur toiles de sac) ''Le Disque rouge'', (huile sur toile exposée au [[New Orleans Museum of Art]] [[États-Unis]]), ''Femme assise'' (1960, toiles IV et V) exposées au [[Musée Reina Sofía|musée de la Reine Sophia]] à [[Madrid]].
==== Les Triptyques ====
Après une période d'abondante production, Miró fait le vide, déclare le vide<ref>{{harvsp|Dupin|p.313}}</ref> et se lance dans l'exécution de plusieurs triptyques dont Bleu I, Bleu II, Bleu III.
1961 marque une étape particulière dans la production du peintre, avec la réalisation de [[triptyque]]s dont l'un des plus célèbres est le ''[[Tryptique Bleu I, Bleu II, Bleu III|Bleus]]'' conservé dans son intégralité au [[Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou]] depuis 1993. ''Bleu I'' a été acquis à cette date après lancement d'une souscription publique<ref>{{article|auteur=Bernard Heitz|titre=Miró, le tagueur d'étoiles|périodique=[[Télérama]]|numéro=2268|date=30 juin 1993|page=16}}</ref>.
D'autres Triptyques suivront à partir de 1963. C'est notamment le cas des ''Peintures pour un temple'' en vert, rouge et orange puis ''Peinture sur fond blanc pour la cellule d'un condamné'' (1968), huiles sur toiles aux mêmes dimensions que les ''Bleus'' conservés à la [[Fondation Miró]].
Enfin, en 1974 vient ''[[L'Espoir du condamné à mort]]'' ([[Fondation Miró ]]). Ce dernier triptyque a été terminé dans un contexte politique douloureux, au moment de la mort par [[lacet étrangleur|garrottage]] du jeune [[Salvador Puig i Antich]] que Miró qualifie de [[catalanisme|nationaliste catalan]] dans un entretien avec Santiago Amón pour [[El País|El País Semanal]], [[Madrid]], {{Date|18|juin|1978}}<ref>{{harvsp|Miró|Lelong|p.323}}</ref>. {{Citation|Épisode angoissant de l'histoire espagnole, l'horreur ressentie par tout un peuple de la mise à mort par le supplice du garrot d'un jeune [[anarchie|anarchiste]] catalan, à l'heure de l'agonie du [[Francisco Franco|franquisme]], est à l'origine du dernier triptyque aujourd'hui à la Fondation Miró de Barcelone<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}320</ref>.}} Le mot ''Espoir'' étant conçu comme une forme de dérision<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}320</ref>. Il est certain, comme le souligne Jean-Louis Prat, que Miró traverse cette période avec colère : « Quarante ans après ses premières colères devant la bêtise qui parfois ronge le monde, le catalan est encore capable de crier, à travers sa peinture, son dégoût. Et de l'exposer à Barcelone<ref>{{harvsp|Prat|1990|p.174}}</ref> ».
==== La Fondation Maeght ====
{{loupe|Fondation Maeght}}
[[Fichier:CIMG0372.JPG.jpg|thumb|upright=1.4|Sculpture de Joan Miró à la [[Fondation Maeght]]]]
Dès le début des années 1960, Miró participe activement au grand projet d’[[Aimé Maeght|Aimé et de Marguerite Maeght]] qui ont établi leur [[Fondation Maeght|fondation]] à [[Saint-Paul (Alpes-Maritimes)|Saint-Paul de Vence]]. Le couple, inspiré par la visite de l'atelier du peintre à Cala Major, fait appel au même architecte — Josep Lluís Sert — pour la construction du bâtiment et l'aménagement des jardins. Un espace particulier est réservé à Miró. Après une longue méditation, celui-ci se consacre à son ''[[Labyrinthe (Miró)|Labyrinthe]]''. Il collabore avec Josep et Joan Artigas pour la réalisation des céramiques, et avec Sert pour la conception de l'ensemble<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}320</ref>. Les œuvres monumentales du labyrinthe ont été créées spécialement pour la fondation. Dans le parcours tracé par Josep Lluís Sert, Miró a d'abord conçu des maquettes qui ont été ensuite réalisées en ciment, en marbre, en fer, en bronze et en céramique<ref>{{ouvrage|auteur = Jean-Louis Prat|titre=Catalogue de la fondation Maeght|édition=Fondation Maeght, en collaboration avec Sucessió Miró-Adagp|année=2001|isbn=2-900923-24-7|passage=236}}</ref>. De cet ensemble de sculptures, ''La Fourche'' et ''Le Disque'' comptent parmi les importantes. La première est réalisée en 1963 (Bronze, {{nobr|507 x 455 x 9 cm}}) et la seconde en 1973 (céramique, {{unité|310|cm}} de diamètre).
Les quatre catalans se {{Citation| livrent à un conciliabule enthousiaste pour l'installation de treize œuvres du ''Labyrinthe'' dont certaines ne seront en place que plusieurs mois ou même plusieurs années après l'inauguration du lieu le {{Date|28|juillet|1964}}<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}321</ref>}}. Dans les années qui suivent le début du ''Labyrinthe'', Miró livre une quantité impressionnante d'œuvres peintes ou sculptées pour la fondation Maeght. La plupart des sculptures sont des bronzes. En 1963, il crée ''Femme-insecte'', ''Maquette de l'Arc à la Fondation Maeght''. En 1967 : ''Femme'', ''Tête et oiseau'', ''Personnage et oiseau'', puis dans les années 1970, ''Monument'', 1970, ''Constellation'' et ''Personnage'', 1971, et en 1973 ''Grand personnage''. La fondation reçoit également des céramiques : ''Femme et Oiseau 1967'', ''Personnage totem'', 1968, ''Céramique murale'' 1968 ainsi que des marbres tels que l’''Oiseau solaire '' et l’''Oiseau lunaire'' sculptés en 1968<ref>{{ouvrage|prénom1=Jean-Louis|nom1=Prat|titre=Catalogue de la fondation Maeght|titre chapitre=Métamorphose des formes|édition=édition de la Fondation Maeght, en collaboration avec Sucessió Miró-Adagp|année=2001|isbn=2-900923-24-7|passage=221-235}}</ref>.
La fondation Maeght possède deux cent soixante quinze œuvres de Miró parmi lesquelles huit grandes peintures, cent soixante [[sculpture]]s, soixante treize [[aquarelle]]s, [[gouache]]s, et [[dessin]]s sur papier, une [[tapisserie]] monumentale, un important [[vitrail]] intégré à l'architecture, vingt-neuf [[céramique]]s, ainsi que des œuvres monumentales créées spécialement pour le jardin-labyrinthe. Toutes ces créations ont été données à la fondation par Marguerite et Aimé Maeght, ainsi que par Joan Miró, et par la suite, les descendants des familles Maeght et Miró, ainsi que la Sucessió Miró. {{Citation|C'est grâce à leur générosité inégalée que s'est ainsi constitué un fabuleux patrimoine, unique en France, un lieu privilégié pour mieux partager les rêves de Joan Miró<ref>{{harvsp|Prat 2001|p.16}}</ref>}}.
=== Dernières années (1967-1983) ===
[[Fichier:Dona i Ocell.JPG|thumb|upright|left|''[[Femme et oiseau]]'' Barcelone ([[1983]])]]
En 1967, Miró produit ''La montre du temps'', œuvre créée à partir d'une couche de carton et d'une cuillère, fondus en un bronze et unis dans un ensemble qui constitue un objet sculpté mesurant l'intensité du vent<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}130</ref>.
À la suite de la première grande exposition du maître à Barcelone en 1968, plusieurs personnalités de l'art appuient la création dans la ville d'un centre de référence de l'œuvre de Miró. En accord avec la volonté de l'artiste, la nouvelle institution devrait promouvoir la diffusion de toutes les facettes de l'art contemporain. Alors que le [[franquisme|régime franquiste]] ferme le panorama artistique et culturel de la ville, la [[Fondation Miró]] apporte une vision nouvelle. Le bâtiment est construit selon un concept éloigné des notions de musées généralement admises à cette époque, il cherche à promouvoir l'art contemporain plutôt qu'à se dédier à sa conservation. L'ouverture a lieu le {{date|10|juin|1975}}. Les bâtiments sont [[Josep Lluís Sert]], disciple de [[Le Corbusier]], complice et ami des grands artistes contemporains avec lesquels il a déjà collaboré ([[Fernand Léger|Léger]], [[Alexander Calder|Calder]], [[Pablo Picasso|Picasso]])<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}343</ref>. Le fond initial de la fondation {{unité|5000|pièces}} vient de Miró et de sa famille.
