Leopold III dari Belgia: Perbedaan antara revisi

Konten dihapus Konten ditambahkan
NaidNdeso (bicara | kontrib)
k ←Membuat halaman berisi '<!-- {{Voir homonymes|Léopold III}} {{Infobox Politicien |charte= Monarque |image= 200px |légende= ...'
 
Kayanad (bicara | kontrib)
Tidak ada ringkasan suntingan
Tag: Suntingan perangkat seluler Suntingan aplikasi seluler Suntingan aplikasi Android App section source
 
(30 revisi perantara oleh 19 pengguna tidak ditampilkan)
Baris 1:
{{Infobox royalty
<!--
| type = monarch
{{Voir homonymes|Léopold III}}
| name = Leopold III
{{Infobox Politicien
| full name = Leopold Philip Charles Albert Meinrad Hubertus Maria Michael
|charte= Monarque
| succession = [[Raja Belgia]]
|image= [[Image:Princess Astrid engaged in 1926.jpg|200px]]
| image = Leopold III (1934).jpg
|légende= Léopold et son épouse [[Astrid de Suède]]
| caption = Leopold III tahun 1934
|nom= Léopold III
| reign = 23 Februari 1934 – 16 Juli 1951<br />({{age in years and days|1934|2|23|1951|7|16}})
|fonction1= 4{{e}} [[Liste des rois des Belges|roi des Belges]]
| coronation =
|régent 1= [[Charles de Belgique]] <small>(1944-1950)</small>
|prédécesseur 1= predecessor = [[Albert IerI dedari BelgiqueBelgia|Albert {{Ier}}I]]
|successeur 1= successor = [[Baudouin dedari BelgiqueBelgia|Baudouin]]
| birth_date = {{Birth date|1901|11|3|df=y}}
|premier ministre 1= [[Georges Theunis]]<br />[[Paul van Zeeland]]<br />[[Paul-Émile Janson]]<br />[[Paul-Henri Spaak]]<br />[[Hubert Pierlot]]<br />[[Jean Duvieusart]]
| birth_place = [[Brussel]], [[Belgia]]
|a partir du fonction1= {{Date|23|février|1934}}
| death_date = {{Death date and age|1983|9|25|1901|11|3|df=y}}
|jusqu'au fonction1= {{Date|16|juillet|1951}}<br />{{Durée|23|02|1934|16|07|1951}}
| death_place = [[Brussel]], [[Belgia]]
|dynastie= [[Duché de Saxe-Cobourg et Gotha|Maison de Saxe-Cobourg]]
| spouse = {{plainlist|
|nom naissance= Léopold Philippe Charles Albert Meinrad Hubertus Marie Miguel de Saxe-Cobourg
* {{marriage|[[Astrid dari Swedia]]<br>|1926|1935|end=d.}}
|naissance= {{Date|3|novembre|1901}}
* {{marriage|[[Lilian, Putri Réthy|Mary Lilian Baels]]<br>|1941}}
|lieu de naissance= {{drapeau|Belgique}} [[Bruxelles-ville]] ([[Belgique]])
|père= [[Albert Ier de Belgique|Albert {{Ier}} de Belgique]]
|mère= [[Élisabeth de Bavière (1876-1965)|Élisabeth de Bavière]]
|conjoint= [[Astrid de Suède]] <small>(1926-1935)</small><br />[[Lilian Baels]] <small>(1941-1983)</small>
|enfants= [[Josephine-Charlotte de Belgique|Princesse Josephine-Charlotte]]<br />[[Baudouin de Belgique|Baudouin]] [[Image:Red crown.png|15 px]]<br />[[Albert II de Belgique|Albert II]] [[Image:Red crown.png|15 px]]<br />[[Alexandre de Belgique|Prince Alexandre]]<br />[[Marie-Christine de Belgique|Princesse Marie-Christine]]<br />[[Marie-Esméralda de Belgique|Princesse Marie-Esméralda]]
|résidence= [[Palais royal de Bruxelles]]
|décès= {{Date de décès|25|septembre|1983|3|novembre|1901}}
|lieu de décès= {{drapeau|Belgique}} [[Woluwe-Saint-Lambert]] ([[Belgique]])
|liste= '''[[Liste des rois des Belges|Rois des Belges]]'''
|emblème= [[Fichier:Coat_of_arms_of_the_king_of_the_Belgians_(since_1921).svg|145px]]
}}
| issue = [[Joséphine Charlotte dari Belgia|Joséphine-Charlotte, Adipatni Agung Luksemburg]] <br /> [[Baudouin dari Belgia|Raja Baudouin dari Belgia]] <br /> [[Albert II dari Belgia|Raja Albert II dari Belgia]] <br /> [[Pangeran Alexandre dari Belgia]] <br /> [[Putri Marie-Christine dari Belgia|Putri Marie-Christine, Lady Gourges]] <br /> [[Putri Marie-Esmeralda|Putri Marie-Esméralda, Lady Moncada]]
-->
| house = [[Wangsa Sachsen-Coburg dan Gotha|Sachsen-Coburg dan Gotha]]
 
| royal anthem =
[[Berkas:Princess Astrid engaged in 1926.jpg|200px]]
| father = [[Albert I dari Belgia]]
 
| mother = [[Elisabeth dari Bavaria, Ratu Belgia|Elisabeth dari Bavaria]]
'''Léopold III''' (''Léopold Philippe Charles Albert Meinrad Hubertus Marie Miguel'') ([[3 November]], [[1901]] - [[25 September]], [[1983]]) adalah raja [[Belgia]] keempat, yang berkuasa dari tanggal [[23 Februari]], [[1934]] hingga [[16 Juli]], [[1951]]. Ia adalah putra dari [[Albert Ier de Belgique|Albert&nbsp;I{{er}}]] dan [[Élisabeth de Bavière (1876-1965)|Élisabeth de Bavière]]. Ia di [[Abdikasi|abdikasi]] setelah polemik yang panjang dan krisis di kerajaan dan kontroversi yang terjadi setelah [[Perang Dunia II]].
| date of birth = {{Birth date|1901|11|3|df=y}}
 
| place of birth = [[Brussels]], Belgia
<!--
| date of death = {{Death date and age|1983|9|25|1901|11|3|df=y}}
== Jeunesse et mariage ==
| place of death = [[Woluwe-Saint-Lambert]], Belgia
 
| buried = |
Celui que l'histoire retient sous le nom de Léopold III de Belgique, roi des Belges, fut incorporé, encore adolescent, comme simple soldat durant la [[Première Guerre mondiale]] dans le 12{{e}} Régiment de Ligne. Après la guerre, il fut inscrit au St. Anthony Seminary à [[Santa Barbara (Californie)|Santa Barbara]], [[Californie]].
}}
 
'''Leopold III''' ({{lang-fr| Léopold Philippe Charles Albert Meinrad Hubertus Marie Michel}}, {{lang-nl|Leopold Filips Karel Albert Meinrad Hubertus Maria Miguel}}, {{lang-de|Leopold Philipp Karl Albert Meinrad Hubertus Maria Michael}}, {{lang-id|Leopoldus Filipus Karolus Albertus Meinradus Hubertus Maria Mikhael}}; ({{lahirmati||3|11|1901||25|9|1983}}) memerintah sebagai [[Raja Belgia]] sejak 1934 hingga 1951, ketika ia menyerahkan takhta kepada pewarisnya, putranya, [[Baudouin dari Belgia|Baudouin]].
En [[1926]], il rencontra à Stockholm la princesse [[Astrid de Suède]], née le {{Date|17|novembre|1905}}, fille du prince Charles de Suède et nièce du roi Gustave V. Le mariage eut lieu en novembre de la même année et ils eurent trois enfants :
 
* [[Joséphine-Charlotte de Belgique]], future grande-duchesse de [[Luxembourg (pays)|Luxembourg]], épouse du grand-duc [[Grand-duc Jean de Luxembourg|Jean]] ;
 
* [[Baudouin de Belgique|Baudouin]], roi des Belges (1951-1993) ;
 
* Albert, prince de Liège, futur [[Albert II de Belgique|Albert II]], l'actuel roi des Belges (1993).
 
En [[1935]], un accident de voiture à [[Küssnacht am Rigi|Küssnacht]] ([[Suisse]]) causa la mort de la reine Astrid et blessa le roi, qui était au volant. La disparition de cette reine très populaire fut ressentie comme un deuil national particulièrement douloureux.
 
En [[1941]] il épousa [[Lilian Baels]] dont il eut trois enfants :
 
* [[Alexandre de Belgique|Alexandre]], prince de Belgique, né le {{Date|18|juillet|1942}} et décédé le {{Date|29|novembre|2009}}. Il épousa le {{Date|14|mars|1991}} Léa Wolman (née le {{Date|2|décembre|1951}}).
 