{{Citation |Le peintre n'a pas voulu rester à l'écart de la construction de sa fondation, ni se limiter à des donations (...) Il tenait à participer concrètement, par une œuvre de peintre, au travail collectif des architectes, des maçons, des jardiniers (...) Il choisit pour ce faire le lieu le plus retiré : le plafond de l'auditorium, où sa peinture pourrait donner une racine vivante à l'édifice<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}344</ref>}}. Cette grande peinture de 4,70 x 6 m., exécutée sur panneau d'aggloméré, sera terminée et signée le {{Date|11|mai|1975}}.
Du 9 juin au {{date|27|septembre|1969}} Miró expose ses gravures à [[Genève]] dans « Œuvres gravées et lithographiées » à la galerie Gérald Cramer. Cette même année a lieu une grande rétrospective de ses œuvres graphiques au ''[[Norton Simon Museum]]'' ([[Californie]]).
Il construit en collaboration avec Josep Llorens la ''Déesse de la mer'', une grande sculpture de céramique qu'ils immergent à [[Juan-les-Pins]]. En 1972, Miró expose ses sculptures au ''[[Walker Art Center]]'' de [[Minneapolis]], au ''[[Cleveland Museum of Art]]'' et à l’''[[Art Institute of Chicago]]''. À partir de 1965 il produit une grande quantité de sculptures pour la [[Fondation Maeght]] à [[Saint-Paul-de-Vence]]. Les œuvres les plus notables sont ''Oiseau de lune'', ''Lézard'', ''Déesse'', ''Fourchette'' et ''Femme aux cheveux emmêlés''<ref group="Raillard">{{opcit}} {{p.}}134</ref>.
En 1974 les Galeries Nationales du Grand Palais à Paris organisent une grande exposition rétrospective pour son 80{{e}} anniversaire<ref name="Bénézit"/> alors que l'année suivante la [[Fondation Miró]] est construite par Luis Sert à [[Montjuïc]], sur les hauteurs de Barcelone. Elle conserve une importante collection de ses œuvres.
En avril 1981, Miró inaugure à [[Chicago]] une sculpture monumentale de {{unité|12|mètres}} connue sous le nom de ''[[Miss Chicago]]'' ; le 6 novembre, deux autres bronzes sont installés dans la ville de [[Palma de Mallorca]]. L'année suivante la ville de [[Houston]] dévoile ''Personnage et oiseau''.
En 1983, en collaboration avec [[Joan Gardy Artigas]], l'artiste réalise [[Femme et oiseau|sa dernière sculpture]] qui est destinée à la ville de Barcelone. Elle est faite de béton et couverte de céramique. L'état de santé chancelant de Miró l'empêche de participer à la cérémonie d'inauguration. Située dans le [[parc Joan Miró]] de Barcelone près d'un étang artificiel, l'œuvre de {{unité|22|mètres}} de haut représente une forme oblongue surmontée d'un cylindre évidé et d'une demi-lune. L'extérieur est couvert de céramique dans les tons les plus classiques de l'artiste : le rouge, le jaune, le vert et le bleu. Les céramiques forment des mosaïques<ref>{{ouvrage|titre=Barcelona, una ciudad de vanguardia. Arte en las calles|année=2006|langue=ca|édition = Barcelona, La Vanguardia Ediciones|isbn=84-96642-09-7}}</ref>.
Joan Miró meurt à [[Palma de Majorque]] le {{date|25|décembre|1983}} à l'âge de {{unité|90|ans}} et est enterré au cimetière de [[Montjuïc]] de Barcelone.
La même année, Nuremberg organise la première exposition [[posthume]] de Miró puis, en 1990, la Fondation Maeght de Saint-Paul de Vence dévoile elle aussi une rétrospective intitulée ''Miró''. En 1993 enfin, la [[Fondation Miró]] de Barcelone fait de même, pour le centenaire de sa naissance<ref name="Bénézit"/>.
== Techniques, influences et périodes ==
=== En peinture ===
[[Fichier:Joan Miro.jpg|thumb|upright|Joan Miró par [[Carl Van Vechten]] (1935)]]
Les premières peintures de Miró, de 1915, sont marquées d'influences diverses, en premier lieu de celles de [[Van Gogh]], [[Matisse]] et des [[fauvisme|fauves]], puis de [[Gauguin]] et des [[expressionniste]]s<ref name="Bénézit"/>. Cézanne lui apporte également la construction des volumes cubistes. Une première période, nommée « fauvisme catalan » commence en 1918 avec sa première exposition, et se prolonge jusqu'en 1919 avec la toile ''Nu au miroir''. Cette période est marquée par l'empreinte du cubisme. En 1920 commence la période réaliste dite « détailliste » ou « précisionniste » : le regard naïf du peintre s'attache à représenter les moindres détails, à la manière des [[primitifs italiens]]. La toile ''le Paysage de Montroig'' (1919) est caractéristique de cette période<ref name="Bénézit"/>. L'influence cubiste est encore vive et on peut la percevoir par l'usage des angles, de la composition par plans découpés et également par l'emploi de couleurs vives (''[[Autoportrait (Miró)|Autoportrait]]'', 1919, ''La Table au lapin'', 1922).
En 1922, la toile ''La Ferme'' marque la fin de cette période et l'avènement d'une technique nouvelle marquée par la pensée [[surréalisme|surréaliste]]. Les œuvres ''Le Chasseur'' (1923) et ''Le Carnaval d'Arlequin'' (1924-1925) en sont les expressions les plus significatives. L'espace pictural est plan, il ne représente plus de troisième dimension. Les objets deviennent autant de signes symboliques<ref name="Bénézit"/> et Miró réintègre la couleur vive dans ses peintures (''La Naissance du monde'', 1925, ''Paysages imaginaires'', 1926, ''Chien aboyant à la lune'', 1927). Le travail sur l'espace et sur les signes conduit à constituer un véritable « miromonde » selon Patrick Waldberg<ref>{{article|auteur=Patrick Waldberg|titre=Le miromonde|périodique=Derrière le miroir|numéro=164-165|année=1967|passage=1-25}}.</ref>.
En 1933, l'artiste crée ses toiles à partir de [[collage]]s, procédé déjà utilisé par un autre surréaliste, [[Max Ernst]]. Cependant, Miró expérimente une large gamme de techniques pour confectionner ses peintures : [[pastel]], peinture sur papier de verre, [[aquarelle]], [[gouache]], peinture à l'œuf, [[peinture sur bois]] et cuivre, entre autres<ref name="Bénézit"/>. La série « Peintures sauvages » de 1935 et 1936 a pour thème la [[guerre d'Espagne]] et fait appel à de multiples techniques picturales. Les séries ''Constellations'', « peintures lentes » (1939-1941)<ref>{{harvsp|Penrose|p=100}}</ref> et « peintures spontanées » (dont ''Composition avec cordes'', 1950), témoignent également de la polyvalence de Miró<ref name="Bénézit"/>. D'autres expérimentations, plus abstraites, utilisent le [[monochrome]], c'est le cas du [[triptyque]] l’''L'Espoir du condamné à mort'' (1961-1962) qui est uniquement constitué d'une [[arabesque]] noire sur fond blanc<ref name="Bénézit"/>.
L'artiste a enfin réalisé de nombreuses [[peintures murales]], aux États-Unis (pour l'Hôtel Plazza de Cincinnati en 1947, pour l'Université d'Harvard en 1950) et à Paris (séries ''Bleus I, II et III'' de 1961 et ''Peintures murales I, II et III'' de 1962)<ref name="Bénézit"/>.
=== En sculpture ===
Miró est sensibilisé à la [[sculpture]] par son maître Gali. Dès ses débuts, Miró est également le condisciple du céramiste Artigas, son ami aux côtés duquel il réalise des œuvres de [[céramique]] imposantes<ref name="Bénézit"/>. Ses premiers essais, de l'été 1932, datent de sa période surréaliste et s'intitulent « objets poétiques ». C'est avec Artigas, dès 1944, que Miró atteint la maîtrise de cet art. Recherchant l'éclat des couleurs, suivant la technique chinoise du « [[Céramique chinoise|grand feu]] », il passe de la céramique à la création de [[bronze]]s fondus, entre 1944 et 1950<ref name="Bénézit"/>. L'artiste prend l'habitude de recueillir toutes sortes d'objets divers et de les utiliser pour créer des sculptures hétéroclites.