* [[Marie-Christine de Belgique|Marie-Christine]], princesse de Belgique, née le {{Date|6|février|1951}}. Elle épousa le {{Date|23|mai|1981}} Paul Druker (puis divorça le {{Date|9|juillet|1981}}), et Jean-Paul Gourgues le {{Date|28|septembre|1989}}.
 
* [[Marie-Esméralda de Belgique|Marie-Esmeralda]], princesse de Belgique, née le {{Date|30|septembre|1956}}. Elle épousa, le {{Date|4|avril|1998}}, Salvador Moncada. Elle est maintenant journaliste sous le nom d'Esmeralda de Réthy (titre de sa mère). Descendance : Alexandra née le {{Date|4|août|1998}} et Léopoldo né le {{Date|21|mai|2001}}.
 
Si les enfants du roi et de [[Lilian Baels]] portent bien le titre de prince(sse) de Belgique, ils n'entrent toutefois pas dans l'ordre de succession au trône.
 
== La Seconde Guerre mondiale ==
 
Face à la menace hitlérienne, en [[1936]], le Gouvernement belge proclama la neutralité de la [[Belgique]], alors qu'elle avait été l'alliée de la [[France]] et du [[Royaume-Uni]] pendant la Première Guerre mondiale. Le roi des Belges, Léopold III, appuyait pleinement cette politique dite des {{nobr|« mains}} {{nobr|libres »}}. Celle-ci signifiait le retour à la neutralité qui, jusqu'en 1914, avait été une obligation depuis le [[Traité des XVIII articles|traité international de 1831]] garantissant l'existence de la Belgique. La raison de la décision belge résidait dans la faiblesse des démocraties face aux coups de force successifs des Allemands au mépris du [[traité de Versailles]] (réoccupation de la Rhénanie, démantèlement de la Tchécoslovaquie avec la complicité résignée de la France et de l'Angleterre). La Belgique, croyant donc pouvoir se défendre seule, entreprit un effort de réarmement sans précédent. Vingt-deux divisions furent mises sur pied par l'armée belge. À comparer aux cinquante divisions que la France allait parvenir à mettre sur pieds, alors que ce pays était cinq fois plus peuplé que la Belgique. La comparaison était encore plus étonnante par rapport à la Grande-Bretagne avec deux divisions quand l'Angleterre déclara la guerre à l'Allemagne, en septembre 1939, plus deux qui allaient suivre. L'Allemagne, elle, se constituait une armée de cent divisions.
 
La première conséquence de la neutralité belge fut, dès [[1936]], de supprimer tout contact officiel entre les états-majors militaires français et belges. En réalité, dès le 28 mars 1939, le général Laurent, attaché militaire français à Bruxelles commença des contacts secrets avec le général van Overstraeten, conseiller militaire particulier du roi et avec l'accord de celui-ci. Il en retira de quoi communiquer de précieux renseignements sur les plans militaires belges au "deuxième bureau" du service de renseignements français du Ministère de la Défense, à Paris. <ref> "Outrageous fortune", Roger Keyes, Ed. Martin Secker & Warburg, London, 1984; "Un règne brisé", pages 149 et suivantes, Ed. Duculot, Paris-gembloux 1985. </ref> En plus de cela, en {{Date||octobre|1939}}, après la déclaration de guerre de la France et de l'Angleterre à l'Allemagne, le roi convint avec le général en chef français [[Maurice Gamelin]] d'une concertation renforcée. Vu la nécessité de parachever le réarmement, vu l'attentisme des Franco-Anglais sur le front, il était nécessaire pour la Belgique d'éviter toute provocation vis-à-vis de l'Allemagne, l'armée n'étant pas encore prête à résister à une attaque allemande que l'on sentait venir. Ces contacts franco-belges furent révélés par le général français lui-même dans ses mémoires<ref>''Servir'', mémoires du général Gamelin, cité par le colonel Remy dans ''Le 18{{e}} jour'', pages 67-68, Éditions France Empire, Paris 1976.</ref> et aussi par la parution, après la guerre, d'une publication officielle française<ref>''Relations militaires franco-belges, 1936-1940'', Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, Paris 1968.</ref>. Connaissant l'existence en Belgique d'une « [[cinquième colonne]] » d'espions pro-nazis, on avait voulu protéger le secret en organisant la transmission des informations par la liaison la plus courte, assurée par le lieutenant-colonel Hautcoeur, attaché militaire français à Bruxelles qui avait succédé au général Laurent et qui communiquait personnellement avec le généralissime français. Parfois même, la liaison entre le roi Léopold III et le général en chef français Gamelin se faisait directement, ou alors par l'intermédiaire du général [[Raoul van Overstraeten|van Overstraeten]], conseiller militaire du roi, qui avait des contacts suivis avec Hautcoeur qu'il connaissait personnellement pour l'avoir eu comme élève à l’[[École royale militaire (Belgique)|École royale militaire de Bruxelles]]. Avec l'accord du gouvernement dont le premier ministre était le très catholique [[Hubert Pierlot]] et le ministre des Affaires étrangères [[Paul Henri Spaak]] représentant le Parti socialiste (qui s'appelait alors Parti ouvrier), ces échanges continuèrent jusqu'à l'attaque allemande<ref>''France and Belgium, 1939-1940'', Brian Bond, Éditions David Poynter, London 1975.</ref>.
 
En janvier 1940, le général belge van Overstraeten prévint les Français que l'attaque allemande était prévue en Ardenne, comme le prouvaient des documents stratégiques saisis par les Belges dans un avion allemand qui avait fait un atterrissage forcé en Belgique<ref>''La guerre des occasions perdues'', Colonel Goutard, Paris.</ref>. Encore, dès le 8 mars, puis le 14 avril 1940, sur la foi de renseignements de l'attaché militaire à Berlin recoupés par des sources provenant d'espions alliés en Allemagne, le roi en personne avertit le général Gamelin, chef suprême de l'armée française, que le plan allemand prévoyait une attaque par l'Ardenne<ref>''Les années de cauchemar'', William Shirer, page 331, Éditions Texto-Tallandier, Paris 2009.</ref>. Et l'attaché militaire français à Berne envoyait, le 1{{er}} mai, un message radio à son état-major disant que l'attaque aurait lieu entre le 8 et le 10 mai avec Sedan comme but de l'effort principal<ref>''Le mythe de la guerre éclair'', Karl-Heinz Frieser, page 155, Éditions Belin, Paris 2003.</ref>. Mais l'état-major français se rangeait à l'avis du maréchal Pétain, personnalité prestigieuse et Président du Conseil supérieur de la Guerre de France, selon qui l'Ardenne était impénétrable pour une armée moderne<ref>''La Seconde Guerre mondiale'', Pierre Miquel, page 41, Éditions Fayard, Paris 1986.</ref>. Aussi, les avertissements belges restèrent-ils sans suite.
 
Le 10 mai 1940 eut lieu l'attaque allemande redoutée. L'armée belge fut bousculée sur le canal Albert et tournée sur sa gauche par la défaite éclair de l'armée hollandaise, tandis que, comme les Belges en avaient prévenu les Français longtemps à l'avance, la Wehrmacht perçait à Sedan, en Ardenne française. C'est le 12 mai que commença la percée, soit après deux jours de résistance d'éléments avancés belges, les [[Chasseurs ardennais]]. Les troupes de Sedan, qui avaient eu 48 heures pour se préparer, mais qui étaient composées de réservistes de série B, mal équipés et installés dans des défenses embryonnaires <ref> ''la Seconde guerre mondiale'', Pierre Miquel, cit.le rapport du député français Taittinger du 8 mars 1940, page 41, Ed. Fayard 1986. </ref> étaient bousculées et faisaient retraite (la "panique de Bulson"). L'armée belge, également en recul devant la percée de la Meuse, et aussi menacée sur son flanc gauche par le vide laissé par les Hollandais, liait ses mouvements à ceux des Français. Le roi avait accueilli, dès le 10 mai, un nouvel officier supérieur français de liaison, le général Champon arrivé au Grand quartier général belge de Breendonck, porteur des plans alliés et d'une délégation de commandement que le roi acceptait pour lui-même, comme elle avait déjà été faite par le général en chef français Gamelin au général Georges <ref> ''La défaite française, un désastre évitable, lieutenant colonel Jacques Belle,''page 25, Ed. Economica, Paris 2007. </ref> Mais les tentatives de ressouder un front franco-belgo anglais n'aboutirent pas, la stratégie alliée du front continu, inspirée de 1914-1918, se révélant inadaptée à la stratégie allemande faite de puissantes percées étroites menées par des chars rapides sous le parapluie d'une aviation en surclassement. Après des reculs successifs en liaison avec les alliés franco-anglais auxquels elle ne pouvait que lier son sort, l'armée belge se trouva acculée sur la Lys après deux semaines de combats. Mais, dès le 15 mai, le mot défaite avait été prononcé par le Président du Conseil français [[Paul Reynaud]] dans un appel téléphonique angoissé au Premier ministre britannique [[Winston Churchill]]<ref>''The Second War'', mémoires de Churchill, vol. II, livre 1{{er}}.</ref>. Des bruits pessimistes commençaient à courir dans les états-majors et dans le personnel politique des pays attaqués par l'Allemagne. Ils parvenaient jusqu'au roi par des amis qui avaient des relais dans les milieux politiques français et anglais et, notamment, dans l'aristocratie anglaise.
 
Après la dure et coûteuse [[Bataille de la Lys (1940)|bataille de la Lys]] livrée par l'armée belge pendant cinq jours, la seule bataille d'arrêt de toute la campagne de mai 1940, le roi Léopold III décida de commander la reddition des forces belges combattantes. Il s'agissait bien de reddition, car la signature en fut le fait du général Desrousseaux, qui était seulement sous-chef d'état-major, responsable de la situation sur le terrain. Il n'y a pas de signature du roi, auquel cas, comme il était le chef militaire suprême, il se fut agit d'une capitulation générale de toutes les forces. Il fallut d'ailleurs un ordre séparé de reddition adressé par radio aux derniers forts de l'Est encore tenus par l'armée de forteresse -dont le commandement était distinct de celui de l'armée de campagne- pour qu'ils acceptent de se rendre. De même, l'armée du Congo n'était en rien comprise dans la reddition, au contraire de ce qui se passa lors de l'armistice franco-allemand qui incluait un contrôle germano-italien des troupes françaises d'Afrique. On ne peut donc parler de capitulation, comme on le fait en général, et encore moins d'armistice qui est un acte politique entre gouvernements, mais d'une reddition limitée à la seule zone où combat l'armée belge de campagne. Le roi a prescrit l'arrêt des combats là où ceux-ci devenaient impossibles, c'est-à-dire sur le front ouest, ce qui menaçait de tourner au massacre. Vouloir continuer était sans profit pour les alliés, surtout pour les réfugiés, deux millions de civils belges, hollandais et français acculés dans un espace restreint exposé à l'aviation ennemie toute puissante.
 
Dès qu'il eut pris sa décision, le roi en fit part personnellement au général français [[Blanchard]], commandant de l'armée du Nord, dès le 26 mai, ne donnant plus que peu de temps à son armée pour s'effondrer, ce qui se produisit le 28. Au moment de la reddition, des troupes lâchaient prises, tant pour des raisons morales que parce que l'on arrivait au bout des stocks de munitions. La communication de la décision royale fut enregistrée par le colonel Thierry des services français d'écoute, comme le précise un auteur français, le colonel Rémy. On ne sait si cette communication arriva jusqu'à l'état-major français. <ref>''Le 18{{e}} jour'', colonel Remy, Page 355, Éditions France Empire, Paris 1976.</ref> Constatant que son armée épuisée était abandonnée, à sa droite, par l'armée britannique qui préparait son rembarquement à [[opération Dynamo|Dunkerque]], le roi informa aussi l'officier de liaison anglais, [[Keyes]] en personne, des conséquences qui allaient en résulter. Cet officier anglais avoue dans ses mémoires : {{citation|J'ai l'intention de ne pas dire encore aux Belges que le corps expéditionnaire britannique a l'intention de les abandonner}}<ref>''Outrageous Fortune'', amiral Keyes, Éditions Martin Secker & Warburg, London 1984, trad. fr. ''Un règne brisé'', vol. 1, pages 290 et 328, Éditions Duculot, Paris-Gembloux 1985.</ref>. Mais le roi Léopold et l'État-major belge, avant même d'être avertis officiellement par Keyes, avaient été mis au courant par leurs propres soldats qui avaient constaté le vide laissé à leur droite par l'abandon anglais. À ce moment, une parole qui mérite d'être qualifiée d'historique est prononcée par le général en chef anglais Gort. Forcé, sur ordre exprès de Londres, d'abandonner l'armée belge, il dit à l'officier de liaison anglais Keyes "les Belges nous considèrent-ils comme de vrais salauds ?" <ref> ''Outrageous fortune'', amiral Keyes, Editions Martin Secker & Warburg, London 1984; trad. fr. ''Un règne brisé'', vol. 1 page 318, Ed. Duculot, Paris-Gembloux 1985. </ref>
 
Les quelques ministres belges restés au pays, exposés à tomber aux mains de l'ennemi, étaient opposés non à la reddition, mais à la date de celle-ci qu'ils voulaient au moins repousser, en tout cas pour permettre au roi de les accompagner en France en vue d'y continuer la lutte.
Mais le roi leur signifia qu'il pensait, au contraire, qu'il devait rester au pays pour continuer la lutte à sa façon, comptant que sa position royale, qu'il croyait propre à en imposer à Hitler, pourrait lui permettre de s'opposer à toute entreprise allemande envers l'intégrité nationale. Après de dramatiques confrontations avec les principaux ministres, dont [[Hubert Pierlot]], Premier ministre, et [[Paul-Henri Spaak]], ministre des Affaires étrangères, qui voulaient le convaincre de se soustraire à l'ennemi, le roi, renonçant à les révoquer comme il en avait pourtant le droit constitutionnel, les laissa partir en France, porteurs du pouvoir légal<ref>''Spaak'', Michel Dumoulin, pages 169-170, Éditions Racines, Bruxelles 1999.</ref>.
 
Mais derrière l'apparence de l'autorité, le roi Léopold III de Belgique montrait alors, selon certains témoins, les signes d'un effondrement psychologique. Le premier ministre Hubert Pierlot décrit le roi : "échevelé, l'œil fixe et, pour tout dire, hagard ... sous l'influence des émotions des derniers jours". <ref> "Aux sources de la question royale", J. Vanwelkenhuizen, Ed. Duculot, Paris-Gembloux 1988. </ref> Les faiblesses que les démocraties avaient montrées avant la guerre, l'insuffisance militaire alliée, y compris belge, devant l'armée allemande, venant s'ajouter au lâchage anglais constituèrent, pour le roi, une somme qui, soudain, le laissa seul et nu devant l'évidence d'une défaite qui lui parut un abîme dans lequel la Belgique risquait de disparaître. Se fondant sur une conception aristocratique de sa fonction royale, il crut alors qu'il pourrait, à lui tout seul, faire obstacle à des menées allemandes contre la survie du pays.
 
Mais, quand il prend sa décision, il ne s'agit pas, pour Léopold III, de conclure un armistice entre la Belgique et l'Allemagne. Le roi fait savoir à l'officier de liaison britannique, l'amiral Keyes, {{citation|qu'il n'est pas question de faire quoi que ce soit qui ressemble à une paix séparée}}. L'armée à bout capitula, mais la Belgique restait, de fait, en état de guerre. L'acte de reddition ne comporta d'ailleurs aucune clause politique, au contraire de l'armistice que les Français négocieront trois semaines plus tard<ref>''Léopold III en l'an 40'', Jean Cleeremans, page 153, Éditions Didier Hatier, Bruxelles 1985.</ref>.
 