== Sources d'inspiration ==
=== La « calligraphie mironienne » ===
[[Fichier:Miro-Wand (Signaturen).jpg|thumb|left|upright=1.3|Signature calligraphique de Miró, [[Ludwigshafen]], [[Allemagne]]]]
La première source d'inspiration de Miró sont les deux infinis, depuis l'infiniment petit des brindilles de la « [[calligraphie]] mironienne » jusqu'à l'infiniment grand des espaces vide des constellations. Cette calligraphie met en forme des hiéroglyphes à travers une géométrie schématique très diverse. Celle-ci est en effet formée de points courbes, lignes droites, volumes oblongs ou massifs, cercles, carrés{{etc.}}<ref>{{ouvrage|titre=André Breton|auteur=Michel Murat et Marie Claire Dumas|éditeur=L'Herne|année=1998|passage=314}}.</ref>. Une fois assimilés les principaux courants artistiques de son époque entre 1916 et 1918, Miró met en place progressivement les éléments qui forment ce langage « détailliste » dans lesquels il accorde la même importance aux petits comme aux grands éléments. Il explique ainsi qu'{{citation|un brin d’herbe est aussi gracieux qu’un arbre ou une montagne}}<ref name="Pompidou"/>.
Après avoir détaillé ses toiles jusqu'aux racines des plantes, Miró s'attache à représenter les grands espaces. Si dans les années 1920 son œuvre fait penser à la mer, ses toiles des années 1970 évoquent le ciel<ref name="Pompidou"/> à travers une cartographie stellaire exacerbée. Dans ''La Course de taureaux'' ce détaillisme emploie le dessin en filigrane pour définir de grandes silhouettes. Cette véritable langue poétique de Miró reflète l'évolution de son rapport au monde :
{{citation bloc|Je suis bouleversé quand je vois dans un ciel immense, le croissant de la lune ou le soleil. Il y a d’ailleurs, dans mes tableaux, de toutes petites formes dans des grands espaces vides.|Joan Miró<ref>{{ouvrage|titre=Joan Miró, Écrits et entretiens|auteur=Margit Rowell|édition=Daniel Lelong|année=1995|page=269}}</ref>}}
L'influence de la [[calligraphie arabe|calligraphie orientale]] et [[calligraphie extrême-orientale|extrême-orientale]] est évidente chez Miró<ref>{{ouvrage|titre=中国书法法|collection=Cultural China series|auteur=Tingyou Chen|éditeur=五洲传播出版社|année=2003|passage=120|isbn=9787508503455}}.</ref>, notamment dans son ''[[Autoportrait (Miró)|Autoportrait]]'' (1937-1938). Chez lui, la {{citation|plastique doit réaliser une poésie}} explique Jean-Pierre Mourey<ref>{{harvsp|id=JPMourey|texte=Jean-Piere Mourey|p=247}}.</ref>. Walter Erben souligne ainsi le rapport entre les symboles de l'artiste et les [[idéogramme]]s chinois ou japonais : {{Citation|un ami de Miró qui connaissait bien les caractères japonais, parvient à « lire » dans une série de signes inventés par le peintre, la signification même qu'il y avait attachée<ref>{{harvsp|Erben|p=64}}</ref>.}} La signature de Miró est en soi un idéogramme qui constitue une peinture dans la peinture. Il arrive que le peintre, projetant de faire une [[fresque]], commence d'abord par apposer sa signature. Puis il l'étale sur la majeure partie de la toile, avec des lettres rigoureusement espacées, et des espaces ombrés de couleurs<ref name="Erben 63">{{harvsp|Erben|p=63}}</ref>. Miró a souvent utilisé sa signature pour des affiches, des couvertures de livres ou des illustrations<ref name="Erben 63"/>.
=== Thèmes ===
==== L'érotisme ====
La femme, les rapports hommes-femmes ainsi que l'[[érotisme]] sont une source majeure d'inspiration du maître. Leurs représentations sont abondantes dans l'œuvre de Miró, tant dans les peintures que dans les sculptures. Cependant, il ne s'attache pas à la simple description canonique des corps mais tente de les représenter de l'intérieur<ref name="Pompidou"/>. En 1923, ''La Fermière'' succède à ''[[La Ferme (peinture)|La Ferme]]'' peinte un an plus tôt. L'année suivante, il suggère la [[féminité]] par la grâce des lignes dans ''La Baigneuse'', alors que dans ''Le Corps de ma brune'' la toile elle-même évoque la femme aimée<ref name="Pompidou"/>. En 1928, avec ''Portrait d'une danseuse'', le peintre ironise sur la grâce des danseuses. Le motif de la femme et de l'oiseau est courant chez Miró. En catalan, oiseau (''ocell'') est également le surnom du [[pénis]]<ref>{{lien web|url=http://www.foonews.info/es-rec-humor/3926180-sin-hueso-multilingue.html|titre=Les surnoms du pénis dans toutes les langues}}</ref> et se retrouve associé à nombre de ses œuvres. Ce motif apparaît dès 1945, et également dans sa sculpture, dans ses premières terres cuites d'inspiration mythique.
==== La terre natale ====
[[Fichier:Lleida - La Seu Vella (des de Cappont).jpg|thumb|upright=1.3|La Catalogne et ses paysages ont influencé l'esthétique mironienne ([[Lleida]]).]]
Après son installation à Paris, et malgré les difficultés qu'il rencontrait, Miró écrivait à son ami [[Enric Cristòfor Ricart|Ricart]] en juin 1920 : {{Citation|Définitivement plus jamais Barcelone! Paris et la campagne, et cela jusqu'à la mort![...] En Catalogne, aucun peintre n'est jamais parvenu à la plénitude! [[Joaquím Sunyer|Sunyer]], s'il ne se décide pas à faire de longs séjours à Paris, va s'endormir à tout jamais. On a dit que les [[caroubier]]s de notre pays avaient accompli le miracle de le réveiller, mais ce sont bien des propos d'intellectuels de la [[Lliga Regionalista|Lliga]]. Il faut devenir un catalan international<ref group="Margit Rowell">{{opcit}} {{p.}} 73</ref>.}}
Pourtant c'est à Majorque puis à Barcelone qu'il retrouve l'inspiration et que son style évolue de manière décisive entre 1942 et 1946, avec un retour aux sources et à la culture espagnole<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 258-259</ref>.
La [[Catalogne]], et notamment la ferme parentale de Montroig sont très présents dans l'œuvre de Miró jusqu'en 1923. Il séjourne dans ce village pendant sa jeunesse, et il y retourne la moitié de l'année en 1922 et 1923<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 457</ref>. Il y puise son inspiration, des sensations et des souvenirs, sa relation à la vie et à la mort<ref name="Pompidou"/>. La végétation, le climat aride, les ciels étoilés ainsi que les personnages des campagnes se retrouvent dans ses créations<ref name="Pompidou"/>.
''La ferme'' et ''Le catalan'' sont sans doute les toiles les plus importantes de cet aspect de l'œuvre mironienne<ref name="Pompidou"/>. La figure de l'œuvre ''Le toréador'', est à ce titre l'une des plus énigmatiques. La toile prolonge aux confins de l'abstraction la série sur ''Le paysan catalan'' (1925-1927) par une figure éminemment espagnole où le rouge en face de la [[muleta]] évoque plus la [[barretina]] du paysan catalan que le sang du taureau<ref name="Pompidou"/>.