== La controverse : le début de « l'Affaire royale » ==
 
De cette capitulation a découlée toute « l'Affaire royale » qui mina la vie politique belge pendant les dix années qui l'ont suivie et n'a pas fini, au début du 21{{e}} siècle, de faire sentir les lames de fond d'un « tsunami » qui produit encore ses ultimes effets dans certains esprits. Le roi fut tout d'abord accusé d'avoir trahi la cause alliée. Cependant, Winston Churchill, dans ses mémoires d'après la guerre, lavera l'armée belge de tout soupçon d'avoir compromis le rembarquement de Dunkerque (après l'avoir condamnée en mai-juin 1940)<ref> ''Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale'', Winston Churchill, cité par le colonel Remy dans ''Le 18{{e}} jour'', page 179, Éditions France-Empire, Paris 1976.</ref>. La décision du roi de se constituer prisonnier, prise contre l'avis du gouvernement, fut d'ailleurs blâmée, plus tard, par une partie du parlement belge replié en France qui la condamna par un vote acquis aux deux tiers des voix des présents. Les conditions légales de ce vote ont été contestées, vu l'improvisation de la séance et l'impossibilité de convoquer tous les parlementaires, beaucoup ayant rejoint l'armée, les autres étant soit restés en Belgique, soit injoignables au sein de la masse des réfugiés. D'ailleurs, le roi avait signifié aux ministres qu'étant légalement le commandant en chef de l'armée, il n'avait pas de comptes à rendre aux autorités civiles pour décider une capitulation, cela de par la loi martiale qui, en temps de guerre, donne au roi tous les pouvoirs civils et militaires<ref> En plus de son pouvoir civil, le roi des Belges détient, de par la constitution, et comme beaucoup de chefs d'État, le commandement suprême des forces armées. Mais, au contraire de la plupart des chefs d'État dont le pouvoir militaire est purement symbolique, Léopold III avait une véritable compétence à la tête de son état-major, ce que ne contestaient pas les généraux alliés.</ref>. C'est d'abord comme chef d'armée qu'il entend rester avec les soldats, à faute, selon sa conception, d'être un
déserteur. Il s'y croit encouragé par l'attaché militaire anglais Keyes, comme le constate le ministre des affaires étrangères Spaak resté auprès du roi avec le premier ministre Pierlot et le ministre des finances Camille Gutt. Selon Keyes, Churchill, interrogé sur le sort de la famille royale, a répondu "la place d'un chef est au milieu de son armée". <ref> "Spaak", Michel Dumoulin, page 167, Ed. Racine, Bruxelles 1999. </ref> Et c'est toujours Keyes, le 24 mai, qui transmet au ministre Gutt un mémorandum anglais qui signale que "l'évacuation de la famille royale et des ministres est possible, mais qu'il n'est pas souhaitable, selon les meilleurs avis militaires, qu'il faille presser le roi de quitter son armée dans la nuit". <ref> Fonds Paul-Henri Spaak,35/0359, entrevue du 24 mai 1940 à 16 heures. </ref> L'opinion anglaise eut-elle été différente le 28 ? On ne pouvait le savoir car les communications avec Londres cessèrent dés le 27. Et, de toute façon, on croit pouvoir estimer que, dans la conception rigide que Léopold III a toujours eu de sa fonction royale, il devait penser qu'un roi ne se plie pas aux décisions étrangères, même alliées.
 
Que l'on conteste la capitulation ou non, il n'en n'est pas moins vrai que les armées allemandes avaient définitivement battu les Alliés. Dès lors, au delà de la capitulation se posait une question : le roi allait-il fuir ? Celui ci estimait qu'il ne pouvait quitter ses soldats au risque d'être considéré comme déserteur, cela d'un point de vue strictement militaire. D'autre part, d'un point de vue politique, il s'agissait, selon ses dires et ceux de ses partisans, d'utiliser sa présence dans le pays pour se dresser, face à l'Allemagne, en incarnant à lui tout seul la légitimité belge comme obstacle à la division de la Belgique que l'occupant avait déjà entreprise en 1914-1918. Léopold III voulait ainsi respecter son serment constitutionnel de défendre l'intégrité du territoire. Les ministres, eux, ne croyant pas que les Nazis auraient des scrupules à liquider la nationalité belge, quittèrent le pays, décidés à incarner la légitimité nationale face à l'étranger, croyant que la France où ils s'étaient réfugiés allait continuer la guerre.
 
La capitulation belge provoqua la stupeur du président du Conseil français [[Paul Reynaud]], qui la dénonça. Le plus grave, d'après Paul Reynaud — qui le déclara publiquement dans une allocution à la radio française —, c'est que le roi n'aurait prévenu personne. Mais il a été prouvé, après la guerre, que Léopold III, voyant venir le rembarquement anglais, alors que rien n'était prévu pour l'armée belge, avait prévenu le roi d'Angleterre en personne, par une lettre du 25 mai, de l'effondrement de l'armée belge qu'il estimait proche<ref>''Le 18{{e}} jour'', Colonel Remy, pages 261-262, Éditions France-Empire, Paris 1976.</ref>. D'autre part, le colonel français Thierry, chef du central de téléphonie par radio de l'armée française, avait capté, dès le 26 mai, les messages du roi au général français Blanchard avertissant celui-ci qu'il serait dans la nécessité de capituler dans les deux jours<ref>''Le 18{{e}} jour'', Colonel Remy, pages 348-349, op. cit.</ref>. On peut ajouter à ce fait que, faute de capitulation, l'armée belge aurait connu un effondrement qui aurait favorisé la ruée allemande vers les plages de rembarquement, alors que l'on sait que la présence, face à la Wehrmacht, d'une masse vaincue de soldats belges qu'il ne fallait plus combattre mais qu'il fallait désarmer, en l'obligeant à dégager un champ de bataille encombré d'épaves avec des routes coupées, suffirent à faire perdre aux Allemands plus de 24 heures. Et ce, d'autant plus que, dans la seule zone encore contrôlée par l'armée belge, plus de {{formatnum:800000}} réfugiés opposaient passivement leur foule terrorisée à la progression des troupes sans que les généraux allemands n'osent encore les faire massacrer, comme quelques jours auparavant, lorsque leurs soldats utilisaient des masses d'otages en les faisant avancer devant eux sous le feu des troupes belges, à [[Vinkt]], pendant la bataille de la Lys. D'autre part, avant le cessez-le-feu, le roi fit transporter des troupes françaises par des camions de l'armée belge pour leur permettre d'échapper aux Allemands.
 
Mais on peut excuser Paul Reynaud pour sa condamnation sans nuances de Léopold III. Il était sans doute sincère en clamant sa stupeur car il a été prouvé qu'on lui avait caché la situation dramatique des Alliés sur tous les fronts, et notamment de celle des Belges. Il avait déjà dû reconnaître son ignorance de la tragique réalité, dès le 16 mai, lorsqu'il découvrit, avec la même stupeur, que l'état-major français lui avait caché que l'armée française n'avait plus de réserves, comme le général en chef français Gamelin dut l'avouer devant lui et Churchill, venu assister à une réunion de guerre<ref>''La défaite française, un désastre évitable'', lieutenant-colonel Jacques Belle, page 3 (introduction), Éditions Economica, Paris 2007.</ref>{{,}}<ref>''La Seconde Guerre mondiale'', Pierre Miquel, op cit., page 110.</ref>.
 
Quoi qu'il en soit et sans s'informer davantage, Paul Reynaud, en proie à une colère impuissante devant les événements, fit radier le roi de l'ordre de la [[Légion d'honneur]]. Pendant ce temps, la reine [[Wilhelmine des Pays-Bas]], dont l'armée s'était rendue au bout de cinq jours, était arrivée à Londres amenée par un navire de guerre hollandais qui n'avait pu la débarquer en [[Zélande]] où elle aurait voulu s'installer pour incarner la légitimité nationale. La Grande-Duchesse [[Charlotte de Luxembourg]], elle, s'était réfugiée à Londres dès le 10 mai. Le gouvernement belge, quant à lui, réfugié en France, nantis de tous ses pouvoirs, déclara le roi « dans l'impossibilité de régner », comme le prévoit la Constitution belge lorsque le roi est dans une situation qui le met hors d'état d'exercer sa fonction, ce qui était incontestablement le cas puisqu'il était soumis à l'ennemi.
Dans ce cas, la Constitution prescrit que le gouvernement doit exercer le pouvoir collégialement, mais avec l'approbation du parlement, lequel doit alors nommer un régent. Devant l'impossibilité de réunir valablement les députés et les sénateurs en nombre suffisant, alors que plusieurs étaient partis à l'armée et que les autres étaient soit restés en Belgique, soit réfugiés on ne savait trop où, le gouvernement décida de se passer de formalités légales et d'exercer son pouvoir de fait et par force majeure jusqu'à la libération de la Belgique. Finalement, en septembre 1944, les chambres réunies ratifièrent le comportement du gouvernement durant la guerre.
 
== L'occupation allemande. Le roi en Belgique, le gouvernement en exil ==
 
Dès lors, Léopold III vécut en résidence surveillée au château de Laeken, à Bruxelles. Le 19 novembre 1940, il fut convoqué par [[Adolf Hitler]] pour s'entendre prophétiser le sort d'une future Europe allemande englobée dans le « grand Reich germanique ». Le roi tenta de discuter du sort de la population civile et de la libération des soldats prisonniers, mais sans obtenir de résultats. L'entrevue fut froide. Il n'y eut point d'entente, comme avec Pétain à Montoire, pour une soi-disant collaboration dans l'honneur, selon les mots du maréchal. Au contraire de la France, la Belgique était toujours en guerre, le roi n'ayant pas signé d'armistice, comme les Français, et rien fait qui puisse faire croire à une paix séparée. Revenu en Belgique, il y passa la guerre, empêché de poser tout acte politique. Cependant, il ne manquait pas de Belges pour rêver de le voir prendre la tête d'un régime plus autoritaire, voire d'une « dictature royale ». Cela aurait pu correspondre à certains de ses penchants connus pour les solutions [[autoritaire]]s en vogue dans l'Europe d'avant-guerre. Son comportement avec le gouvernement lors de la capitulation pouvait le laisser penser. Mais la décision d'Hitler, le 4 juin 1940, de considérer le roi Léopold III comme prisonnier de l'armée allemande en lui interdisant toute activité politique, venant après la constatation par le gouvernement belge, en juin, de l'impossibilité de régner pour un roi des Belges prisonnier, mirent de fait Léopold III à l'abri de toute tentation de prise du pouvoir. <ref> ''DICTIONNAIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE'', José Gotovitch et Paul Aron, (dir.) Ed. André Versaille, 2008, article "Roi"</ref>
 