''La Course de taureau'', inspirée par son retour à Barcelone en 1943, témoigne de la continuité de la création spontanée des ''Femme, Oiseau, Étoile''<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}} 268</ref>. Dans ses notes, il parle d'un projet de série sur le thème de la course de taureau pour : {{Citation|(...) chercher des symboles poétiques, que le banderillero soit comme un insecte, les mouchoirs blancs des ailes de pigeons, les éventails qui se déploient, des petits soleils<ref >{{harvsp|Miró |1976|p=262}}</ref>}}. Pas une fois il ne fait allusion au taureau, qui est la figure centrale du tableau, et qu'il a démesurément grossi<ref >{{harvsp|Bergamin |p=68}}</ref>. Walter Eben avance une explication : Miró n'aime que les sensations colorées de l'arène qui lui fournissent toute une série d'harmonies et de tons fortement évocateurs<ref>{{harvsp|Erben|p=43}}</ref>. Il assiste à la corrida comme à une fête populaire teintée d'érotisme, mais dont il ne mesure pas l'enjeu<ref>{{harvsp|Leiris|1981|p=18, 58}}</ref>. Il ne se limite pas à l'aspect tragique de la course, il y introduit nombreuses évocations comiques<ref >{{harvsp|Erben|p=44}}</ref>.
== Miró et le mouvement surréaliste ==
=== Le discret ===
Dans sa période [[surréalisme|surréaliste]], l'œuvre de Miró la plus représentative est ''[[Le Carnaval d'Arlequin]]'' (1924-1925), exposée à la galerie Pierre en même temps que deux autres de ses œuvres<ref group= "Dupin">{{opcit}} {{p.}}116</ref> : ''Le Sourire de ma blonde'' et ''Le Corps de ma brune''<ref name="Bertrand Libé">Anne Bertrand, [[Libération (journal)|Libération]] du mercredi {{Date|26|mai|1993}}, {{p.}}35. Article répertoriant toutes les rétrospectives Miró dans le monde pour le centenaire de la naissance du peintre</ref>. Toutefois, si des œuvres de l'artiste ont été reproduites dans ''La Révolution surréaliste'', si Breton l'a déclaré « le plus surréaliste d'entre nous » et si Miró a participé à une exposition collective du groupe, son adhésion au mouvement ne va pas sans réticences. {{Citation bloc|En pleine révolution avant-gardiste, Miró a continué à verser son tribut à des origines (''Tête de paysan catalan'') dont il ne s'est jamais coupé, revenant régulièrement en Espagne<ref name="Bertrand Libé"/>.}} Bien qu'il soit tout à fait intégré au groupe avec lequel il a d'excellentes relations, son adhésion est assez ''distraite'' : {{Citation bloc|Même s'il assiste aux réunions du café Cyrano et que Breton le considère comme ''le plus surréaliste d'entre nous'', il ne suit aucun mot d'ordre du mouvement et préfère s'en référer à [[Paul Klee|Klee]] que ses amis [[Hans Arp|Ar]]p et [[Alexander Calder|Calder]] lui ont fait découvrir<ref>Bernard Heitz, ''Miró, le tagueur d'étoiles'', [[Télérama]] n°2268 du {{Date|30|juin|1993}}, {{p.}}14. Article publié à l'occasion du centenaire de la naissance de Miró et pour soutenir la souscription ouverte par le Centre Pompidou pour acquérir le ''Bleu I'', le seul des ''trois bleus'' qui manquait à la collection du musée</ref>.}} Au café Cyrano, il reste d'ailleurs silencieux. Ses silences sont réputés, André Masson dira qu'il est resté intact<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}116</ref>. Miró est surtout le compagnon de route du mouvement et il mène avec discrétion sa propre expérience poétique et picturale {{Citation|... qui le portera à l'extrême du possible de la peinture et au cœur même de cette surréalité véritable dont les surréalistes n'ont guère reconnu que les marges<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}116</ref>.}}
Au sein du groupe des surréalistes, Miró est un artiste à part. Son ami [[Michel Leiris]] explique qu'il est souvent l'objet de moqueries pour sa correction un peu bourgeoise, son refus de multiplier les aventures féminines et pour sa mise en avant du pays natal et rural contre le centre parisien<ref group="Mink">{{opcit}} {{p.}}7</ref>.
=== Le naïf ===
Ce que Breton appelle un « certain arrêt de la personnalité au stade enfantin<ref group="Breton">{{opcit}} {{p.}}94</ref>» est en réalité une âpre conquête des pouvoirs perdus depuis l'enfance<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}116</ref>. Le refus de Miró d'intellectualiser ses problèmes, sa façon de peindre des tableaux au lieu de parler peinture, le rendent suspects aux yeux des « gardiens vigilants de la pensée du maître Breton » (José Pierre entre autres) et de l'orthodoxie surréaliste. On a pour lui les égards qu'on a pour les enfants prodiges, avec un peu de mépris condescendant pour sa facilité, sa profusion et la richesse naturelle de ses dons<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}117</ref>.
D'abord jeune prodige du mouvement, il est mis à l'écart par Breton en 1928. Ce dernier l'avait déjà éloigné : la célèbre citation de Breton faisant de Miro ''le plus surréaliste d'entre nous'' contient dans sa version complète de la condescendance, du mépris et non un éloge comme semble l'être la version tronquée. José Pierre, maître de l'orthodoxie surréaliste reproche à [[Jacques Dupin]] d'être un adversaire de Breton<ref>{{harvsp|José Pierre|p=332-333}}</ref> parce qu'il a publié la citation complète de Breton. En 1993, Dupin réédite la citation dans son intégralité<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}117</ref> : {{Citation bloc|Pour mille problèmes qui ne le préoccupent à aucun degré, bien qu'ils soient ceux dont l'esprit humain est pétri, il n'y a peut-être en Joan Miró qu'un désir : celui de s'abandonner pour peindre, et seulement pour peindre (ce qui pour lui est se restreindre au seul domaine dans lequel nous sommes sûrs qu'il dispose de moyens), à ce pur automatisme auquel je n'ai, pour ma part, jamais cessé de faire appel, mais dont je crains que Miró par lui-même ait très sommairement vérifié la valeur, la raison profonde. C'est peut-être, il est vrai par là qu'il peut passer pour le plus ''surréaliste'' de nous tous. Mais comme nous sommes loin de cette chimie de l'intelligence dont on a parlé<ref group="Breton">{{opcit}} {{p.}}36-37</ref>.}}
La mise à l'écart de Miró par Breton se radicalise en 1941 lorsque le peintre refuse tout [[dogme]] esthétique<ref>{{harvsp|José Pierre|p=108}}</ref>. Breton corrige ses propos en 1952, lors de l'exposition des ''Constellations'', mais il récidive peu après la même année en publiant ''Lettre à une petite fille d'Amérique'' où il déclare : « Quelques artistes modernes ont tout fait pour renouer avec le monde de l'enfance, je pense notamment à Klee, à Miró qui, dans les écoles, ne sauraient être trop en faveur<ref>André Breton, ''La Clé des champs'', éditions [[Jean-Jacques Pauvert]], Paris, 1967, {{p.}}333 (réédition 1977, {{ISBN|2-7202-0183-9}})</ref> ».
=== Le maître libre ===
Miró a écrit des poèmes surréalistes<ref>{{lien web|url=http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-surrealisme/ENS-surrealisme.htm#texte3|titre=L'art surréaliste : poème de Joan Miró de novembre 1936|consulté le=01 septembre 2010}}.</ref>. Son abondante correspondance, ses entretiens avec des critiques d'art, et ses déclarations dans les revues d'art, ont été réunis par Margit Rowell en un seul volume sous le titre : ''Joan Miró, selected writings and interviews''<ref>{{Ouvrage |langue=en |titre=Joan Miró, selected writings and interviews |prénom1=Margit|nom1= Rowell| |édition=J.K.Hall et Da Capo press| |année=1986|isbn=0306804859 }}</ref>, traduit en français sous le titre ''Écrits et entretiens'' dans lequel on retrouve notamment l'entretien de 1948 avec James Johnson Sweeney<ref>{{ouvrage|nom=Miro|prénom=Joan|titre=Écrits et entretiens|année=1995|édition=Galerie Lelong|isbn=978-2868820099|passage=228}}</ref> et un entretien inédit avec Margit Rowell<ref>{{ouvrage|nom=Miro|prénom=Joan|titre=Écrits et entretiens|année=1995|édition=Galerie Lelong|isbn=978-2868820099|passage=298}}</ref>. Il a également illustré des recueils de poèmes ou de prose d'autres représentants du mouvement surréaliste, ou des « compagnons de route » des surréalistes : [[Jacques Prévert]], [[Raymond Queneau]], [[René Char]], [[Jacques Dupin]], [[Robert Desnos]]<ref>{{harvsp|Patrick Cramer|p=673-674}}</ref>.