La seule façon pour le roi d'exercer le pouvoir légalement eût donc été de préserver son pouvoir constitutionnel. Pour cela, il aurait dû négocier un armistice, ce qui est un acte politique autant que militaire. Par là, il aurait peut-être obtenu des Allemands de conserver son pouvoir légal, comme ce fut le cas lorsque les Français obtinrent, le 17 juin, que les Allemands reconnaissent le pouvoir légal du maréchal Pétain sur la France. Le maréchal pourrait alors, croyait-on, exercer légitimement son autorité au regard de la loi française, et « dans l'honneur » face à l'Allemagne, comme il le déclara dans un discours aux Français <ref> Discours du maréchal Pétain, le 17 juin 1940 </ref> (ce qui allait se révéler illusoire). Or, le 28 mai 1940 - alors que l'on ne pouvait prédire ce que serait le choix des Français en juin - Léopold III, en se limitant à une reddition militaire, avait exclut d'office toute entente politique avec l'Allemagne nazie qui eut pu paraître une collusion. Il avait vu juste car cette situation de complicité serait celle, plus tard, du gouvernement français avec l'Allemagne. Le résultat de l'attitude royale fut que la Belgique allait, d'emblée, être traitée par l'Allemagne comme un pays occupé sans gouvernement. Les collusions avec l'ennemi furent le fait d'individus ou de partis et non de l'État qui n'existait plus que sous la forme d'un gouvernement en exil à qui les alliés reconnaissait le pouvoir légal sur le Congo et sur les Belges dans le monde. Ce fut l'honneur de ceux qui continuèrent le combat
d'incarner une Belgique en guerre au nom du régime légal, ce qui ne fut pas le cas du Danemark dont le roi s'était mis avec son gouvernement sous la "protection de l'Allemagne". Ce qui ne fut pas non plus le cas de la France qui dut assumer une collaboration avec l'Allemagne qui la mena jusqu'à participer, en tant qu'état souverain, à l'effort de guerre du Reich et aux persécutions exercées par la milice du maréchal Pétain. Rien de tout cela en Belgique. Les actions pro ennemies furent uniquement le cas de membres de l'administration et de sociétés privées qui choisirent de se mettre au service de l'ennemi, n'étant couverts par aucune autorité légale.
 
Cependant, Léopold III, qui n'exerçait plus aucun pouvoir, avait espéré pouvoir défendre les Belges contre les abus de l'occupant et, notamment, contre des intentions de séparation de la Flandre et de la Wallonie. De fait, dès [[1941]] , Hitler regrettait que le roi des Belges « n'ait pas décampé comme le roi de Norvège et la reine des Pays-Bas ». En effet, prisonnier de l'armée allemande, le roi confortait de fait le pouvoir de celle-ci sur la Belgique en plaçant le pays sous l'autorité du gouverneur militaire von Falkenhausen (qui se révéla plus tard anti-hitlérien). Selon une conception toute militaire que le haut commandement de la Wehrmacht était parvenu à imposer à Hitler, seul un général de la Wehrmacht comme von Falkenhausen était habilité à garder un prisonnier de l'envergure de Léopold III, qui avait le grade le plus élevé de l'armée belge, général commandant en chef, et qui, de surcroît, était roi. Cette situation empêcha Hitler d'appliquer en Belgique une ''Zivilverwaltung'', c'est-à-dire de remplacer le gouverneur par une administration civile allemande, autrement dit de mettre une administration SS au pouvoir. <ref> "CAHIERS D'HISTOIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE", Albert De Jonghe, pages 101, 102, 104 Bruxelles 1970. </ref>{{,}}<ref> "FIGARO MAGAZINE", 7 juin 1980. </ref> C'est ce qui finira d'ailleurs par arriver, lorsque le Führer, abandonnant tout scrupule légaliste, déporta le roi, rappelant le gouverneur von Falkenhausen qui fut mis en prison. La séparation de la Flandre et de la Wallonie allait suivre, les régions rebaptisées "gaus" germaniques, étant placés sous l'autorité de traîtres belges entrés dans la S.S., mais trop tard heureusement car la fin de la guerre était proche.
Le choix de Léopold III le rendit très populaire au début de l'occupation allemande, la population en désarroi lui étant reconnaissante d'être resté au milieu d'elle sur le sol national et voyant dans le souverain un repère et même un bouclier contre les occupants. L'Église, par la voix du [[Joseph-Ernest Van Roey|cardinal Van Roey]], approuva son choix et lui apporta son soutien. Une partie de la [[Résistance dans l'Europe occupée par les nazis|Résistance]] active belge, dite « léopoldiste », se réclamera également du Roi. L'attitude de celui-ci sera souvent approuvée et défendue comme une forme de « résistance passive », notamment par la partie catholique et flamande de la population<ref>''Ibidem''.</ref>.
 
Léopold III n'eut aucun signe de solidarité envers le gouvernement belge en exil dont les principaux membres furent, durant toute la guerre, le premier ministre [[Hubert Pierlot]] et le ministre des affaires étrangères [[Paul Henri Spaak]] qui continuaient la lutte à Londres. Grâce à eux, la Belgique continua à être présente dans la guerre avec trois escadrilles belges dans la Royal Air Force, la totalité de la flotte marchande mise à la disposition des alliés et la reconstitution d'une unité militaire en Grande Bretagne, la [[Brigade Piron]] qui, en 1944 et 1945, allait participer aux combats de la libération dans le nord de la côte française et en Belgique, tandis que les troupes de la colonie allaient remporter des victoires en [[Abyssinie]] jusqu'à contraindre les Italiens à capituler à Saïo. Cependant que le Congo belge participait à l'effort de guerre allié par ses richesses agricoles et minérales, notamment l'uranium.
 
Le roi avait cependant tenté d'exercer une influence politique en communiquant à l'ambassade de Belgique en Suisse les « instructions de Berne », par lesquelles il recommandait que le Congo soit placé en état de neutralité, ajoutant qu'il souhaitait que le corps diplomatique belge à travers le monde se montre courtois avec les diplomates allemands. <ref>''"DICTIONNAIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE"'', op. cit., article "Diplomatie".</ref>. Mais tout cela ne pouvait être que platonique, car la perte de tous ses pouvoirs par le roi enlevait toute portée à ses initiatives. Aussi, grâce au gouvernement en exil, le Congo Belge participa-t-il à l'effort de guerre allié par ses ressources agricoles, minières (or, étain, uranium) et par la campagne victorieuse d'Abyssinie qui se termina par les victoires de Gambela et de la rivière Bortaï et la prise de Saïo contre les Italiens. <ref> "'BORTAÏ", Philippe Brousmiche, Ed. Gamma, Paris 1987.</ref> Quant au corps diplomatique, à part quelques démissions, il se rangea du côté du gouvernement belge.
 
== Le remariage du roi et ses conséquences dans une Belgique écrasée ==
 
Léopold III se remaria secrètement en septembre [[1941]] et l'annonce en fut faite dans toutes les paroisses le 7 décembre. Il épousait une jeune roturière [[Lilian Baels]], lui refusant le titre de reine et l'élevant au rang de « princesse de Réthy ». Ce mariage avait été imposé par le cardinal Van Roey pour qui un roi catholique ne pouvait vivre dans le péché avec une maîtresse. Ce souci de moralité entraîna une situation trois fois contraire aux lois belges : d'abord, le roi s'était marié religieusement avant de se marier civilement, ensuite tout mariage royal en Belgique doit être approuvé par le gouvernement pour des raisons d'intérêts nationaux, enfin, croyant plaire à l'opinion publique en excluant les enfants à naître de la succession au trône, le Palais (c'est-à-dire le roi et l'entourage catholique qui le conseillait) anticipait sur une décision normalement dévolue au Parlement. Mais il s'agissait sans doute de montrer que les enfants de la défunte reine Astrid ne risquaient pas d'être évincés de leur apanage, ceci afin de ne pas déplaire à l'opinion publique qui restait très attachée au souvenir de la défunte reine. Mais les Belges furent défavorablement impressionnés par l'annonce machiavélique faite par les autorités allemandes que le führer Adolf Hitler avait fait envoyer des fleurs et un mot de félicitations à l'occasion du mariage, ce qui parut accréditer l'opinion que la nouvelle épouse avait des sympathies pro allemandes.
 
Les partisans de la monarchie ont invoqué la disparition du parlement, comme un cas de force majeure, pour justifier le comportement du roi, censé s'en remettre à un parlement futur pour ratifier son mariage après la victoire espérée.
 