La spontanéité du peintre s'accorde mal avec l'automatisme préconisé par le surréalisme. Ses tableaux, qu'ils aient été réalisés pendant les années 1920 — lors de sa période dite surréaliste — ou plus tard, relèvent de la spontanéité la plus absolue et la plus personnelle. C'est l'accomplissement du rêve sur la toile. Miró n'a que très brièvement effleuré le surréalisme, il n'en est pas un véritable représentant<ref group="Dupin">{{opcit}} {{p.}}120</ref>.
{{Citation bloc|Je commence mes tableaux sous l'effet d'un choc que je ressens et qui me fait échapper à la réalité. La cause de ce choc peut être un petit fil qui se détache de la toile, une goutte d'eau qui tombe, cette empreinte qui laisse mon doigt sur la surface de la table. De toute façon il me faut un point de départ, ne serait-ce qu'un grain de poussière ou un éclat de lumière. (...) Je travaille comme un jardinier ou comme un vigneron (...)<ref>Yvon Taillandier, entretien publié en 1959 dans XXe siècle, vol I, cité par Bernard Heitz, Télérama n°2288, {{p.}}15 </ref>}}
== Principales œuvres ==
=== Principales peintures ===
Les sources pour les peintures proviennent des catalogues d'expositions :
* {{ouvrage|prénom=Werner|nom=Spies|titre=La Révolution surréaliste|édition=Éditions du Centre Pompidou|année=2002|isbn=978-2844261090}}
*{{ouvrage|prénom=André|nom=Breton|titre=Le Surréalisme et la peinture|édition=Gallimard|lieu=Paris|année première édition=1965|année=2002|isbn=978-2070418596}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean- Louis|nom1=Prat|titre=Miró|édition=Fondation Pierre Gianadda|lieu=Martigny (Suisse)|année=1997|isbn=2-88443-042-3}}.
* {{ouvrage|prénom1=Jean- Louis|nom1=Prat|titre=Joan Miró, rétrospective de l'œuvre peint|édition=Fondation Maeght|lieu=Saint-Paul (Alpes-Maritimes)|année=1990|isbn=2-900923-018-7}}.
Et des livres de :
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Joan Miró|prénom1=Jacques|nom1=Dupin|lien auteur=Jacques Dupin|lieu=Paris|édition=Flammarion|collection=Grandes monographies|année=1961 et 1993|isbn=2-08-011744-0}}
*{{Ouvrage|langue=fr|titre= Miró et Mallorca|prénom1=Camilo José|nom1=Cela|lien auteur1=Camilo José Cela|prénom2=Pere A.|nom2=Serra|lieu=Barcelone et Paris|édition=Polígrafa et Cercle d'Art|année=1984 et 1985|isbn=2-7022-0191-1}}
[[Fichier:Mujer - Joan Miró - 1983.jpg|thumb|upright|''[[Femme (Miró)|Femme]]'' (1981), mairie de [[Barcelone]].]]
{| class="wikitable"
|+
! scope=col | Époque
! scope=col | Nom de l'œuvre
! scope=col | Technique
! scope=col | Institut
! scope=col | Ville
|-----
|| 1917 || ''[[Nord-Sud (Miró)|Nord-Sud]]'' || huile sur toile || collection Paule et Adrien Maeght || Paris
|-----
| 1919 || ''[[Autoportrait (Miró)|Autoportrait]]'' || huile sur toile || [[Musée Picasso]] || Paris
|-----
| 1921 || ''[[Grand nu debout (Miró)|Grand nu debout]]'' || huile sur toile || ''Perls Galleries'' || New York
|-----
| 1921 || ''[[La Ferme (peinture)|La Ferme]]'' || huile sur toile || ''[[National Gallery of Art]]'' || Washington
|-----
|| 1921 || ''[[Portrait d'une danseuse espagnole]]'' || huile sur toile || [[Musée Picasso]] || Paris
|-----
|| 1923 || ''Camp llaurat'' || huile sur toile || [[Fondation Solomon R. Guggenheim]] || New York
|-----
|| 1924 || ''[[Paysage catalan (Le Chasseur)]]'' || huile sur toile || [[Museum of Modern Art]] || New York
|-----
|| 1924 || ''La Famille'' || craie noire et rouge sur papier émeri || [[Museum of Modern Art]] || New York
|-----
|| 1924 || ''Maternité'' || huile sur toile || Scottish National Gallery of Modern Art || Édimbourg
|-----
|| 1925 || ''[[Le Carnaval d'Arlequin]]'' || huile sur toile || ''Albright-Knox Art Gallery'' || Buffalo
|-----
|| 1927 || ''[[Le Cheval de cirque]]'' || huile sur toile || ''[[Hirshhorn Museum and Sculpture Garden]]'', [[Smithsonian Institution]] et [[Musée communal des beaux-arts d'Ixelles]] || Washington et Bruxelles
|-----
| 1928 || ''[[Intérieur hollandais I]]'' || huile sur toile || ''[[Museum of Modern Art]]'' || New York
|-----
| 1928 || ''[[Intérieur hollandais II]]'' || huile sur toile || ''[[Collection Peggy Guggenheim]]'' - ''[[Fondation Solomon R. Guggenheim]]'' || Venise
|-----
| 1928 || ''[[Intérieur hollandais III]]'' || huile sur toile || ''[[Metropolitan Museum of Art]]''|| New York
|-----
| 1928 || ''[[Danseuse espagnole]]'' || Collage || ''[[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]]''|| Paris
|-----
| 1930 || ''[[Peinture, la magie de la couleur]]'' || huile sur toile || ''[[Menil Collection]]''|| Houston
|-----
| 1930 || ''[[Peinture (Miró 1930)|Peinture]]'' || huile et plâtre sur toile || ''[[Fondation Beyeler]]''|| Bâle
|-----
| 1933 || ''[[Composition (Miró 1933)|Composition]]'' || huile sur toile || ''[[Kunsthalle de Berne|Kunsthalle]]''|| Berne
|-----
| 1933 || ''[[Composition (Miró, concentration plastique)|Composition, concentration plastique]]'' || huile sur toile || ''[[Lille Métropole Musée d'art moderne, d'art contemporain et d'art brut]]''||Villeneuve-d'Ascq
|-----
|| 1934 || ''[[Escargot, femme, fleur et étoile]]'' || huile sur toile || [[Musée du Prado]] || Madrid
|-----
|| 1937 || ''[[Nature morte au vieux soulier]]'' || huile sur toile || ''[[Museum of Modern Art]]'' || New York
|-----
|| 1938 || ''Une étoile caresse le sein d'une noire'' || huile sur toile || ''[[Tate (galerie)|Tate Gallery]]'' || Londres
|-----
|| 1939-1941 || Série des ''[[Constellations (Miró)|Constellations]]'' || tempera, gouache, huile, pastel, peinture à l'essence sur papier ||[[Fondation Miró]] et [[Museum of Modern Art]] ||Barcelone et New York
|-----
| 1942-1949 || ''[[Femme, oiseau, étoile]]'' || pastel, crayon, résine, gouache, fusain, huile sur toiles || Collection Rosengart et collection Jeannette et Paul Haim || Lucerne et Paris
|-----
|| 1961 || ''[[Tryptique Bleu I, Bleu II, Bleu III|Bleu I, Bleu II, Bleu III]]'' || huiles sur toiles || [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou]] || Paris
|-----
|| 1968 || ''Personnage devant le soleil'' || acrylique || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|-----
||1968- 1973 || ''[[Mai 1968 (Miró)|Mai 1968]] || huile sur toile || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|-----
|| 1972 || ''Femme et oiseau à l'aube'' || huile sur toile || N.C || N.C
|-----
|| 1974 || ''[[L'Espoir du condamné à mort]]'' || huile sur toile || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|}
=== Principaux murs de céramiques ===
[[Fichier:Baden-Baden, Miro.jpg|thumb|upright|Sculpture à [[Baden-Baden]].]]
{| class="wikitable"
|+
! scope=col | Époque
! scope=col | lieu
! scope=col | Ville
|-----
| 1950 || [[Université d'Harvard]] || [[Harvard]]
|-----
| 1958 || Siège de l'[[UNESCO]] || Paris
|-----
| 1964 || Handekshochschule || [[Sankt Gallen]]
|-----
| 1964 || [[Labyrinthe (Miró)|Labyrinthe]] [[Fondation Maeght]] || [[Saint-Paul (Alpes-Maritimes)|Saint-Paul-de-Vence]]
|-----
| 1970 || Terminal B, [[Aéroport de Barcelone]] || [[El Prat de Llobregat]]
|-----
| 1970 || Pavillon du gaz de l'exposition internationale || [[Osaka]]
|-----
| 1971 || [[Murs de céramique (Miró)|Wilhelm-Hack-Museum]] || [[Ludwigshafen]]
|-----
| 1972 || Cinémathèque || Paris
|-----
| 1976 || Locaux d'[[IBM]] || Barcelone
|-----
| 1980 || Nouveau Palais des Congrès || [[Madrid]]
|-----
| 1983 || Parc del Mar || [[Palma de Majorque]]
|}
=== Principales sculptures ===
[[Fichier:La caricia de un pájaro.jpg|thumb|upright|''[[La Caresse d'un oiseau]]'', [[Fondation Miró]] ([[Barcelone]]).]]
{| class="wikitable"
|+
! scope=col | Époque
! scope=col | Nom de l'œuvre
! scope=col | Technique
! scope=col | lieu
! scope=col | Ville
|-----
|1933 || ''Personnage et parapluie'' || bois, parapluie et feuilles sèches || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|-----
|1967 || ''[[Oiseau solaire et Oiseau lunaire|Oiseau solaire (bronze)]]'' || bronze || Cinq exemplaires numérotés et deux épreuves d'artiste offertes à la [[Paris|ville de Paris]] et au [[Museum of Modern Art]] || Paris et New York
|-----
|1968 || ''[[Oiseau solaire et Oiseau lunaire|Oiseau lunaire (marbre)]]'' || marbre de Carrare || [[Fondation Maeght]] || Saint-Paul-de-Vence
|-----
|1961 - 1981 || ''[[Labyrinthe (Miró)|Labyrinthe]]'' || bronze, fer, marbre, céramique, béton ||[[Fondation Maeght]] || [[Saint-Paul-de-Vence]]
|-----
|1967 || ''Montre du vent'' || bronze || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|-----
|1967 || ''[[La Caresse d'un oiseau]]'' || bronze peint || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|-----
|1973 || ''Femme verre'' || bronze || Parc Cultural Viera i Clavijo || [[Santa Cruz de Tenerife]]
|-----
|1974 || ''Chien'' || bronze || [[Fondation Miró]] || Barcelone
|-----
|1978 || Ensemble monumental || résine de polyester peint || La Défense || Paris
|-----
|1981 || ''[[Miss Chicago]]'' || béton et bronze || Washington street || Chicago
|-----
|1981 || ''[[Femme (Miró)|Femme]]'' || bronze || hôtel de ville || Barcelone
|-----
|1983 || ''[[Femme et oiseau]]'' || ciment et céramiques || [[Parc Joan Miró]] || Barcelone
|}
=== Principales illustrations ===
[[Fichier:Duisburg Miro 01.JPG|thumb|upright|''Personnage et Oiseau'' ([[Duisburg]]).]]
{| class="wikitable"
|+
! scope=col | Époque
! scope=col | Auteur
! scope=col | Ouvrage
! scope=col | Technique
|----
|1930 || [[Tristan Tzara]] || ''L'arbre des Voyageurs'' || quatre lithographies
|----
|1933 || [[Georges Hugnet]] || ''Enfances'' || trois gravures
|----
|1944 || Joan Miró|| ''[[Barcelona (Miró)|Barcelona]]'' || cinquante lithographies en noir et blanc<ref>sous le même titre, Miró produit en 1973 treize [[eau-forte|eaux-fortes]] et [[aquatinte]]s en couleur, et une [[lithographie]]{{harvsp|Cramer|p=424}}</ref>
|----
|1948 || [[Henry Miller]] || ''Le sourire au pied de l'échelle''<ref>{{ouvrage|titre=le sourire au pied de l'échelle|prénom1=Henry|nom1=Miller|édition=Buchet Chastel|année première édition=1948|année=2000|isbn=2702013694}}</ref> || N.C
|----
|1951 || [[Tristan Tzara]] || ''Parler seul'' || gravures et dessins
|----
| 1954 || Joan Miró || ''Une Hirondelle'' || textes et dessins
|----
|1957 || [[René Crevel]] || ''Bague d'Aurore'' || cinq eaux-fortes
|----
| 1958 || [[Paul Éluard]] || ''À toute épreuve'' || 80 gravures sur bois
|----
|1959 || [[René Char]] || ''Nous avons'' || cinq eaux-fortes
|----
|1961 || [[Raymond Queneau]] || ''Album 19'' || 19 lithographies
|----
|1966 || [[Alfred Jarry]] || ''Ubu Roi'' || 13 lithographies
|----
|1967 || [[Ivan Goll]] || ''Bouquets de rêves pour Neila'' || 19 lithographies
|----
|1971 || Joan Miró || ''Ubu aux Baléares''<br/>''Le lézard aux plumes d'or'' || textes et dessins
|----
|1972 || [[Joan Brossa]] || ''Ode à Joan Miró'' || huit lithographies
|----
|1975 || [[Jacques Prévert]] || ''Adonides'' || 63 gravures
|}
En 1974, la ré-interprétation de l'[[oiseau postal]], logotype des [[Postes, télégraphes et téléphones (France)|postes françaises]], devient la première œuvre artistique spécialement créée pour être reproduite sur un timbre de la « série artistique », en France et à Barcelone.
== Marché de l'Art ==
[[Fichier:Logo laCaixa principal.gif|thumb|upright|Le logo de [[la Caixa]] par Miró.]]
L'œuvre de l'artiste devient très populaire après une série d'article et de critiques. De nombreuses impressions de ses œuvres sont faites sur des objets de la vie quotidienne : vêtements, plats, verres. Il existe également un parfum « Miró » où le flacon et l'emballage sont des souvenirs de l'artiste. La banque espagnole [[La Caixa]] utilise depuis les années 1980 une œuvre de Miró comme logo : une étoile bleu marine, un point rouge et un point jaune. Pour le mondial de football de 1982, la [[FIFA]] adopte également un logo de Miró. Après quelques modifications par l'artiste celui-ci est repris par l'office du tourisme espagnol. C'est un soleil, une étoile et le texte « España » de couleurs rouge, noir et jaune<ref>{{lien web |url=http://www.laopiniondemalaga.es/secciones/noticia.jsp?pRef=2008042500_2_175395__Malaga-Miro-obra-universal-ligada-exito-turismo |titre=El sol de Miró : una obra universal ligada al éxito del turismo español|en ligne le=25-04-2008|obra= |édition=Laopiniondemalaga.es |consulté le= 12-12-2009|langue=es}}</ref>. Un quartette à corde basé à [[Austin (Texas)]] est fondé en 1995 sous le nom de ''Quartette Miró''<ref>{{lien web |url=http://www.miroquartet.com/ |titre= Miró Quartet|data= |obra= |editorial=|consulté le= 12-12-2009|langue= en}}</ref>. [[Google]] dédie son portail à l'artiste le {{date|20|avril|2006}} pour les {{unité|113|ans}} de la naissance de Miró<ref>{{lien web|url=http://www.sfgate.com/cgi-bin/blogs/sfgate/detail?blogid=19&entry_id=4527|titre=Miró v. Google's doodle|édition=SFGate|consulté le=10 août 2010|langue=en}}</ref>.
Les peintures de l'artiste Joan Miró ont un grand succès sur le marché de l'art et se vendent à des prix très élevés. L'huile sur toile ''La Caresse des étoiles'' s'est vendue à {{unité|17065000|$}} le 6 mai 2008 chez [[Christie's]] à [[New York]], soient {{formatnum:11039348}} euros<ref>[http://www.artvalue.com/default.aspx?ID=23&ARTISTE=MIR%C3%93&ARTISTE_ID=52485&x=14&y=11&maisons_pays=-1&C_C_18=O&DEVISE=EURO&NB_COL=2&PRICEDEV=1&ORDRE=3&cp_checked=0&C_C_18=O Résultats de ventes aux enchères]</ref>. Les peintures de Miró sont également parmi les plus falsifiées au monde. La grande popularité des toiles et la côte importante des œuvres favorisent le développement de contrefaçons. Parmi les dernières toiles confisquées par la police lors de l'« Opération artiste » on trouve principalement des pièces de Miró, [[Picasso]], [[Tàpies]] et [[Chillida]]<ref>{{lien web|url= http://www.elcultural.es/articulo_imp.aspx?id=3236|titre=Plagios en la edición gráfica|consulté le=12-12-2009|année= 2001|édition=El Cultural.es|langue=es}}</ref>{{, }}<ref>{{lien web |url=http://www.elperiodicomediterraneo.com/noticias/noticia.asp?pkid=367330 |titre=Cae una red de falsificación de obras de Picasso, Dalí y Miró|consulta=12-12-2009 |cognom= |nom= |coautors= |consulté le= 20-03-2008|obra= |édition=El Periodico el mediterráneo|langue=es}}</ref>.