Dans la situation dramatique où se trouvait la Belgique, la majeure partie des citoyens, qui n'oubliaient pas la très populaire reine Astrid morte en 1934, n'apprécièrent donc pas ce remariage. Celui-ci semblait démontrer que Léopold III n'était pas si prisonnier qu'on le croyait, tandis que les soldats prisonniers de guerre, eux, restaient séparés de leurs familles depuis 1940 et que de nombreux patriotes entrés dans la résistance active et la presse clandestine, étaient arrêtés, déportés, torturés et fusillés, tandis que le peuple voyait son sort de plus en plus précarisé sous les coups de pénuries diverses et des interventions de la police allemande, la [[Gestapo]], contre le marché noir. C'est que celui-ci était rendu indispensable par la pénurie alimentaire consécutive aux réquisitions opérées par l'occupant au profit de l'armée et de la population allemandes. L'affirmation du roi, lancée à la population belge lors de la capitulation, disant qu'il partageait le sort de son peuple, se trouvait décrédibilisée par son auteur lui-même qui avait montré qu'il se considérait comme dégagé de l'obligation de réserve que devait normalement lui imposer sa situation et celle de la Belgique.
 
Cependant, on a su, après la guerre, que le roi voulut, à deux reprises, montrer son souci du sort de la population en protestant par lettre à Adolf Hitler, contre les déportations et la pénurie de charbon, tout en demandant à nouveau la libération des militaires prisonniers. <ref> "LEOPOLD III PRISONNIER, Général van Overstraeten, pages 169 et 199, Ed. Didier Hatier, Bruxelles, 1986. </ref> Pour toute réponse, il fut menacé d'être déporté lui-même, ce qui finit d'ailleurs par arriver.
 
La Belgique n'avait donc plus, sur son territoire, d'autorité légitimement en droit d'exercer le moindre pouvoir au nom du gouvernement réfugié à l'étranger, et pas davantage au nom du roi. Il faut répéter que celui-ci était dans l'incapacité de régner de par la constitution nationale, ce qui était clairement établi par le gouvernement belge appuyé sur l'avis de jurisconsultes. Avec leurs propres raisons, les nazis avaient renchéri dans le même sens. Le pays était intégralement soumis à l'Allemagne, les hauts fonctionnaires et toutes les administrations, en ce compris les bourgmestres et les commissaires de police, devaient obéir aux autorités d'occupation, une opposition à celles-ci pouvant entraîner la révocation sans traitement et même l'arrestation de ceux qui prétendaient appliquer les lois belges contre la volonté allemande (alors qu'en France, le gouvernement Laval avait gardé l'autorité sur les préfets et les maires, même dans la zone occupée). Dès 1942, de plus en plus de collaborateurs des nazis, V.N.V. et Rexistes, furent nommés à des postes importants en remplacement de Belges. Des chefs d'entreprises, dans les industries et les banques, étaient arrêtés. Certains furent même assassinés par des traîtres belges au service des S.S. et de la Gestapo.
Les mines et les usines étaient mises au service de la production de guerre allemande, comme la [[Société nationale des chemins de fer belges]] (SNCB) où des Allemands étaient installés à divers postes, notamment pour surveiller les machinistes de locomotives.
La vie quotidienne était d'ailleurs de plus en plus dure : pénurie alimentaire due aux saisies agricoles et accompagnée de rafles d'otages et de juifs, répression de la résistance entraînant emprisonnements, tortures et exécutions capitales et Breendonck, un ancien fort de la ceinture d'Anvers, transformé en camp de concentration. Le pays tout entier écrasé par l'occupant, le roi n'avait qu'un pouvoir imaginaire, celui qu'il s'attribuait d'être un rempart contre la division du pays. Ses deux lettres de protestation à Hitler contre les déportations n'ayant eu aucun effet, les juifs de Belgique - que les Allemands déportaient petit à petit pour un soi-disant regroupement leur offrant un territoire à l'est de l'Europe - décidèrent d'envoyer en Allemagne un belge non juif nommé [[Victor Martin]], membre de la résistance belge (le F.I., Front de l'Indépendance) pour tenter de voir de ses yeux ce qui se passait. Il en revint, après avoir atteint les portes d'[[Auschwitz]], porteur d'une information sans équivoque, le destin des déportés était la mort.
 
Avec les années, les mouvements de résistance se développèrent. Des officiers et soldats qui n'étaient pas prisonniers avaient fondé, dès la fin de 1940, la légion belge qui allait s'appeler plus tard l'Armée Secrète, reconnue comme unité militaire combattante légale par le gouvernement belge en exil et par les gouvernements en guerre contre l'Allemagne. D'autres mouvements apparurent, de tendances politiques diverses, comme le Front de l'Indépendance, très à gauche, le Mouvement National Belge et le Mouvement National Royaliste qui entretenait des contacts secrets avec le roi (dont les membres furent les soutiens du roi durant l'affaire royale, affirmant que Léopold III les avaient encouragés). Des groupes autonomes s'organisèrent spontanément un peu partout, dans les villes pour y faire du renseignement et du sauvetage d'aviateurs alliés abattus, dans les forêts d'Ardenne et en Flandre, comme la Brigade Blanche dite « Witte Brigade » animée par des Flamands patriotes, ainsi que dans des entreprises et dans les universités. Après la fermeture de l'Université de Bruxelles, promise à devenir une université allemande -que l'occupant n'eut pas le temps d'installer- des ingénieurs de cette université fondèrent le « groupe G » voué à organiser des sabotages sophistiqués. Le résultat en fut « la grande panne » provoquée par la destruction simultanée de dizaines de pylônes et de stations et sous-stations du réseau à haute tension alimentant des industries belges réquisitionnées par l'occupant, ainsi que des usines allemandes qui captaient l'électricité belge.
 
== Les justifications invoquées par le roi face à l'Allemagne ==
 
Le motif qui résiste le mieux à l'examen parmi ceux qui ont été invoqués par Léopold III pour justifier sa décision de rester en Belgique en 1940 est que l'on pouvait craindre que l'Allemagne reprendrait sa politique de division de 1914-1918. Le roi jugea que par seule présence il pourrait s'y opposer, étant dans l'obligation, pour être fidèle à son serment constitutionnel, de défendre l'intégrité du territoire, faute de quoi il serait traître à la patrie. L'armée ayant cessé d'exister et le gouvernement étant à l'étranger d'où il protégeait les intérêts belges vis-à-vis du reste du monde, il s'était créé une situation dans laquelle Léopold III estimait que c'était à lui, présent en Belgique, d'empêcher l'Allemagne d'y faire ce qu'elle voulait. Ce choix, qui consistait à croire qu'un seul homme pouvait s'opposer à la machine hitlérienne, parut d'abord empêcher les pires projets allemands, grâce d'ailleurs à la complicité au moins tacite du gouverneur allemand von Falkenhausen. Ce dernier, par calcul, ne favorisa pas les collaborateurs de l'Allemagne dans leurs visées séparatistes. Aristocrate prussien secrètement opposé aux nazis et à leurs visées, il finira d'ailleurs par être arrêté sur ordre d'Hitler et remplacé, au début de 1944, par le Gauleiter nazi Grohé. À ce sujet, dans les mémoires du ministre allemand de la propagande [[Joseph Goebbels]] , on relève, en date du 4 mars 1944, une plainte contre le roi dont le ministre voudrait se débarrasser en même temps que de von Falkenhausen<ref>''Mémoires de Joseph Goebbels'', vol. 3, page 427, Ed. Tallandier, Paris 2005</ref>. C'était la répétition des plaintes formulées, par le même ministre et par Hitler, en 1940, quand ceux-ci voulaient éliminer Léopold III pour que l'Allemagne soit totalement débarrassée de la fiction politique d'une survie de la Belgique à travers son roi. Cette situation contrastait avec celle des Pays-Bas et de la Norvège où les nazis avaient les mains libres, les souverains de ces pays s'étant enfuis après une résistance symbolique. Par contre, le vieux roi de Danemark, pratiquement dépourvu d'armée, ayant mis "la neutralité danoise sous la protection allemande", selon sa déclaration officielle, les Allemands pouvaient y compter sur une collaboration administrative sans qu'il fut nécessaire de procéder à des réquisitions ou des révocations, comme ils durent le faire en Belgique.
 
== L'attitude allemande face au roi ==
 
Mais les diplomates allemands traditionalistes, qui avaient gardé une certaine influence malgré les nazis, parvinrent à imposer une réserve inspirée par la vieille école aux dépens, provisoirement, de la conception nazie des relations humaines et protocolaires. Cette dernière s'était étalée après la capitulation, le 31 mai 1940, lorsqu'un médecin allemand nommé Ghebhardt s'invita d'office chez le roi pour tenter d'organiser une rencontre "spontanée" avec Hitler (mais il n'y eut qu'une rencontre dont l'ordre fut donné par l'autorité militaire). Dans cette entrevue, Gebhardt alla jusqu'à présenter au roi et à son épouse des fioles de poison qu'il tenta de leur faire accepter, comme s'il avait voulu faire d'eux des complices des dirigeants allemands qui, disait-il, en possédaient tous et ne manqueraient pas de s'en servir. <ref > Ce scientifique nazi arrêté par les alliés fut pendu pour ses expériences médicales sur les prisonniers des camps de concentration. </ref> {{,}}<ref> TEMOIGNAGE DE L'ANCIEN AMBASSADEUR ALLEMAND VON BULOW SCHWANTE, après la guerre, devant une commission alliée. Ref. R. Keyes op. cit. </ref> Léopold III et la princesse de Rethy, qui n'avaient aucune raison de se suicider, comme s'ils avaient été les complices des dirigeants nazis, refusèrent ce cadeau empoisonné avec l'impression que leur vie était de plus en plus en danger. Finalement, Hitler ordonna la déportation du roi et de sa famille en juin [[1944]], comme l'avait voulu [[Joseph Goebbels]] depuis 1940. [[Heinrich Himmler]] ordonna que la famille soit gardée dans la [[château de Hirschstein|forteresse de Hirschstein]] en [[État libre de Saxe|Saxe]] depuis l'été jusqu'à la fin de l'hiver 1944-45, puis à Strobl, près de [[Salzbourg]]. Pendant ce temps, la Belgique était divisée par les nazis en deux gaus (territoires), comme elle l'avait été en 1917, la Flandre et Bruxelles étant séparées de la Wallonie, celle-ci destinée à être germanisée. La crainte de Léopold III se réalisait donc dès sa déportation. La principale des raisons qui l'avaient décidé à rester en Belgique, à savoir empêcher par sa présence la division du pays, se révéla finalement n'avoir offert qu'un délai de grâce qui venait de prendre fin dès que le roi ne fut plus là.
 
Le roi et sa famille furent libérés par l'armée américaine en mai [[1945]]. Des entrevues avec le gouvernement rentré d'exil ne permirent pas de régler à l'amiable le différend né le 28 mai 1940, aucune des deux parties ne voulant faire de concessions. Léopold III et sa famille s'établirent alors en Suisse en attendant qu'une solution intervienne et la Belgique entama sa reconstruction sous le règne du frère du roi, le régent Charles. Celui-ci était doté des mêmes pouvoirs que le roi et d'aucuns suggéraient qu'il devint roi sous le nom de Charles 1er de Belgique. On dit que celui-ci y songea. Mais il ne favorisa pas ouvertement ce projet, ne voulant pas bafouer publiquement son frère aîné et il fallut attendre 1950, après le référendum organisé en Belgique sur la [[question royale]] pour qu'intervienne un apaisement avec l'accession au trône du fils aîné de Léopold III, Baudouin sous le nom de [[Baudouin Ier de Belgique]].
 
== La question royale et l'abdication ==
 
{{Article détaillé|Question royale}}
 
Le roi n'ayant pu rentrer en Belgique immédiatement après sa libération du fait qu'une partie du personnel politique et de la population belge étaient opposés à son retour sur le trône, un débat passionné divisa le pays sur la question de savoir si le roi devait ou non quitter le pays en 1940 pour continuer la lutte plutôt que de se constituer prisonnier. Sous la régence de [[Charles de Belgique (1903-1983)|prince Charles]], son frère, réputé avoir été plus favorable aux thèses du gouvernement belge de Londres et de ses partisans, des dissensions apparaissaient entre Wallons et Flamands. Les premiers paraissaient majoritairement moins favorables au roi dont ils demandaient, pour le moins, des excuses pour ce que l'on considérait comme son défaitisme, ce que ne pouvait accepter un homme comme Léopold III qui estimait que la royauté a des privilèges. Les Flamands semblaient majoritairement favorables au retour du roi, mais sans que l'on puisse, en 1945, estimer valablement où se situait la majorité de l'opinion publique belge. En cas de fêlure dans le corps de la nation, l'existence de la Belgique aurait-elle pu être menacée à l'époque ? Sans doute pas, mais la couronne chancelait et donc la dynastie risquait de devoir quitter la scène. On aurait vu s'installer, sur la Côte d'Azur ou en Suisse, une de ces familles d'ex souverains en exil comme d'autres, ce qui, au vu de la situation financière, à ce moment-là, de la famille royale belge, n'aurait pas été un sort enviable. Plus tard, revenu à la vie privée, le Régent Charles eut ce mot, pour justifier la régence qui lui permit de préserver le trône, « J'ai sauvé la Baraque ». Le côté simple et familier de l'ex-régent apparaît dans cette apostrophe qui le montre très différent de son frère aîné Léopold dont la mentalité aristocratique l'avait empêché de comprendre que l'Allemagne et son "führer" n'avaient rien à voir avec les monarchies des siècles passés avec lesquelles on pouvait s'entendre entre gens de bonne compagnie.
 
Le caractère aristocratique de Léopold III était apparu, une fois de plus, dans son « Testament politique » confié par lui à des personnes sûres au moment de sa déportation en Allemagne et destiné à être publié dans le cas de son absence lors de la libération de la Belgique. Ce document, d'abord gardé quelques temps secret par le gouvernement Pierlot à son retour à Bruxelles, fut la cause, dès qu'il fut porté à la connaissance des Belges, d'une controverse qui aggrava le débat au sein de l'opinion. Le gouvernement belge à Londres, qui n'avait jamais mis en cause publiquement le Roi pendant ses années d'exil et avait espéré jusqu'au bout un compromis avec lui, n'apprécia pas de lire que le roi demandait des excuses publiques de la part des ministres l'ayant « diffamé », disait-il, en 1940. Les Alliés n'aimèrent pas davantage la demande du Roi de reconsidérer les traités conclus par le gouvernement en exil que le roi estimaient défavorables aux intérêts belges. Il en naquit une controverse principalement centrée sur les traités économiques avec les États-Unis concernant la livraison de minerais et surtout de l'uranium congolais indispensable pour la construction des bombes atomiques américaines. Pourtant, la participation militaire de la Belgique libre, en Afrique et en Europe, ainsi que les livraisons économiques avaient constitué une somme financière qui, plus tard, lors du payement des dettes alliées, constitua la cause principale du retour rapide du pays à la prospérité. Grâce à la politique du gouvernement en exil, la Belgique était ainsi un cas exceptionnel parmi les pays vaincus en 1940. Le texte du testament politique du roi ne formulait pourtant aucune reconnaissance pour l'action des ministres pendant la guerre, alors qu'en quittant le pays ils exposaient leurs familles aux persécutions nazies, ce qui fut le cas de la famille Spaak. De plus, le testament politique traduisait une vision étroite du monde et se fixait surtout sur les problèmes belgo-belges, ne disant mot de la [[Résistance dans l'Europe occupée par les nazis|Résistance]], tout en parlant de la présence des alliés en Belgique libérée comme d'une « occupation ». [[Winston Churchill]], frappé du décalage entre la situation réelle de la Belgique et la vision du monde que révélait le testament politique du roi, remarqua : "Il n'a rien oublié et rien appris".
 
En 1946, une commission d'enquête officielle exonéra Léopold III de toute accusation de trahison, au vu de son renoncement à un armistice, acte politique qui lui eut ouvert les voies pour la constitution d'un gouvernement collaborationniste, à l'instar de ce qui se passa en France avec le gouvernement Laval installé par le maréchal Pétain avec l'accord de l'Allemagne. Néanmoins la controverse sur sa loyauté continua. Une [[consultation populaire]] eut lieu en [[1950]] qui autorisa à 57 % le roi à rentrer en Belgique. Cependant, le scrutin révélait un pays coupé en deux. En majorité, les Wallons et certains noyaux industriels ou urbains flamands avaient voté contre son retour, mais celui-ci fut nettement approuvé par les campagnes wallonnes et par une forte majorité des Flamands, ce qui fit taxer le souverain de « roi des Flamands » par certains de ses opposants <ref> "DICTIONNAIRE DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE EN BELGIQUE", op. cit., article "Question royale".</ref>.
 
[[Fichier:Gråce-Bierleu monumint afwaire rweyåle.jpg|thumb|300px|Monument des évènements de [[Grâce-Berleur]], architecte [[Joseph Moutschen]]]]
 
À peine le souverain rentré le 22 juillet 1950, des troubles éclatèrent, essentiellement dans les provinces wallonnes. La grève générale paralysa une bonne partie du pays. On compta plusieurs dizaines de sabotages à l'explosif en Wallonie et quatre morts, abattus par la gendarmerie au cours d'une manifestation: la [[fusillade de Grâce-Berleur]]--(commune de la périphérie liégeoise). Le 31 juillet, après une entrevue dramatique avec d'anciens déportés politiques, le Roi Léopold III accepta de confier la lieutenance générale du royaume à son fils aîné le prince [[Baudouin de Belgique|Baudouin]], afin de préserver l'unité du pays, puis il abdiqua en [[1951]], la situation n'ayant pas évolué.
 