== Notes et références ==
=== Traductions et notes ===
{{Traduction/Référence|lang1=ca|art1=Joan Miró i Ferrà|id1=5635834|lang2=de|art2=Joan Miró|id2=78631759}}
<references group=note/>
=== Principaux ouvrages cités ===
{{Début de colonnes|nombre=3}}
'''Notes se référant à ''Joan Miró'''''<br>
{{ouvrage|nom1=Malet|prénom1=Rosa Maria|année=1992|titre=Joan Miró|lieu=Barcelona|édition=Edicions 62|langue=es|isbn=84-297-3568-2}}
<references group="Malet"/>
'''Notes se référant à ''Ceci est la couleur de mes rêves — entretiens avec Miró'''''<br>
{{Ouvrage|prénom1=Raillard|nom1=Georges|prénom2 = Joan|nom2 = Miró|lieu=Paris|édition=Seuil|titre=Ceci est la couleur de mes rêves|sous-titre=entretiens avec Miró|année=2004|isbn=84-7444-605-8}}
<references group="Raillard"/>
'''Notes se référant à ''Joan Miró 1893-1993 : Catàleg.'''''<br>
{{ouvrage|prénom1=Carmen|nom1=Escudero|nom2=Montaner|prénom2=Teresa|titre=Joan Miró 1893-1993 : Catàleg|langue=ca|édition=Fundació Joan Miró - Leonardo Arte|année=1993}}
<references group="Carmen"/>
'''Notes se référant à ''Joan Miró'''''<br>
{{ouvrage|nom1=Rebull Trudell|prénom1=Melania|titre=Joan Miró|lieu=Barcelona|édition=Globus y Ediciones Polígrafa|langue=ca|année=1994|isbn=84-88424-96-5}}
<references group="Rebull"/>
'''Notes se référant à ''Joan Miró: 1893-1983'''''<br>
{{ouvrage|nom1=Mink|prénom1=Janis|titre=Joan Miró: 1893-1983|éditeur=Taschen|année=2000|isbn=9783822859759}}
<references group="Mink"/>
'''Notes se référant à ''Joan Miró'''''<br>
{{Ouvrage|langue=fr|titre=Joan Miró|prénom=Jacques|nom=Dupin|lieu=Paris|édition=Flammarion|collection=Grandes monographies|année=1961 et 1993|isbn=2-08-011744-0}}
<references group="Dupin"/>
'''Notes se référant à ''Joan Miró-correspondance et entretiens'''''<br>
{{Ouvrage |langue=en |titre=Joan Miró, selected writings and interviews |prénom1=Margit|nom1= Rowell| |édition=J.K.Hall et Da Capo press| |année=1986|isbn=0306804859 }}
<references group="Margit Rowell"/>
'''Notes se référant à ''Joan Miró-surréalisme'''''<br>
{{Ouvrage|langue=fr|titre= Le Surréalisme et la peinture, génèse et perspective artistique du surréalisme|prénom=André|nom= Breton||édition=New York et Gallimard|année=1941 et 2002|isbn=2070418596}}
<references group="Breton"/>
{{Fin de colonnes}}
=== Autres ouvrages cités ===
{{Références|colonnes=2}}
== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:Joan Miró}}
=== Articles connexes ===
* [[Réalisme magique]]
* [[Surréalisme]]
* [[Fondation Miró]]
=== Liens externes ===
* {{es}} [http://www.fundaciomiro-bcn.org/ Site officiel de la Fondation Miró]
* {{fr}} [http://www.michelfillion.com/oeuvres.php?artiste=MIRO Galerie présentant des estampes originales de Joan Miro]
* {{fr}} [http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-miro/ENS-miro.html Dossier : ''Joan Miró, La naissance du monde'', exposition au Centre Pompidou, 2004]
* {{en}} [http://www.artcyclopedia.com/artists/miro_joan.html ''Joan Miró online'' : toutes les œuvres]
* {{fr}} {{en}} [http://www.galerie-lelong.com/ Galerie Lelong, Paris]
=== Bibliographie ===
* {{ouvrage|titre=Catalogue raisonné ''Miró engraver''|langue=en|volume=1 à 6|auteur=Jacques Dupin|édition=Galerie Lelong|année=1984 à 2001|isbn=}}
* {{ouvrage|titre=Miró sculptures catalogue raisonné 1928-1982|langue=fr|auteur=Emilio Fernandez|édition=édition Galerie Lelong|année=2006|isbn= }}
* {{ouvrage|titre=Catalogue raisonné ''Miró paintings''|langue=en|volume=1 à 6|auteur=Jacques Dupin|édition=Galerie Lelong|année=1999 à 2004|isbn=}}
* {{Ouvrage |langue= en |prénom1=Clement |nom1= Greenberg|lien auteur=|titre= Joan Miró |sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=Quadrangle press|lien éditeur= |lieu= New York |jour= |mois= |année= 1948 et 1949 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne= |consulté le= }}
*{{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1=Yves |nom1= Bonnefoy|lien auteur= Yves Bonnefoy |titre= Joan Miró |sous-titre=|numéro d'édition= |éditeur=Bibliothèque des Arts|lien éditeur= |lieu= Paris |jour= |mois= |année= 1964 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |lire en ligne= |consulté le= }}
* {{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1=Roland |nom1=Penrose|lien auteur= Roland Penrose |titre= Joan Miró |sous-titre=|numéro d'édition= |éditeur=Thames & Hudson |lien éditeur=Thames & Hudson |lieu= Paris, Londres, New York |jour= |mois= |année= 1990 |volume= |tome= |pages totales= 156 |passage= |isbn=287811017X |lire en ligne= |consulté le= }} traduction de Fabienne Polini, réédition Gallimard -Découvertes, 2004, {{ISBN|2070315444}}
*{{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1=Gaétan |nom1= Picon|lien auteur1= Gaétan Picon |prénom2=Joan |nom2= Miró||titre= Carnets catalans, dessins, et entretiens inédits|numéro d'édition= |éditeur=Albert Skira |lien éditeur=Albert Skira |lieu= Genève |jour= |mois= |année= 1976 |volume=2 |tome= I|pages totales=142 |passage= |isbn= |lire en ligne= |consulté le= }}
*{{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1=Joan |nom1= Miró||titre= Carnets catalans, dessins, et textes inédits|numéro d'édition= |éditeur=Albert Skira |lien éditeur=Albert Skira |lieu= Genève |jour= |mois= |année= 1976 |volume=2 |tome= II|pages totales=146 |passage= |isbn= |lire en ligne= |consulté le= }}
* {{ouvrage |langue=en |prénom1= William |nom1= Rubin |lien auteur= William Rubin|titre= Miró in the collection of the Museum of modern art |sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=Museum of modern art|lien éditeur=Museum of Modern Art|lieu= New York |jour= |mois= |année= 1973 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=087070463X |lire en ligne= |consulté le= }}
* {{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= Patrick |nom1= Cramer |lien auteur= |titre= Joan Miró : Les Livres illustrés, catalogue raisonné |numéro d'édition= |éditeur=Patrick Cramer|lien éditeur= |lieu= Genève, Paris, Zurich|jour= |mois= |année= 1989 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=087070463X |lire en ligne= |consulté le= }} préface de Rosa Maria Malet.