Léopold III influença le règne de son fils jusqu'au mariage de ce dernier. En [[1959]], le gouvernement lui demanda de cesser de vivre sous le même toit que son fils et de quitter le palais de [[Laeken]]. L'ancien monarque se retira alors au [[château d'Argenteuil]], proche de Bruxelles, dans la Forêt de Soigne.
 
== Léopold III, un roi voyageur ==
 
Durant sa vie, et essentiellement après son abdication, le roi Léopold III se consacra beaucoup à des travaux de recherche scientifique et à des voyages d'exploration. De cette manière, il créa en 1972 le ''[[Fonds Roi Léopold III pour l'exploration et la conservation de la nature]]''. Et déclare à propos de celui-ci :
 
« L'idée de créer le Fonds m'est venue, entre autres, de nombreuses demandes d'appui que m'adressent des personnes désireuses soit de monter une expédition, soit de publier les résultats de leurs recherches, soit encore de faire connaître au monde le sort de certaines ethnies déshéritées. Un des buts du Fonds est d'encourager semblables initiatives, à condition qu'elles soient raisonnées, désintéressées et marquées d'un réel intérêt scientifique et humain (...)''"<ref>préface de Léopold III dans un livret ''Première expédition scientifique du Fonds Léopold III'', Bruxelles, 1974</ref> »
 
Ainsi il effectua, tout au long de sa vie, essentiellement avant et après son règne, de nombreux voyages.
 
== Bibliographie ==
* Sébastien Cokaiko, ''Les Fous du roi - Léopold III (1934-1940)'', Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2008 {{ISBN|9782874159329}}
* Michel Dumoulin, ''Spaak'', Éditions Racines, Bruxelles, 1999.
* Michel Dumoulin, Mark Van den Wijngaert et Vincent Dujardin (dir.), ''Léopold {{III}}'', Éditions Complexe, Bruxelles, 2001 {{ISBN|2-87027-878-0}}
* Amiral Keyes, ''Un Règne Brisé'', Éditions Duculot, Paris-Bruxelles, 1985, traduit de l'original en anglais ''Outrageous Fortune''.
* Colonel Remy, ''Le 18e jour'', Éditions France-Empire, Paris, 1976.
* Antoine Giscard d'Estaing, ''Léopold {{III}} - Un Roi dans la tourmente'', Éditions Racine, Bruxelles, 1996 {{ISBN|978-2-87386-079-0}}
* [[Marie-Esméralda de Belgique|Esméralda de Belgique]], ''Léopold {{III}}, mon père'', Éditions Racine, Bruxelles, 2001 {{ISBN|2-87386-270-X}}
* Jacques Belle, ''La défaite française, un désastre évitable'', Éditions Economica, Paris 2007.
* Karl-Heinz Frieser, ''Le mythe de la guerre éclair'', Éditions Belin, Paris 2003.
* Pierre Miquel, ''La seconde guerre mondiale'', Éditions Fayard, Paris 1986.
* Roger Keyes et Guy Scheyven, ''Échec au roi - Léopold {{III}} 1940-1951'', Duculot, Paris-Gembloux, 1986 {{ISBN|2801106046}}
* Léopold {{III}}, ''Pour l´Histoire - Sur quelques épisodes de mon règne'', Éditions Racine, Bruxelles, 2001 {{ISBN|978-2-87386-251-0}}
* Léopold {{III}}, ''Carnets de voyages, 1919-1983'', Éditions Racine, Bruxelles, 2004, {{ISBN|2-87386-296-3}}
* [[Serge Moureaux]], ''Léopold {{III}} - La tentation autoritaire'', Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2002 {{ISBN|2874151424}}
* [[André de Staercke]], ''Mémoires sur la Régence et la Question royale'', Éditions Racine, Bruxelles, 2003 {{ISBN|978-2-87386-316-6}}
* [[Jean Stengers]], ''Léopold {{III}} et le gouvernement - Les deux politiques belges de 1940'', Éditions Racine, Bruxelles, 2002 (rééd.) {{ISBN|978-2-87386-262-6}}
* Jean Vanwelkenhuyzen, ''1936 - Léopold {{III}}, Degrelle, van Zeeland et les autres…'', Éditions Racine, Bruxelles, 2004 {{ISBN|978-2-87386-319-7}}
 
== Notes et références ==
{{références|colonnes=2}}
 
== Liens internes ==
* [[Monarques de Belgique]]
* [[Belgique]]
* [[Histoire de la monarchie belge]]
* [[Politique de la Belgique]]
* [[Crypte royale (Belgique)|Crypte royale]]
 
 
Leopold III dilahirkan di [[Brussels]] sebagai Pangeran Leopold dari Belgia, Pangeran Sachsen-Coburg dan Gotha, dan naik ke takhta Belgia pada tanggal 23 Februari 1934 menyusul kematian sang ayah, Raja [[Albert I dari Belgia|Albert I]].
{{Début dynastie|nom= Léopold III}}
{{Insérer dynastie
|nom = [[Liste des rois des Belges|Roi des Belges]]
|icone = Greater Coat of Arms of Belgium.svg
|couleur1 = #FF8080
|couleur2 = #F0FF80
|couleur3 = #FF8080
|avant = [[Albert Ier de Belgique|Albert {{Ier}}]]
|après = [[Baudouin de Belgique|Baudouin {{Ier}}]]<br /><small>[[Charles de Belgique]]<br />([[Régence|Régent]])</small>
|période = 1934 – 1951<br />(en exil de 1944 à 1950)}}
-->
 
Ia diangkat menjadi Ksatria ke-1.154 Order of the Golden Fleece di Spanyol pada tahun 1923, Ksatria ke-355 Grand Cross of the Order of the Tower and Sword pada 1927, dan Ksatria ke-833 Order of the Garter tahun 1935.
{{bio-stub}}
 
{{Start}}
[[Kategori:Kelahiran 1901]]
{{S-hou|[[Wangsa Sachsen-Coburg dan Gotha]]|3 November|1901|25 September|1983|[[Wangsa Wettin]]}}
[[Kategori:Kematian 1983]]
{{S-reg|}}
[[Kategori:Belgia]]
{{S-bef|before=[[Albert I dari Belgia|Albert I]]}}
{{S-ttl|title=[[Raja Belgia]]|years=1934–1951}}
{{S-aft|after=[[Baudouin dari Belgia|Baudouin]]}}
|-
{{S-roy|be}}
|-
{{S-vac|last=[[Leopold, Adipati Brabant|Leopold]]}}
{{S-ttl|title=[[Adipati Brabant]]|years=1909–1934}}
{{S-aft|rows=1|after=[[Baudouin dari Belgia|Baudouin]]}}
{{End}}
 
[[Kategori:Raja Belgia]]
[[an:Leopoldo III de Belchica]]
[[ar:ليوبولد الثالث ملك بلجيكا]]
[[bg:Леополд III]]
[[br:Leopold III a Velgia]]
[[bs:Leopold III, kralj Belgijanaca]]
[[ca:Leopold III de Bèlgica]]
[[cs:Leopold III. Belgický]]
[[da:Leopold 3. af Belgien]]
[[de:Leopold III. (Belgien)]]
[[en:Leopold III of Belgium]]
[[eo:Leopoldo la 3-a (Belgio)]]
[[es:Leopoldo III de Bélgica]]
[[et:Léopold III]]
[[fi:Leopold III (Belgia)]]
[[fr:Léopold III de Belgique]]
[[gl:Leopoldo III de Bélxica]]
[[he:לאופולד השלישי, מלך הבלגים]]
[[hu:III. Lipót belga király]]
[[it:Leopoldo III dei Belgi]]
[[ja:レオポルド3世 (ベルギー王)]]
[[ko:레오폴 3세]]
[[la:Leopoldus III (rex Belgiae)]]
[[lt:Leopoldas III Belgas]]
[[mr:लिओपोल्ड तिसरा, बेल्जियम]]
[[nl:Leopold III van België]]
[[no:Leopold III av Belgia]]
[[pl:Leopold III Koburg]]
[[pt:Leopoldo III da Bélgica]]
[[ro:Leopold al III-lea al Belgiei]]
[[ru:Леопольд III (король Бельгии)]]
[[sr:Леополд III од Белгије]]
[[sv:Leopold III av Belgien]]
[[tr:III. Léopold (Belçika Kralı)]]
[[wa:Yopôl III d' Beldjike]]
[[yi:לעאפאלד דער דריטער פון בעלגיע]]
[[zh:利奥波德三世 (比利时)]]