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1= Joan |nom1= Miró |prénom2= Jacques |nom2= Dupin |lien auteur2= Jacques Dupin|titre= Joan Miró, souvenirs de la rue Blomet : selected writings and interviews|numéro d'édition= |éditeur= Da Capo Press |lien éditeur= |lieu= New York|jour= |mois= |année= 1961 et 1986|volume= |tome= |pages totales= |passage= ||lire en ligne= |consulté le= }}, réédition Folio Gallimard, 2002, 356 p. {{ISBN|0306804859}} {{Commentaire biblio| Cet entretien n'a jamais été publié en français. Il fait désormais partie d'un recueil réunissant les écrits et entretiens de Joan Miró}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|prénom1= André |nom1= Breton |lien auteur= André Breton|titre= Le Surréalisme et la peinture, génèse et perspective artistique du surréalisme|numéro d'édition= |éditeur= |lien éditeur= |lieu= New York|jour= |mois= |année= 1941 et 1943|volume= |tome= |pages totales= |passage= ||lire en ligne= |consulté le= }}, réédition Folio Gallimard, 2002, 559 p. {{ISBN|2070418596}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|prénom1= Walter |nom1= Erben |lien auteur=|titre= Miró|sous-titre=|numéro d'édition= |éditeur= André Sauret et Prestel Verlag|lien éditeur= |lieu= Monte-Carlo et Munich |jour= |mois= |année= 1960 et 1980|volume= |tome= |pages totales= |passage= ||lire en ligne= |consulté le= }}, réédition Taschen, 1998, {{ISBN|3822873497}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|titre=Joan Miró|prénom=Jacques|nom=Dupin|lieu=Paris|édition=Flammarion|collection=Grandes monographies|année=1961 et 1993|isbn=2-08-011744-0}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|titre=Miró sculpteur|édition=Poligrafa|collection=Fotoscop|année=1973}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|auteur=Joan Miró|titre=Écrits et entretiens|lieu=Paris|éditeur=Daniel Lelong|année=1995}}
* {{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|id=JPMourey|auteur=Jean-Pierre Mourey|titre=Poétique du déplacement: littérature et arts d'Espagne et d'Amérique latine. De la terre au soleil. Dans la soupe du cosmos. Joan Miró et Miguel Barceló|volume=4|collection=Cahiers du Groupe de Recherches Ibériques et Ibéro-Américaines|éditeur=Université de Saint-Etienne|année=1996|isbn=9782862721019}}
* {{en}} et {{fr}}{{Ouvrage |langue=en et fr |prénom1=Michel |nom1= Leiris|lien auteur= Michel Leiris|titre= Autour de Joan Miró, the Prints of Joan Miró|numéro d'édition= 200 |éditeur=Curt Valentin et Folio Gallimard|lien éditeur= |lieu= New York et Paris |jour= |mois= |année= 1947 et 1992 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=2070327124 |lire en ligne= |consulté le= }}
{{Commentaire biblio|Le texte de Michel Leiris a d'abord été publié en bilingue anglais-français en 1947, sous le titre ''Autour de Joan Miró'', (Around Joan Miró), puis repris sous le titre ''Zébrage'', Folio essai n°200, en 1992.}}
*{{fr}} {{ouvrage |langue= |prénom1=Jacques|nom1= Lassaigne|titre=Miró|sous-titre=|numéro d'édition= |éditeur=Albert Skira|lien éditeur= Skira |lieu= Lausanne |jour= |mois=février|année= 1963|volume= |tome= |pages totales=|passage= |isbn=|lire en ligne= |consulté le= }}
* {{ouvrage |langue=en |prénom1=James Johnson|nom1= Sweeney|titre=Joan Miró, Comments and interviews |sous-titre=|numéro d'édition= |éditeur=Partisan Review n°2|lien éditeur= |lieu= New York |jour= |mois=février|année= 1948|volume= |tome= |pages totales=|passage= |isbn=|lire en ligne= |consulté le= }}
{{Commentaire biblio|Voir les références à ces entretiens dans le livre de James Thrall Soby.}}
* {{Ouvrage |langue= en |prénom1=James Thrall|nom1= Soby|titre=Joan Miró|sous-titre=|numéro d'édition= |éditeur=Museum of Modern Art |lien éditeur=Museum of Modern Art |lieu= New York |jour= |mois=|année=1959 et 1980|volume= |tome= |pages totales=|passage= |isbn=|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=MnW9FxHK0m8C&printsec=frontcover&dq=Joan+Miró+Par+James+Thrall+Soby&source=bl&ots=EU0Li7krsF&sig=kZxlBDVC83F7iOyA_AplyVE-UyE&hl=fr&ei=7JaUTNiPLZWI4AahmbXkBA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBgQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false |consulté le=18 septembre 2010}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Margit|nom1= Rowell|titre=Joan Miró, selected writings and interviews|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=J.K.Hall et Da Capo press|lien éditeur= |lieu= Boston |jour= |mois= |année=1986 |volume= |tome= |pages totales=356 |passage= |isbn=0306804859 |lire en ligne= |consulté le= }}
{{Commentaire biblio| L'ouvrage regroupe les lettres de Miró avec ses amis et les écrits des amis de Miró sur le peintre, ainsi que leur correspondance.}}
* {{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= Michel |nom1=Leiris||lien auteur=Michel Leiris |prénom2= André |nom2= Masson|lien auteur2=André Masson |titre= Miroir de la tauromachie|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=Éditions Fata Morgana|lien éditeur= Éditions Fata Morgana|lieu=Saint-Clément-de-Rivière et Montpellier|jour= |mois= |année= 1981 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=2851942689 |lire en ligne= |consulté le= }}
* {{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= José |nom1= Bergamín |prénom2= Florence |nom2= Delay|lien auteur=José Bergamín |titre= La Solitude sonore du torero|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=éditions Verdier, éditions du Seuil|lien éditeur= |lieu= Lagrasse et Paris|jour= |mois= |année= 1981 et 1989 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn=2-86432-545-1 |lire en ligne= |consulté le= }}
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1=Jean- Louis|nom1=Prat|titre=Miró|édition=Fondation Gianadda|lien éditeur= Fondation Gianadda|lieu=Martigny (Suisse)|année=1997|isbn=2-88443-042-3}}.
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1=Jean- Louis|nom1=Prat|titre=Joan Miró, rétrospective de l'œuvre peint|édition=Fondation Maeght|lien éditeur=Aimé Maeght|lieu=Saint-Paul (Alpes-Maritimes)|année=1990|isbn=2-900923-018-7}}
* {{fr}} {{ouvrage|prénom1=Jean- Louis|nom1=Prat|titre=Joan Miró, métamorphose des formes|édition=Fondation Maeght|lien éditeur=Aimé Maeght|lieu=Saint-Paul (Alpes-Maritimes)|année=2001|isbn=2-900923-24-7}}
{{Commentaire biblio|Sculptures et peintures de la [[Fondation Maeght]], exposition du 1{{e}} avril a 25 juin 2001}}
*{{fr}} {{Ouvrage|langue=fr|titre= Miró et Mallorca|prénom1=Camilo José|nom1=Cela|lien auteur1=Camilo José Cela|prénom2=Pere A.|nom2=Serra|lieu=Barcelone et Paris|édition=Polígrafa et Cercle d'Art|année=1984 et 1985|isbn=2-7022-0191-1}}
*{{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= José|nom1=Pierre||lien auteur=|titre= André Breton et la peinture|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=Éditions L'Âge d'Homme|lien éditeur=Éditions L'Âge d'Homme|lieu=Lausanne|jour= |mois= |année= 1987 |volume= |tome= |pages totales= |passage= |isbn= |lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=CTwK6S-U7DcC&pg=PP1&lpg=PP1&dq=André+Breton+et+la+peinture,+l'âge+d'homme+1987&source=bl&ots=HceztxWhfr&sig=cEmj9LTVmq-W2RKOi0uPhwY5dco&hl=fr&ei=dymjTIFkwavgBv-DwcwD&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBUQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false |consulté le= }}
*{{fr}} {{Ouvrage |langue= |prénom1= Alain |nom1= Jouffroy |prénom2= Joan |nom2= Teixidor|lien auteur=Alain Jouffroy |titre= Miró sculptures|sous-titre= |numéro d'édition= |éditeur=Maeght éditeur|lien éditeur=Aimé Maeght |lieu= Paris|jour= |mois= |année= 1980 |volume= |tome= |pages totales=250 |passage= |isbn= |lire en ligne= |consulté le= }} Grand format.
{{Œuvres de Miró}}
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